PEKIN (Reuters) — La Chine doit entreprendre des réformes politiques "vigoureuses mais régulières" et franchir un cap "majeur" dans son développement économique pour éviter de chanceler, a estimé hier le comité central du Parti communiste. Les grandes lignes d'une nouvelle phase de la croissance chinoise, alimentée par les dépenses de consommation de centaines de millions d'ouvriers et d'agriculteurs ont été exposées au terme de quatre jours de réunion à Pékin centrée sur le prochain plan quinquennal qui débutera en 2011. Durant cette période, l'économie chinoise pourrait croître de 50% environ pour atteindre 7.500 milliards de dollars, ce qui lui ferait dépasser le Japon et la rapprocherait des Etats-Unis, qui demeurent de loin la première économie mondiale. Des responsables craignent toutefois que les déséquilibres intérieurs ne freinent cette ascension en comprimant la demande et en provoquant des troubles sociaux. Pour le Premier ministre Wen Jiabao, la croissance risque d'être étouffée si le gouvernement ne fait pas un effort d'ouverture et ne répond pas davantage de ses actes. "La Chine doit réussir des percées majeures en matière de restructuration économique et maintenir une croissance économique stable et relativement rapide", a décidé le comité central selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle. Le gouvernement fournira aussi des efforts "vigoureux mais réguliers" dans la perspective d'une "restructuration politique", rapporte l'agence. Aucun signe ne permet de penser que des réformes politiques menaceraient l'emprise du parti sur le pouvoir. Promotion de Xi Jinping Les quelque 200 membres votants du comité central ont élu le vice-président Xi Jinping au sein d'un organe de supervision de l'Armée de libération populaire, ce qui tend à confirmer qu'il succédera probablement au Président Hu Jintao vers la fin 2012. Quelle que soit leur place dans la hiérarchie finale, les étoiles montantes devraient s'en tenir à la formule actuelle consistant à recentrer l'économie sur la demande intérieure en se gardant de toute expérimentation politique audacieuse. Le Président Hu Jintao a insisté sur la nécessité de promouvoir une croissance globale qui permette de réduire le fossé entre une élite urbaine prospère et des centaines de millions d'ouvriers et de paysans. "Il faut augmenter la part du revenu individuel dans la répartition du revenu national", dit un communiqué diffusé après la réunion. Zhang Ping, chef de la Commission nationale pour le développement et la réforme qui oriente la politique économique, a dit que la consolidation de la croissance économique dépendait de meilleures prestations sociales et d'une baisse des coûts du logement, ceci pour ne pas entraver la consommation domestique. "L'élargissement de la demande intérieure est la stratégie de référence à long terme du développement économique et social de notre pays", a déclaré Zhang au journal Study Times, publié par l'Ecole du comité central. "La prochaine étape de l'action économique doit consister à cerner le rôle de la demande intérieure, surtout de la demande des consommateurs, dans la croissance économique", a-t-il dit. Hu et Wen sont arrivés au pouvoir en promettant de créer une économie plus équilibrée et une société plus équitable. Ils ont enregistré des résultats mitigés. La croissance reste fortement tributaire des dépenses d'infrastructures. La consommation des ménages, elle, reste concentrée et les revenus du monde rural sont toujours éclipsés par ceux des villes. Le revenu moyen des 10% d'habitants les plus riches représente 65 fois celui des 10% les plus pauvres, selon une étude d'économistes chinois commandée par le Crédit Suisse. Une estimation officielle évoque un écart de un à 23, ce qui reste difficile à gérer pour un régime voué à l'égalité socialiste. Le mécontentement populaire se cristallise sur le marché immobilier, où les hausses de prix ont tenu en échec les efforts du gouvernement pour limiter la tendance. Les autorités prévoient de construire 5,8 millions de logements sociaux cette année, ce qui devrait représenter une dépense proche de 60,2 milliards de dollars selon des analystes.