Ici et là, le secrétaire général de l'Ugtt prônait le donnant-donnant avec le gouvernement. Marché juteux à double sens. La paix sociale contre les lignes rouges préservant les privilèges et chasses gardées de la centrale syndicale. La politique est ainsi faite, la politique politicienne bien pis. Depuis quelques semaines, changement de cap. Noureddine Taboubi semble plus critique, plus incisif et mordant. La cause ? Cherchez la cause... Côté gouvernement, les dernières sorties de M. Noureddine Taboubi, secrétaire général de la centrale ouvrière, l'Ugtt, n'en finissent pas de déconcerter. Jusqu'à il y a peu, tout baignait dans l'huile, ou presque. Mais, depuis quelques semaines, Taboubi semble ruer dans les brancards. Au fil des meetings et des déclarations, il épingle le gouvernement, sa politique, ses ministres. Il a même «prôné», il y a quelques jours publiquement, un remaniement ministériel urgent. Du coup, l'un des principaux atouts du gouvernement Youssef Chahed vacille. Jusque-là, il bénéficiait du soutien quasi-inconditionnel de l'Ugtt. Bien plus, Noureddine Taboubi s'est érigé, par moments, en défenseur zélé du gouvernement au moment où ses propres séides lui tournaient le dos. Tel fut le cas de la nouvelle loi de finances. Le secrétaire général de l'Ugtt l'avait entérinée au moment même où tout le monde la pourfendait, y compris dans les rangs de la majorité gouvernementale. Ce n'était franchement pas la tasse de thé de larges franges populaires, les ouvriers en prime, et encore moins celle du patronat. Pourtant, Tabboubi l'a défendue, à sa manière. Ce qui importait le plus, à ses yeux, c'est que les entreprises publiques ne soient guère privatisées. Idem à la mi-décembre 2017, lors de l'annonce du retrait des ministres d'Afek du gouvernement dit d'union nationale. Bien avant celles des sociétaires du gouvernement, la voix de Tabboubi a été la plus incisive et railleuse à l'endroit d'Afek Tounès. Ce qui faisait sourire bien des observateurs et grincer les dents de bien d'autres. Ici et là, le secrétaire général de l'Ugtt prônait le donnant-donnant avec le gouvernement. Marché juteux à double sens. La paix sociale contre les lignes rouges préservant les privilèges et chasses gardées de la centrale syndicale. La politique est ainsi faite, la politique politicienne bien pis. Depuis quelques semaines, changement de cap. Noureddine Taboubi semble plus critique, plus incisif et mordant. La cause ? Cherchez la cause... Entre-temps, l'Ugtt campe un silence prudent sur certaines questions brûlantes, tel l'arrêt complet, depuis plus d'un mois, de la production des phosphates dans le bassin minier. Il en découle pourtant une baisse inédite depuis seize ans du stock des réserves en devises, ramené à seulement 82 jours d'importations. Le secteur de l'éducation renoue, quant-à-lui, avec le bras de fer syndicat-ministère. Le ton monte, mais la centrale syndicale rase les murs. Ce ne sont, là, que quelques exemples. Mais les clignotants sont au rouge, dans bien des secteurs. Ce qui commande un tour de table économique et social en vue du sauvetage. N'empêche, le corporatisme l'emporte. C'est la logique des chapelles, des fiefs féodaux et de l'esprit de clocher qui sévit. Certes, dans les discours, on peut tout s'autoriser. Mais l'épreuve des faits est sans failles. De l'autre côté, ce n'est pas la haute voltige. Le gouvernement s'enlise, les ministres en charge des portefeuilles économiques surtout. Il y a plus de promesses que de réalisations et prouesses. Et même les promesses ont atteint le seuil limite. Le tableau général dégage pourtant une impression de déjà vu et de suranné. L'immobilisme, doublé d'archaïsme, caractérise tant la politique que le syndicalisme. On ne semble guère sorti de l'auberge. Bref, il y a risque que la politique de grand-mère soit corollaire du syndicalisme de papa. Ce qui explique les tournures passionnelles que prennent les choses par moments sous nos cieux dans la gestion de la chose publique. Témoin, l'amour-répulsion du genre je t'aime moi non plus entre le gouvernement et l'Ugtt.