Les visiteurs évoluent dans un environnement immersif et découvrent au gré des tabounas les différentes vidéos. Ils sont invités à interagir en enregistrant un commentaire. L'Istituto Italiano di Cultura di Tunisi abrite dans ses locaux, jusqu'au 7 mars, l'exposition interactive «Beyond Borders. Transnational Italy./Oltre i confini. Italia Transnazionale». Il s'agit du deuxième volet de cette exposition itinérante qui a débuté à l'académie britannique à Rome (British school at Rome) en octobre 2016. Et c'est l'occasion de présenter une nouvelle installation interactive ainsi qu'une vidéo réalisées en Tunisie par les deux ateliers coordonnés par Barbara Spadaro, maître de conférences en histoire italienne à l'Université de Liverpool, en collaboration avec l'Université de La Manouba, Cospe Onlus et l'Association Dar Rayhana de Jendouba. Lecturer in Italian History à l'Université de Liverpool, Beyond Borders. Transnational Italy est le fruit du projet de recherche Transnationalizing Modern Languages. Mobility, Identity and Translation in Modern Italian Cultures (TML). Soutenu par Translating Cultures - Arts and Humanities Research Council (Ahrc), ce projet étudie la langue et la culture italienne à l'intérieur et à l'extérieur des frontières de l'Italie, à travers des pratiques de traductions quotidiennes. Douze chercheurs ont, ainsi, dans ce cadre, examiné une série de cas représentatifs de la carte géographique, historique et linguistique de la mobilité italienne en traversant les différentes langues parlées par les Italiens dans le monde (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Australie, Amérique du Sud, Ethiopie, Libye). En Tunisie, ce projet a commencé à prendre forme à partir de décembre 2017, à travers une série d'initiatives éducatives et culturelles coordonnées par Barbara Spadaro. En effet, en appliquant la méthodologie du projet TML à l'étude des langues et des cultures en mouvement, deux laboratoires ont exploré le contexte multilingue et multiculturel de la Tunisie à partir des expériences et des histoires personnelles ou communes de jeunes étudiants tunisiens (Master italien de l'Université de La Manouba). Ces étudiants ont pris part à un module didactique avec la participation des conservatrices Viviana Gravano et Giuli Grechi, le designer d'interaction Giulio Pernice et le vidéaste Simone Memé. L'association Dar Rayhana a de son côté animé un atelier de photographie avec Mario Badagliacca, photographe et artiste en résidence du projet TML. Les deux laboratoires ont été conçus comme des processus de «traduction» et de partage des mémoires des participants à travers le langage des installations interactives et la narration photographique de Mario Badagliacca. L'installation interactive, réalisée en collaboration avec l'équipe Routes Agency avec un matériel produit par les étudiants, se présente comme une série de «pièces», des bouts de mémoires et d'expériences vécues, reflétant un environnement domestique. Le public est ainsi convié à pénétrer dans une «maison» (comme c'est signifié dans le guide de l'expo) métaphorique, l'expression matérielle de la connexion entre notre environnement, la culture et la langue qui «habitent» nos vies et nos relations». Concrètement et in situ, cela donne un ensemble de tabounas (le four à pain le plus connu en Afrique du Nord) installées dans la première pièce de la galerie de l'Institut Italien. Transformée en objet technologique, la tabouna produit un nouveau processus de cuisson, de transformation. Chaque tabouna est le réceptacle des différents récits des étudiants qui s'expriment, à travers des vidéos, sur le contexte multilingue de la Tunisie dans sa richesse culturelle. Chacun d'eux a choisi un lieu, un objet, une chanson et autres à mettre au centre de son récit. La langue italienne étant à la fois le véhicule (des textes rédigés par les étudiants en italien et traduits par chacun d'eux, dans le livret de l'exposition, dans une langue de ce choix) et l'objet de ces récits. Les visiteurs évoluent dans un environnement immersif et découvrent au gré des tabounas les différentes vidéos (la cuisson des mémoires) ponctuées par l'image et le son du crépitement du feu. Ils sont invités à interagir en enregistrant un commentaire. Ainsi, en accédant au matériel sensoriel et interactif des matériaux de recherche, le public pourra ainsi facilement s'identifier avec les expériences racontées. La même salle abrite les photographies réalisées par Mario Badagliacca dans le cadre du projet TLM et qui présente une série de portraits et une collection photographique d'objets personnels en relation avec les origines italiennes et l'émigration d'Italiens vivant à l'étranger qu'il est allé voir dans leurs pays de résidence. l'on peut aussi découvrir dans cette même pièce la vidéo «Zoom on Dar Rayhana», fruit d'un atelier mulimédia storytelling qu'il a réalisé avec la radio associative Radio Rayhan (l'Association Dar Rayhana) à Jendouba. Le but étant de raconter visuellement l'expérience de la radio et le contexte dans lequel elle opère. Rappelons que Dar Rayhana est le premier espace fondé par des femmes de la ville de Jendouba pour développer leurs activités culturelles professionnelles et sportives. La deuxième salle de la galerie abrite une série d'installations vidéo et sonores développées dans le cadre du projet TLM sur la mobilité italienne. Très intéressante exposition à voir absolument!