Les professionnels dans le secteur avicole sont contre l'importation des œufs prévue par le ministère du Commerce pour contribuer à réguler le marché, notamment pendant le mois de Ramadan. Selon M. Fethi Ben Khélifa, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale du secteur avicole relevant de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), le ministère du Commerce a décidé, sans concertation avec la profession, d'importer une quantité importante d'œufs pour «réguler l'offre sur le marché pendant le mois de Ramadan». Or, la production nationale est suffisante et peut satisfaire la demande exprimée. Une telle importation massive peut porter atteinte à la filière des œufs qui fait travailler, d'une façon directe et indirecte, des milliers de personnes. «Nous nous sommes réjouis dernièrement d'avoir amélioré légèrement notre marge bénéficiaire, mais voilà qu'un nouveau problème surgit à cause de cette importation qui n'est pas raisonnable». Notre interlocuteur indique que les ressources en devises sont limitées alors que nous continuons à importer des produits en surplus. «Nous demandons au ministère du Commerce d'annuler cette décision qui n'a pas sa raison d'être», déclare M. Ben Khélifa. Tous les intervenants dans le secteur — comme le Groupement interprofessionnel des produits avicoles (Gipa) et l'Onagri — ont affirmé, d'ailleurs, que la production nationale est suffisante et peut satisfaire la demande même pendant le mois de Ramadan et au-delà, soit durant les mois de juin et de juillet. Pour plus de coordination La programmation de la production a été faite quand l'actuel ministre du Commerce était secrétaire d'Etat. L'importation devrait concerner 1.500.000 œufs à couver. Or les éclosions ne peuvent être faites que durant les mois de juin et juillet, c'est-à-dire après le mois de Ramadan. La production nationale en surplus sera tout simplement stockée pour être consommée ultérieurement. C'est un manque à gagner important pour les professionnels opérant dans cette filière. Plus encore, des licences seraient données à deux sociétés en vue de l'importation de l'escalope de poulet. Les professionnels craignent qu'une autre licence soit donnée pour l'importation de l'escalope de dinde. Une telle décision, si elle se concrétise, mettrait la filière des viandes blanches dans une situation embarrassante et désespérante. Le ministère du Commerce doit prendre en considération le travail effectué par le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche dans le secteur avicole et qui a été couronné par une production satisfaisante qualitativement et quantitativement. Une commission présidée par le ministère de l'Agriculture regroupant les différents intervenants examine, en principe, le volume de la production compte tenu de la demande exprimée et définit les quantités à programmer pour la prochaine période. Une coordination entre les ministères de l'Agriculture et du Commerce serait d'une importance capitale. L'objectif est de fournir les quantités suffisantes en œufs et en viandes blanches en comptant essentiellement sur la production nationale, et ce, pour satisfaire les besoins des consommateurs sans léser les producteurs. A rappeler que la filière des volailles a toujours été confrontée à des problèmes épineux, vu les prix pratiqués et qui ne couvrent pas les frais de production. Les prix des matières premières importées, comme le maïs et le soja, ont un impact direct sur le coût de la production. L'inondation du marché par un surplus de production fait chuter les prix à un niveau bas qui inquiète les producteurs. Que dire alors si, en plus de cette production abondante, de nouvelles quantités d'œufs sont importées ?