Au lendemain de la publication des termes de l'accord conclu entre le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs) et la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Fgesrs), des voix discordantes se sont élevées pour en minimiser l'importance. Dans le désordre nous citerons la réaction de l'autre syndicat de l'enseignement supérieur «Ijaba» qui a dressé un tableau des plus sombres, selon lui, des conditions de travail des enseignants du supérieur. Pourtant, les enseignants des premières années de l'Indépendance n'avaient pas exercé dans des conditions idéales. Ils sont considérés comme de véritables pionniers. Il n'est pas besoin de les nommer puisque les vrais universitaires les connaissent bien et leur sont reconnaissants. Les étudiants, eux-mêmes, avaient galéré pour décrocher leurs diplômes. Des diplômes de valeur, cela va sans dire. C'est qu'à cette époque il n'y avait pas cette surenchère et cet appât irrépressible du gain facile. Quel rendement ? Plus de 25.000 enseignants du supérieur jouissent, aujourd'hui, de conditions de travail de loin meilleures que celles de leurs confrères des années 70 ou 80. Qu'ils en revendiquent d'autres plus adaptées est tout à fait légitime. En revanche, le simple citoyen leur demanderait de prendre en considération la situation actuelle du pays. Il serait tout aussi bon de s'interroger sur l'apport supplémentaire du corps enseignant. Qu'est-ce que ce corps est en mesure d'ajouter, en contrepartie des nombreux avantages qu'il exige ? Y a-t-il eu, au cours de ces dernières années, une valeur ajoutée ? Si oui, comment l'évaluer ? En somme, il n'y a aucun mal à ce que les enseignants demandent l'amélioration de leur situation matérielle. Encore faut-il que cela s'accompagne d'une amélioration du rendement. C'est, justement, sur ce point qu'a voulu broder M. Houcine Boujarra, secrétaire général de la Fgesrs. En effet, dans un entretien avec un média de la place et publié sur le site de cette fédération, il a minimisé la portée du dernier accord conclu avec le Mesrs. Selon lui, tous les points contenus dans cet accord sont dépassés puisque ce sont des revendications anciennes qui doivent être réactualisées. Ils ne répondent plus à la réalité. C'est pourquoi, juge-t-il, il est nécessaire d'entamer, dès le mois prochain, de nouvelles négociations portant sur de nouvelles augmentations et la révision de la grille des salaires dans l'enseignement supérieur. Pour lui, les salaires des enseignants du supérieur doivent être majorés d'au moins 150% ! Ceci sans parler du doublement de la prime de rendement. Le SG de la Fgesrs n'a pas précisé si, oui ou non, les enseignants doivent doubler leur rendement. Des primes Toujours est-il qu'il faut rappeler que, récemment, une nouvelle prime de la rentrée vient de s'ajouter aux portefeuilles des enseignants du supérieur. C'est ainsi que pour le corps des enseignants chercheurs, cette prime est de 1.706 dinars en faveur des professeurs de l'enseignement supérieur, de 1.530 dinars pour le maître de conférences, de 1.295 dinars pour les maîtres assistants et 1.118 dinars pour les assistants. Concernant le corps des enseignants technologues, les maîtres technologues bénéficieront de 1.295 dinars, les technologues conférenciers 1.177 dinars et les technologues 1.059 dinars. Quant aux corps des agrégés, la prime sera de 942 dinars tous grades confondus. Cette prime représente la moitié d'un salaire et sera versée une seule fois. Remarquons, pour finir, que certains enseignants ont exprimé leur indignation de voir leur image présentée sous cet aspect purement matériel et revendicatif. D'autres sont allés, encore, plus loin, en considérant ces augmentations comme dérisoires ! L'opinion publique, elle, assiste, impuissante, à ces cascades de demandes d'augmentations salariales qui fusent de partout alors que des centaines de milliers de Tunisiens cherchent, désespérément, un gagne-pain. A notre connaissance, les enseignants universitaires étaient de tout temps une classe d'avant-garde et une élite confirmée. Or, les écarts constatés ici et là ternissent cette image incrustée depuis longtemps dans nos esprits. Que se passe-t-il dans la tête de ces gens qui prônent de telles exigences ?