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Une boîte magique au milieu des mines et des steppes
Rencontres du film documentaire de Redeyef
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 12 - 2017

L'Economat, petite histoire d'une histoire plus grande, celle de Redeyef avec le monde.
A Redeyef, le froid était glacial, mais les cœurs étaient bien au chaud, et les esprits en plein éveil. La générosité des habitants de la ville a, une année encore, fait des Rencontres du film documentaire de Redeyef un moment d'accueil, de partage, d'ouverture et d'universalité, tout en étant ancré dans leur réalité. En collaboration avec l'association locale Nomad 08, la fondation Rosa Luxembourg-Afrique du Nord, l'une des rares organisations à s'intéresser à la culture dans la région, instaure la tradition de ces Rencontres depuis quatre années, malgré le challenge organisationnel que cela peut représenter.
Du 20 au 24 décembre, entre le bâtiment «Economat» et le local de l'association Nomad 08, un dialogue s'est établi. Il est la petite histoire d'une histoire plus grande, celle de Redeyef avec le monde, qui fut possible grâce à une programmation marquante par sa pertinence, avec des films, dont la plupart sont inédits en Tunisie, mais qui portent des échos de révoltes qui résonnent tellement avec la situation de notre pays et, en particulier, avec celle de Redeyef. Des films d'horizons divers, des cinéastes et des cinéphiles ont partagé, côte à côte avec le public de la ville qui a répondu présent, des images de peuples en quête de liberté, des réflexions visuelles et sonores sur la signification de la liberté hier et aujourd'hui, sur le délabrement des âmes et des paysages, et sur l'espoir, car il en faut toujours et que c'est en fin de compte, de ce qu'il s'agit.
Des échos de révoltes venus d'ailleurs
Durant les trois jours de projection, au lendemain de l'ouverture et jusqu'à la veille de la clôture, le ton était donné par le documentaire du Chilien Patricio Guzmán La bataille du Chili (1973) avec ses trois parties: L'Insurrection de la bourgeoisie, Le Coup d'Etat militaire et Le Pouvoir populaire. Trois films qui forment un témoignage historique livré par le grand esprit armé d'une caméra qu'est Guzmán, à l'époque âgé d'une trentaine d'année, qui les a conçus comme «la preuve cinématographique, jour après jour, de l'agonie d'une expérience révolutionnaire qui touche le monde entier parce qu'elle se présente comme une expérience pacifique du passage au socialisme». Ensuite, c'est la caméra de jeunes cinéastes du monde arabe qui prenait la relève, avec notamment Taste of cement du Syrien Zaid Kalthoum, un film à la fois cru et poétique où les travailleurs syriens au Liban portent la symbolique de la perpétuelle tragédie de la destruction/(re)construction dans ces deux pays aux rapports compliqués; Tounsa (Forgotten) du Tunisien Ridha Tlili, dont la caméra se dresse contre l'oubli en filmant pendant trois ans quatre jeunes de Sidi Bouzid qui résistent et revendiquent à travers un engagement politique et une passion pour le théâtre, et Atlal de l'Algérien Djamel Kerkar. Ce dernier pose sa caméra dans la commune de Ouled Allal, dont les habitants ont fui la menace terroriste pendant la décennie noire, avant de revenir s'y installer. Entre une vieille génération qui vit entre souvenirs et reconstruction de la terre et des bâtiments, une génération intermédiaire traumatisée et une jeune génération qui vit de lamentations et d'envies d'ailleurs, c'est un portrait de l'Algérie qui se dessine dans cette œuvre poétique qui servira peut-être aux générations futures pour s'en sortir.
Rêver et créer
Pour les jeunes de Redeyef, dont plusieurs ont porté cet événement en s'impliquant bénévolement ou spontanément dans l'organisation, la proposition de ces Rencontres du film documentaire est de leur permettre de s'exprimer sur leur réalité et de faire leurs propres films. Deux ateliers ont rendu cela possible, en «documentaire sonore» et en «film documentaire», dont les produits ont été projetés durant la clôture. Des films sur les problèmes sociaux et économiques de Redeyef, dont les habitants sont marginalisés et souffrent de manque d'eau et de problèmes de santé à cause de l'industrie forcée du phosphate, dont les revenus n'y sont pas réinvestis.
Des films hommage à Redeyef qui véhiculent en même temps fraîcheur et espoir grâce à des portraits d'habitants qui résistent par tout ce dont ils possèdent, même par le sourire. Ridha Tlili et Djamel Kerkar ont, à leur tour, rendu hommage à la ville à travers deux courts-métrages «Regard» filmés et projetés pendant les rencontres. Le premier suit un personnage de la ville dont le combat passe de la scène du théâtre au travail de la terre et leur transmission à ses enfants; et le second fait parler le paysage de Redeyef et ses contradictions, à coup de poésie de Sargon Boulus.
L'Economat, un lieu de résistance
Les activités des Rencontres du film documentaire de Redeyef ont eu lieu à «l'Economat». Ce bâtiment symbolique a vécu plusieurs vies. Après avoir fait partie du village colonial des mines de Redeyef et appartenu à la Compagnie des phosphates de Gafsa, il a repris vie après la révolution en devenant le lieu d'un «laboratoire d'échanges artistiques et intellectuels fondé à Redeyef par la plateforme Siwa et la Fonderie au Mans», ouvert aux jeunes de Redeyef qui n'ont cessé depuis d'y donner vie par des activités artistiques, accompagnés par des artistes tunisiens et étrangers. Le lieu a depuis accueilli différentes manifestations et les jeunes qui y créent leurs rêves sont plusieurs fois venus se produire à Tunis, à El Abdellia, à l'Institut français de Tunisie et même à l'avenue Habib-Bourguiba. A chaque fois, ils invitaient les gens à venir découvrir leur expérience sur le sol même où elle évolue. Les Rencontres du film documentaire de Redeyef ont été une occasion pour le faire. Entre les projections où l'Economat plonge dans le noir pour laisser place aux lumières de la boîte magique du cinéma, les jeunes vont spontanément à la rencontre des invités pour parler de ce projet qui leur tient à cœur malgré toutes les difficultés, comme Brahim, ouvrier qui fait du théâtre à l'Economat. Il fait partie des 15 jeunes qui ont persévéré, mais d'autres ont fini par abandonner ou par immigrer, fatigués de porter le poids du chômage et de la marginalisation. Oukacha a, lui aussi, tenu bon et il contribue à attirer plus de jeunes et d'enfants autour d'activités de théâtre, de musique, de peinture et même de football. Ses amis et lui œuvrent en ce moment pour intégrer des lycéens dans l'action et faire en sorte qu'ils représentent leurs travaux dans leurs lycées, raconte-t-il en montrant des photos d'une activité organisée en octobre dernier qui a rassemblé 1.200 enfants d'une dizaine d'écoles de Redeyef. «Du jamais vu», dit-il avec les yeux brillants. Des initiatives qui cultivent l'espoir loin des mines de l'Etat !


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