Le ministère du Tourisme a annoncé cette semaine que plus de 6,4 millions de touristes ont afflué sur notre pays en 2017 et que, et c'est le plus important, les recettes ont atteint presque les 2,7 milliards de dinars, soit une augmentation en valeur par rapport à 2016 (2,3 milliards de dinars). Et comme les chiffres en général ne sont significatifs que s'ils sont référencés dans l'espace et dans le temps, mais aussi par rapport à des facteurs explicatifs, ce chiffre peut être interprété de plusieurs façons. C'est sûr que c'est un rebond qui se confirme surtout par rapport à 2016, une saison très faible après les attentats de 2015 (Le Bardo et Sousse). Nous sommes encore loin des chiffres de 2013, et bien sûr de 2010, mais si on met en considération que le nombre de touristes a augmenté et que la destination tunisienne est de nouveau attractive (elle l'était toujours) grâce à l'effort sécuritaire, nous pouvons dire que le chiffre est assez encourageant. Mais en même temps, cela doit être amélioré car en volume et en valeur, nous avons fait mieux et nous pouvons encore faire mieux. C'est un rebond si on fait la comparaison avec 2016, qui est une saison faible. La reprise est bonne à prendre. Le chiffre peut être encore interprété d'une autre manière : les 2,7 milliards de dinars vont significatifs s'ils sont convertis en euro. Et quand on voit la disparité du dinar par rapport à l'euro, on voit qu'en termes d'euros, cette valeur en 2017 ne veut pas dire que les choses vont mieux. Au niveau de la balance des paiements, cette rentrée de devises a été biaisée par la dépréciation du dinar, et n'aide pas à résorber le déficit. Le tourisme, on le redit encore une fois, a un énorme potentiel, mais les choix stratégiques faits depuis les années 60 (en misant plus sur le tourisme balnéaire) l'ont privé de jouer un rôle salvateur. Le produit est pratiquement standardisé en Tunisie, alors que les plus grands pays ont déjà diversifié leurs produits touristiques. Paradoxalement, les quelques événements touristiques dans le Sud (tourisme saharien), le potentiel du tourisme culturel, le tourisme hivernal (Aïn Draham et Tabarka), le tourisme médical, le tourisme sportif, n'ont pas amené les décideurs à revoir leurs choix. Le marché russe représente une aubaine, avec un changement de comportement de ce marché convoité par tout le monde, et qui peut compenser le manque à gagner sur le marché anglais. Diversifier les produits, et par conséquent diversifier les marchés et la clientèle (cibler davantage les pays asiatiques), représente une urgence pour améliorer ces chiffres et équilibrer un tant soit peu les comptes de l'Etat. Le tout doit s'accompagner d'une amélioration de la qualité des services offerts dans nos hôtels (qui reste très moyenne avec des réclamations interminables).