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Simplicité, fluidité, authenticité
Mûsîquât : «Une nuit de Saba» de Ahmed Fathi
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 10 - 2010

La venue du luthiste yéménite Ahmed Fathi à «Mûsîquât» n'a sans doute pas fait l'évènement. Immérité : à part d'être un soliste apprécié et couru dans le circuit culturel international (il se produit dans les meilleures salles d'Europe et d'Amérique), Ahmed Fathi est un compositeur de renom qui a enrichi (entre autres) les répertoires de Wadie Essafi, Aboû Bakr Salem (son concitoyen et maître), Talel Madah (le si regretté et si grand Talel Madah!), Samira Ben Saïd, etc. Que des pointures, en fait, ce qui en dit assez sur la qualité du musicien, et le situe parmi les artistes arabes de premier plan. Ahmed Fathi est aussi poète parolier et chanteur, les habitués des satellitaires lui connaissent quelques albums régulièrement diffusés ainsi que des clips et des «singles». Mais il est surtout celui qui a mis en musique l'ode célèbre du Cheikh Al Maktoum, «Leïla», gros succès continental de Lotfi Bouchnâq. Bref si ce CV avait été suffisamment ébruité à Tunis, le concert «Une nuit de Saba», donné vendredi à «Ennajma Ezzahra» (devant un auditoire fourni certes), en eût sûrement inspiré d'autres. A nos directeurs de festivals d'y songer.
Contemplation, pas complication
La soirée maintenant : si vite passée, tellement on était saisi. C'est rare, très rare quand l'essentiel du programme est instrumental. La tradition musicale arabe est foncièrement «oratoire» et vocale et nous ne prêtons généralement attention qu'à la poésie et au chant. Bien sûr, depuis les années 60-70, Mounir Bachir l'Irakien, Kadri Dallel le Syrien, Ali Sriti et ses disciples en Tunisie (Anouar Braham en premier) de remarquables spécialistes du «oûd» égyptiens et turcs, avaient, plus ou moins, réussi à inverser la tendance et à intéresser une partie de nos publics à ces «musiques dites «muettes» qui n'ont de propos que l'expression «pure» du son. Il y avait des différences néanmoins. Nombre de ces solistes, bien que poussant loin leurs techniques (jusqu'à la virtuosité parfois), avaient du mal à proposer des œuvres réellement en rapport avec leur identité. Certains, de guerre lasse peut-être, s'étaient même rabattus sur les musiques mixées (synthèses Orient-Occident). Très peu sont réellement parvenus à développer une vraie maîtrise du luth tout en restant «au dedans d'eux-mêmes», dans une sensibilité musicale authentique.
On s'étale peut-être mais c'est pour mieux expliquer pourquoi la prestation de Ahmed Fathi, vendredi à «Mûsîquât», a si profondément retenu et séduit.
Simplicité, fluidité, authenticité : le choix du musicien yéménite s'est limité à cela. Seulement à cela. Point de jeu sophistiqué d'abord : Ahmed Fathi est formé à l'école égyptienne, celle de Kassabji et de Farid El Atrech, une école qui privilégie le toucher («doussa»), le développement sobre (peu d'accords) le plectre «feutré» («richa» légère) et, de toute évidence, la cadence (la quafla). Contemplation, pas complication : le luth vous entraîne dans sa «confidence»; il cherche à vous apaiser, non point à vous impressionner. Ces «qualités d'école» ont servi, par ailleurs, à rapprocher le public présent d'un répertoire a priori «hermétique», celui des arias lointaines du légendaire royaume de Saba : chants, rythmes et musiques de «Sanaâ», «Lehj», «Hadhramaout», «Aden», jusqu'aux rivages de la mer Rouge là où, miralce du «meeting-pot» millénaire, les accents pentatoniques subsahariens se mêlent au phrasé séculaire arabe, aux intonations et aux tempos chaloupés de l'Inde proche.
Le sens et l'adhésion
Qui se conçoit bien s'énonce clairement, disait Boileau. Dans le cas de Ahmed Fathi, lors de ce passage à Mûsîqûat», «l'humilité» voulue du jeu a créé le sens, et suscité l'adhésion. Une bien belle approche, à vrai dire, qui ne serait pas sans intérêt pour les artistes et solistes tunisiens qui se produisent souvent à l'étranger, mais qui s'occupent, davantage, à étaler leur savoir-faire qu'à communiquer leur appartenance.
En s'en tenant aux techniques simples du «oûd» (au «basic» du Luth), Ahmed Fathi n'a, probablement pas, subjugué les spécialistes, mais en un peu plus d'une heure, et avec le minimum de présentation, il a permis aux spectateurs de faire pratiquement le tour des traditions et des expressions musicales majeures du Yemen. Quelle magnifique publicité faite à son pays ! Et quel beau et bon moment offert à nous tous, qui en sommes sortis à la fois sous le charme et plus tout à fait les mêmes. Nature et culture : il n'est d'art, (de musique), autrement.


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