Un programme national ciblant les familles à revenu limité et consommant moins de 100 kilowattheures par mois Parmi les projets qui seront prochainement lancés, six concernent l'énergie solaire de 10 mégawatts, et ce, à Sidi Bouzid, Kairouan, Kasserine et Tataouine. Par ailleurs, quatre projets d'énergie solaire d'un mégawatt sont prévus à Tataouine, Gafsa, Kairouan et Béja Le gouvernement réalisera un audit énergétique de 350 municipalités (les constructions, le réseau d'électrification publique et le parc des véhicules) qui sera couronné par l'élaboration d'un plan d'action pour l'exécution des projets M. Youssef Chahed, chef du gouvernement, a présidé, hier matin, à Gammarth la conférence sur « l'accélération de la mise en œuvre des programmes d'efficacité énergétique ». Il a annoncé, à cette occasion, plusieurs décisions dans le cadre des initiatives gouvernementales visant le développement et l'emploi. Parmi ces mesures, on peut citer la création de dix projets pour un volume d'investissement de 200 millions de dinars destiné au secteur privé conformément au système d'autorisations pour la production d'électricité à partir des énergies renouvelables. Parmi ces projets, six concernent l'énergie solaire de 10 mégawatts, et ce, à Sidi Bouzid, Kairouan, Kasserine et Tataouine. Par ailleurs, quatre projets d'énergie solaire d'un mégawatt sont prévus à Tataouine, Gafsa, Kairouan et Béja. L'orateur a indiqué, en outre, que l'appel d'offres relatif à la production d'électricité à partir des énergies renouvelables sera lancé le 27 avril 2018 dans le cadre du régime des concessions avec une capacité totale de 800 mégawatts et un investissement de 2.000 millions de dinars. La capacité que l'on compte mettre en place se répartit entre 300 mégawatts d'énergie éolienne dans les gouvernorats de Nabeul (200 mégawatts) et Kébili (100 mégawatts). Programme pour familles à revenu limité A cela, il faut ajouter 200 mégawatts dans le cadre du programme annoncé dans la ville de Tataouine pour le développement du Sahara avec des investissements de 500 millions de dinars. M. Chahed a indiqué lors de l'ouverture de la conférence que le gouvernement entamera un programme national ciblant les familles à revenu limité et consommant moins de 100 kilowattheures par mois. Ce programme démarrera à Tozeur et concernera cette catégorie de familles qui seront dotées d'unités de production. Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité de simplifier les procédures administratives en adoptant un cahier des charges pour les projets d'une valeur de moins d'un mégawatt. Pour le système des autorisations pour la production d'électricité à partir des énergies renouvelables, il s'agit d'amender la loi y afférente avant la fin de l'année en cours. D'ailleurs, un bureau d'assistance sera créé au sein de l'Agence de maîtrise de l'énergie (Anme), également avant la fin de cette année. Le gouvernement réalisera un audit énergétique de 350 municipalités (les constructions, le réseau d'électrification publique et le parc des véhicules) qui sera couronnée par l'élaboration d'un plan d'action pour l'exécution des projets et la mise en place d'un programme cohérent d'investissement municipal dans le domaine de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables, et ce, à la fin du mois de juin 2019. Transition énergétique Ce programme fait partie d'une stratégie préparée avec les différentes structures institutionnelles dénommée « les municipalités pour la transition énergétique ». Le but est d'aider les municipalités à réaliser des stratégies locales pour la transition énergétique et garantir une exploitation optimale des possibilités existantes à même de maîtriser l'énergie et d'atteindre les objectifs fixés en la matière. Lors des travaux de la conférence, plusieurs thèmes relatifs à la maîtrise de l'énergie et à l'efficacité énergétique ont été abordés par les conférenciers. On a appris, ainsi, que 1.480 contrats-programmes ont été conclus en 2017 dont une bonne partie concerne le secteur industriel. Samir Chérif, de la Steg, a rappelé, de son côté, que cette société a intégré depuis des années le concept de la maîtrise de l'énergie qui constitue l'une des premières préoccupations. Il a relevé, en outre, une forte croissance de la demande en électricité ainsi que la grande dépendance du gaz naturel pour la production. Aussi, les ressources en gaz naturel son en déclin, alors que l'électricité et le gaz sont fortement subventionnés par l'Etat. L'échange de l'électricité avec les pays voisins est limité. L'orateur a évoqué aussi la perte de l'électricité lors de son transport, indiquant que les quantités perdues seront réduites d'ici à 2020 pour passer de 14,5% en 2017 à 10% en 2020. Une panoplie d'actions sera réalisée comme les compteurs intelligents pour contrôler à distance les fraudes et les pertes. Dans une première phase, 400.000 compteurs intelligents seront installés à Sfax avant de les généraliser aux autres régions. Un appui pour la cogénération Au programme, également, un projet de stockage de l'énergie dans le cadre d'un nouveau projet. Le site choisi est Oued El Meleh au nord-ouest de Tunis. L'objectif est de bien gérer la demande pour une utilisation efficace de l'énergie. Un appui a été fourni pour la cogénération au niveau industriel, ce qui a permis de réaliser une capacité de 80 mégawatts en 2017 et une autoproduction de l'énergie par les industriels. M. Chérif a parlé aussi de l'appui fourni aux propriétaires des bâtiments dans le cadre de l'efficacité énergétique qui intègre des panneaux photovoltaïques sur les toits et l'isolation des chambres. En conclusion, l'orateur a souligné que l'objectif de toutes ces actions est d'avoir un système électrique efficace pour une bonne transition vers un système électrique durable. D'où la nécessité d'avoir un appui international et d'innover en matière de dispositif financier. Il est nécessaire également d'intégrer l'action sociale dans l'efficacité énergétique. Le représentant du Pnud a indiqué que la Tunisie est le premier pays dans la région à opter pour la maîtrise de l'énergie et les énergies renouvelables. Malgré ses problèmes économiques, la Tunisie s'est quand même distinguée dans le domaine énergétique par rapport à d'autres pays africains et arabes. Cependant, le secteur se distingue par une forte subvention de l'Etat. Ces fonds alloués auraient été peut-être plus utiles dans d'autres secteurs comme l'éducation et la santé. Il est nécessaire, selon l'orateur, de définir des projets exploitant les opportunités existantes en matière d'énergie, de consacrer la décentralisation et l'approche sectorielle pour une énergie à moindre coût, raffermir la coordination entre les différents intervenants. Prenant la parole, Slim Feriani, ministre de l'Industrie et des PME, a rappelé que l'industrie est le deuxième grand consommateur de l'énergie finale dont le coût est élevé. D'où la nécessité d'assurer une utilisation optimale de cette ressource pour satisfaire ses besoins et protéger l'environnement. Le ministre a souligné que l'efficacité énergétique représente divers avantages pour l'entreprise. Celle-ci dispose de plusieurs structures d'appui comme le Centre technique des industries mécaniques (Cetime), les laboratoires d'étiquetage et d'efficacité énergétiques ainsi que la technopole de Borj Cédria. Il a évoqué, de même, le programme de mise à niveau qui sera mis à jour en vue d'intégrer de nouvelles entreprises, notamment par les PME.