Les jeunes médecins sont repartis pour la énième fois, hier 12 mars, en campagne pour revendiquer la signature des accords passés avec la tutelle (hors statut), alors que la situation se complique par un négociateur qui ne maîtrise pas les aspects juridiques et par l'effritement du soutien des doyens des facultés de Médecine. Tout ou rien ! Voilà le credo implicite de l'appel de l'Organisation tunisienne des jeunes médecins (Otjm) pour une grande marche nationale organisée hier 12 mars, avec départ de la Faculté de médecine de Tunis et arrivée au ministère de la Santé, entre 11h00 et 13h00, où tous se sont rassemblés en guise de contestation. Car l'Organisation avait auparavant lancé un appel aux étudiants et aux externes, internes et résidents en médecine pour qu'ils participent à cette manifestation nationale dont le but est de revendiquer la signature des accords précédents concernant les trois revendications restantes après que le statut des internes et des résidents ait été publié dans le Jort du 9 mars suite à l'engagement du chef du gouvernement «Cette manifestation est un événement majeur qui s'intègre dans le cadre d'un mouvement protestataire vital à la survie de ce bien commun précieux qu'est la santé publique. Aujourd'hui, nous allons renégocier et faire tout notre possible pour que cette réunion aboutisse à un véritable accord. Ce n'est pas maintenant qu'on va lâcher», nous a confié, hier, Jed Henchiri, président de l'Otjm. Appel à changer de négociateur Car, selon les jeunes médecins, il y a un blocage des négociations avec le ministère de la Santé concernant les autres points (hors statut) sur l'implication des étudiants dans les réformes, le service civil et l'égalité salariale. Bien que le ministre ait manifesté son approbation pour le respect de l'égalité entre les citoyens dans les critères d'exemption pour le service civil et pour la révision du contrat des médecins étrangers dans le cadre de l'égalité salariale (à partir de 2019) et que tout ceci a été fixé par PV, lors de la signature ils se sont trouvés face à d'autres négociateurs, notamment le chef de cabinet du ministre. Lorsqu'ils ont entamé la négociation de l'exemption, celui-ci leur a dit que le ministère ne pouvait pas s'engager du moment que la chose relève de la compétence du ministère de la Défense alors que le service juridique a assuré que cela relève du ministère de la Santé qui émettrait une liste dans ce sens. Selon les jeunes médecins, la confusion s'est poursuivie jusqu'au point où le chef de cabinet refusa de signer le PV de la séance de négociation ! «Nous revendiquons la présence d'un bon négociateur qui maîtrise les aspects juridiques des revendications», estiment-ils. Les doyens expriment leurs inquiétudes Ce n'est pas le seul problème auquel doit faire face l'Otjm puisque la coalition semble s'effriter entre eux et les quatre doyens des facultés de médecine de Sfax, Sousse, Monastir et Tunis qui les soutenaient jusqu'à présent. Ceux-ci ont d'ailleurs publié un communiqué où ils affichaient leur inquiétude sur la situation devenue très grave alors que les étudiants doivent penser à leurs cours, stages, examens, concours : ‘'Dès la première réunion le 5 mars et en moins de deux heures de négociations, les doyens ont accepté toutes les demandes formulées par les étudiants concernant la réforme, dont particulièrement la séparation des diplômes. Le diplôme de docteur en médecine sera délivré après la soutenance publique de la thèse, et ce, afin de faciliter et d'activer le travail de la commission purement académique à laquelle sera confiée cette mission. Les représentants de l‘Otjm ont exigé un engagement de la part du président du gouvernement pour faire paraître le texte avant le début de l'année universitaire 2018/2019 et cette mission a été confiée au ministère de la Santé. Alors que tout évoluait favorablement, les représentants de l'Otjm ont soulevé de nouveau une révision des accords préalables concernant le service civil, demandant à ce que la vérification des critères d'exemption et les procédures inhérentes soient traitées par le ministère de la Santé et non par le ministère de la Défense. Concernant ce point, le ministère de la Santé s'est engagé à assurer une médiation et un plaidoyer auprès du ministère de la Défense. «Les discussions étaient donc bloquées, alors que les demandes académiques ont été satisfaites. Ce blocage devient vraiment incompréhensible. La situation est devenue très grave, les étudiants ont des échéances importantes (cours, stages, examens, concours) qu'il devient difficile de rattraper. C'est là une responsabilité qui nous incombe à tous». Vu sous cet angle, il est à craindre que les doyens pourraient être suivis par les membres de la commission ad hoc composée de représentants de l'Ordre des médecins, de l'Association tunisienne des jeunes médecins, des représentants des conseils scientifiques et du ministère de la Santé ainsi que des représentants de la commission de la Santé à l'ARP. Les jeunes médecins seraient alors seuls face à la tutelle et pourraient se trouver en position de grande faiblesse.