L'empreinte de Mario Palma est évidente sur ce groupe privé de Mejri et de Roll, mais qui a eu le mérite d'avoir le long souffle et la complémentarité entre ses joueurs–guerriers. On était les meilleurs tout simplement. Sans rentrer dans les inutiles comparaisons entre éditions de l'Afrobasket, sans chercher qui a manqué ce rendez-vous continental (les joueurs de la NBA notamment dont la date de l'édition ne les a pas arrangés), on peut clamer haut et fort que l'équipe de Tunisie a bien mérité son sacre continental. Rien à dire sur la supériorité de notre sélection sur tous ses adversaires du premier tour et du second aussi. On peut dire que la valeur technique de l'Afrobasket 2017 a diminué par rapport à la dernière édition, on peut dire aussi que des sélections comme l'Angola ou le Nigeria ont perdu de leur valeur par rapport à la dernière édition, mais cela n'ôte en rien le mérite de nos joueurs. Sans Salah Mejri (une absence finalement qui a fait du bien au groupe et lui a épargné les divisons que l'on connaît) et Roll, Palma et ses joueurs ont géré match par match cherchant avant tout l'efficacité sur le spectacle. L'attitude de la sélection sur le parquet était la même du début à la fin : on rentre mal sur le match (on a pratiquement perdu tous les premiers quart temps), puis on limite les dégâts vers la mi-temps, avant de mettre le diesel en 3e et 4e quart temps. Cette stratégie a bien fonctionné, d'autant que le vivace public de Radès était un vrai allié dans les secondes moitiés des matches, quand les nerfs sont usés et les muscles aussi. La salle de Radès et son public étaient un temple de victoire, un bourreau pour tous nos adversaires qui n'avaient pas les moyens de bloquer la machine tunisienne. Et à chaque fois, la recette était valable : 9 joueurs dont 6 cadres blindés sont utilisés par Palma qui excelle dans la rotation de son effectif, et des fins de match qu'aucun adversaire n'a pu tenir. Techniquement, on avait bien rattrapé les difficultés dans le jeu intérieur par rapport aux pivots costauds du Nigeria ou de la RDC, et mentalement, il y avait beaucoup de «sagesse» et de «persévérance» conjuguées à un cœur généreux, pour réussir à imposer son basket et aller fuser vers le titre continental. C'est le deuxième titre pour la sélection et cette fois, on l'a gagné à Radès. Chose qui atténue nettement la déception qu'on a ressentie il y a deux ans après le fiasco de l'Afrobasket 2015. Kenioua et Chennoufi, hommes de la finale Dans cette sélection championne d'Afrique, le solutions individuelles n'ont pas manqué. Ce qu'on retient, c'est cette complémentarité entre joueurs. Le jour où un joueur comme Ben Romadhane, très efficace dans les rebonds en finale (9 rebonds réussis), n'a réussi qu'un seul point en finale, deux autres joueurs qui ont sorti un match moyen la veille contre le Maroc, Chennoufi et Kenioua, excellent et aident beaucoup leurs équipiers. Le mérite de Kenioua dans cette finale est de rentrer fort en deuxième quart temps et de réussir deux tirs à trois points qui ont arrêté l'élan dangereux du Nigeria (qui avait 9 points d'écart). Il a été un organisateur intelligent, sobre et qui a donné du tempo à sa sélection. Quant Chennoufi, il a été l'homme de cette finale et la révélation de cette édition. Palma a montré que c'est un grand entraîneur en faisant confiance à ce joueur et en l'aidant à améliorer son adresse et ses performances. Ses 4 paniers à trois points en deuxième mi-temps ont valu de l'or, tout comme ses débordements efficaces, ses paniers à mi-distance et son rôle dans la défense de zone. Plus de 19 points pour ce joueur, 12 pour l'intenable El Mabrouk (monsieur trois points), 11 pour Mohamed Hdidane, véritable leader de la sélection avec des qualités de polyvalence et de régularité, et 9 pour Abada qui a été égal à lui-même, l'équipe de Tunisie a joué un basket intelligent contrairement au Nigeria qui a opté pour l'instinct, les prouesses individuelles. Palma, un patron Le rôle du sélectionneur portugais, qui a gagné son 5e sacre, est indiscutable dans cette consécration. Il a eu des moyens importants pour préparer cette édition (Ali Benzarti a toujours misé sur l'équipe Messieurs et a tout fait pour gagner ce trophée), mais il y avait de la pression sur ses épaules. Cet entraîneur autoritaire et rigoureux sait mieux que quiconque comment on gère un Afrobasket. En 6 mois, Palma a réussi à changer le style de jeu de la sélection par rapport à Adel Tlatli qui a passé plus de 12 ans comme sélectionneur. Il y a eu plus de rotation de joueurs sur un même match, l'équipe joue plus collectif et la défense a été la clef de réussite. L'homme à homme a été prescrit, mais aussi cette défense de zone 2-3 avancée qui a arrêté la RDC, le Maroc et puis le Nigeria. A part Racyl et Béchir Hdidane, les autres joueurs ont été utilisés avec un temps de jeu qui varie. Bref, Palma est parti pour changer encore cette sélection et pour l'emmener vers le mondial. L'épisode Salah Mejri n'a pas brouillé les cartes du Portugais qui a trouvé les solutions pour compenser le «déficit du jeu intérieur». Avec le titre qu'il a gagné, Palma peut enfin commencer son travail en profondeur. Il ne sera plus comparé à Tlatli, il ne sera plus attendu au tournant, il a confirmé que son choix était bien argumenté. Le cinq majeur L'histoire retiendra que l'équipe de Tunisie a gagné le sacre, que le Nigérian Diogu (22 points de moyenne) a été élu meilleur joueur, et que le cinq majeur de l'Afrobasket 2017 est composé d'Irogbu, El Mabrouk, Hdidane, Diogu et de Nieng. Pour la troisième place, c'est le Sénégal victorieux du Maroc 73-62 qui a obtenu le bronze. Cette édition ne sera pas oubliée de sitôt. L'affluence a été nombreuse vers la fin du tournoi, et le public n'a pas manqué de répondre à l'appel. C'est aussi la même réussite de l'organisation pour une équipe qui devait réussir en quelques mois à tenir ses engagements. Le coup était nettement gagnant pour Ali Benzarti et toute la famille du basket. Un titre qui vaut énormément. Il est fini ce temps où le basket rêvait d'une place au podium. C'est un travail qui a commencé depuis très longtemps, et qui a déjà porté ses fruits, avant de caler et de retrouver les consécrations cette année. Espérons que le championnat, que les sélections Dames et des jeunes connaîtront la même chance et le même intérêt que les Messieurs. Pour le moment savourons ce titre bien mérité.