Noureddine Taboubi impose sa griffe au sein de l'Ugtt. Désormais, les secteurs et les régions ne décideront rien sans l'aval du bureau exécutif «La centrale syndicale frappe fort», «l'Ugtt fait le ménage», «Noureddine Taboubi impose sa griffe personnelle et entame l'opération assainissement au sein de l'Ugtt comme il l'a promis pour dévoiler les infiltrés et les opportunistes», «l'Ugtt revient, enfin, aux syndicalistes». Tels sont les commentaires qui ont accompagné les décisions prises ces derniers jours par le bureau exécutif relatives au gel des activités des syndicalistes de la Sncft et leur transfert devant la commission du règlement intérieur qui aura à statuer sur leur cas et à prendre les sanctions qu'ils méritent, sanctions qui peuvent aller jusqu'à la suspension. Les observateurs qui suivent de près le développement de la situation syndicale et surtout l'approche suivie par le bureau exécutif en matière d'accompagnement ou d'encadrement des grèves ou des mouvements de protestation organisés par les secteurs ou les structures régionales et locales sont unanimes à souligner : «Enfin, Noureddine Taboubi a décidé de reprendre le pouvoir au sein de la centrale syndicale et de dire basta aux dérapages et à la politique de fuite en avant suivie par plusieurs secteurs, notamment celui de l'enseignement secondaire, portant atteinte à la crédibilité de l'Ugtt et montrant sa direction comme impuissante face à ses militants de base et obligée d'avaliser les décisions que ces secteurs prennent même s'ils menacent sérieusement les intérêts supérieurs du pays». Et quand Lassaâd Yacoubi et ses collaborateurs au sein de la Fédération générale de l'enseignement secondaire ont décidé de n'en faire qu'à leur tête, refusant de remettre les notes scolaires aux administrations des lycées secondaires, faisant régner durant de longues semaines le spectre d'une année blanche, Noureddine Taboubi s'est trouvé dans de beaux draps et a été obligé d'intervenir personnellement dans l'objectif de calmer «les syndicalistes du secondaire dont le secteur est considéré comme l'une des forces les plus importantes au sein de l'Ugtt, force qu'il est difficile d'avoir sous sa coupe», rappellent les mêmes observateurs. Ils ajoutent : «Au cœur du bras de fer ayant opposé, durant de longues semaines, les syndicalistes du secondaire au ministère de l'Education dans une première étape puis ces mêmes syndicalistes aux membres de la commission administrative nationale en refusant la décision de la même commission de rendre les notes, Noureddine Taboubi a donné l'impression qu'il bataillait tout seul (plusieurs des membres du bureau exécutif ne partageaient pas sa colère contre Yacoubi et ses lieutenants) pour préserver la crédibilité et l'image de l'Ugtt auprès de l'opinion publique en tant que force d'équilibre, de défense des droits des travailleurs, mais aussi de préservation des intérêts de la nation. Et sa décision de sanctionner les syndicalistes rebelles de la Sncft montre qu'il n'est plus question que la direction centrale de l'Ugtt cautionne les dérapages ou avalise les grèves anarchiques qui ne font qu'altérer la réputation de la centrale syndicale ouvrière auprès de l'opinion publique, qui n'accepte plus que l'Ugtt appelle à l'assainissement du gouvernement et exige le départ des ministres qu'elle juge incompétents et continue à soutenir les comportements irresponsables de certains syndicalistes qui pensent que liberté signifie anarchie, dérapage et indiscipline». L'Ugtt revient aux syndicalistes Faut-il comprendre que les décisions de gel des activités des syndicalistes de la Sncft et les menaces sérieuses adressées par Noureddine Taboubi à l'encontre des syndicalistes de l'enseignement secondaire constituent le signal que, désormais, le bureau exécutif tient sous sa coupe sa base syndicale et que rien ne sera entrepris, à l'avenir, au niveau des secteurs ou des régions, sans son aval et son soutien ? Personne ne peut, pour le moment, fournir la réponse idoine à cette question puisqu'on doit attendre pour voir comment l'Ugtt va se comporter avec le gouvernement à la lumière des résultats auxquels ont abouti les élections municipales du dimanche 6 mai et aussi à la faveur des décisions qui seront prises le lundi 14 mai prochain, à l'occasion de la réunion que tiendront les signataires du Document de Carthage II, sous la présidence du chef de l'Etat, en vue d'adopter officiellement la nouvelle feuille de route élaborée durant près de deux mois par la commission des experts qui ont arrêté la politique à suivre d'ici octobre 2019, soit durant les vingt prochains mois, sous la direction de Youssef Chahed ou sous la supervision d'un nouveau chef de gouvernement. Mais on n'en est pas encore là.