La Tunisie est inscrite au Patrimoine mondial culturel et naturel de l'Unesco à travers 8 sites, et 13 autres sont déjà sur la liste préliminaire. Ils pourront être ralliés par la civilisation capsienne. C'est l'entreprise engagée par le Centre Abu Kacem Mohamed Kerou de recherches, de documentation et de développement en collaboration avec l'AS Médina de Gafsa. Un point de presse a été organisé dans les vestiges de Dar Longou et une rencontre riche en enseignements avec une présence de marque. Il s'agit de l'expert en patrimoine Mustapha Khannousi qui a servi d'éclaireur pour les présents en mettant l'accent sur l'importance du patrimoine dans les sociétés contemporaines et le rôle voué dans le processus du développement durable. En effet, avec des arguments solides, la ville de Gafsa pourrait postuler à décrocher le «sésame» au vu des nombreux témoignages de la Capsa antique dont elle regorge. Devant un auditoire séduit par les richesses historiques de la région —même si des fouilles du sous-sol et des investigations scientifiques n'ont jamais eu lieu, laissant ainsi un flou total planer sur son passé lointain—, l'orateur a emporté la présence dans un voyage lointain pour remonter le temps et les convier à se pencher sur l'histoire de Capsa. Dans le cercle restreint des cités antiques, on lui a attribué une fondation hors du commun. En effet, il est rare de croiser un mordu d'histoire qui ne peut vous certifier ce que rapporte Jules César, auteur de la «guerre de Jugurtha», que le fondateur de Capsa est un dieu libyque selon certains auteurs et phénicien selon d'autres. Ce qui importe c'est l'ancienneté incontestable de la fondation de la ville. Les historiens ne se sont jamais concertés sur les différentes péripéties de son histoire. D'une ville forte et grande du temps du roi numide Jugurtha à une cité tombée en capture et incendiée en l'an 107 avant J.-C. par les Romains, elle renaît de ses cendres pour devenir un passage incontournable de l'est à l'ouest. Une réputation qui trouve son écho jusqu'à nos jours et tous ceux qui rallieront le Maghreb venant de Libye doivent transiter par la Capsa antique. Faute d'un intérêt qui ne lui a jamais été apporté par les historiens, Gafsa peut se flatter de sa richesse qui en fera le leitmotiv de cette demande pour figurer sur les tablettes de l'Unesco, aidée en cela par une panoplie de témoignages, parmi lesquels on cite le plus ancien : la Khoudia Souda dans le quartier dense d'El Assala. Il y a aussi le temple des eaux, plus connu sous l'appellation de piscines romaines qui commencent à retrouver leur lustre d'antan après les ravages de l'industrialisation et les retombées de la pollution domestique. Heureusement que le petit musée archéologique jouxtant ces vestiges est une sorte de reconnaissance identifiant dans son enceinte les ères romaine, vandale et byzantine. Ce feed-back à travers les dédales de l'histoire de Gafsa renseigne sur le capital patrimonial d'une région qui aurait pu tirer un profit touristique. En espérant un jour que la région sera explorée et exploitée par les historiens de l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle pour décrypter une histoire digne des grandes cités antiques, l'AS Médina s'assure déjà du rôle de sentinelle qui défend avec passion les monuments à ciel ouvert, alors que pour les souterrains, le chemin est encore long... La clôture de cette rencontre avec l'expert mondial Mustapha Khannoussi a vu naître une commission chargée de concocter le dossier à présenter aux instances des Nations unies du patrimoine.