Dr Faouzi Addad, président de la Société tunisienne de cardiologie et de chirurgie cardio-vasculaire (Stcccv), vient de nous confier les recommandations de son groupe de travail sur l'hypertension artérielle, soulignant que l'impératif du jeûne n'est pas obligatoire chez l'hypertendu dès qu'il met en danger sa santé et que, même en cas de jeûne autorisé pour certains patients hypertendus, plusieurs précautions doivent être prises. «Chaque année, des millions de musulmans font le jeûne alimentaire et hydrique pendant le mois de Ramadan. Parmi ces musulmans qui pratiquent le jeûne, nombreux sont atteints de maladies chroniques qui nécessitent une prise médicamenteuse régulière. Parmi elles, l'hypertension artérielle (HTA) constitue un facteur de risque cardiovasculaire majeur. En Tunisie, sa prévalence était estimée à 30,6% en 2012 avec seuls 24,1% des patients qui atteignaient leur objectif de pression artérielle (PA) sous traitement», atteste Dr Faouzi Addad, président de la Société tunisienne de cardiologie et de chirurgie cardio-vasculaire (Stcccv). Attention à l'obstination Selon lui, l'impératif du jeûne n'est pas obligatoire pour l'hypertendu dès qu'il met en danger sa santé. Cependant, certains patients s'obstinent à jeûner. Et c'est le rôle des médecins d'informer leurs patients, dans le cas d'une hypertension non contrôlée, sur les différents risques survenant lors de la pratique du jeûne tels que l'accident vasculaire cérébral et les accidents coronariens (infarctus du myocarde et insuffisance cardiaque) et l'insuffisance rénale. En cas de jeûne autorisé pour certains patients hypertendus, certaines précautions doivent être prises afin de ne pas aggraver la situation tensionnelle du malade. Toutefois, le Ramadan peut constituer une bonne occasion pour améliorer l'hygiène de vie des patients et donc un meilleur équilibre des chiffres tensionnels par une alimentation beaucoup plus saine en évitant tout ce qui est gras et trop salé. Et voici les 8 Recommandations de la Stcccv sur la prise en charge de l'HTA lors du mois de Ramadan: -une prise en charge médicale individualisée pour chaque patient est recommandée -les patients hypertendus doivent consulter avant le mois de Ramadan afin d'être examinés et d'ajuster les prises médicamenteuses -une éducation thérapeutique doit être mise en place pour assurer l'observance thérapeutique et le respect des règles hygiéno-diététiques -les diurétiques doivent être évités surtout lors du jeûne en période estivale et dans les climats chauds -une monothérapie à libération prolongée est recommandée -le patient doit être conscient des différents effets secondaires que peut lui provoquer le jeûne et être en contact permanent avec son médecin traitant. Les symptômes seront essentiellement neurologiques et associent des convulsions, des maux de tête très violents, des vomissements. A l'état extrême, une perte de connaissance ou un coma peut survenir, de même qu'une hémorragie massive dans le cerveau qui est alors responsable d'un accident vasculaire cérébral hémorragique. Ces symptômes ne sont pas obligatoirement en relation causale avec l'hypertension artérielle. Ils peuvent être liés directement au jeûne. Le patient doit signaler ces signes à son médecin traitant qui lui seul doit trancher -Les patients dont l'HTA n'est pas contrôlée, ne peuvent réaliser le jeûne du mois de Ramadan avant l'équilibration de leur pression artérielle -Les patients qui présentent une urgence hypertensive doivent être traités d'urgence par des médicaments par voie intra-veineuse et rompre le jeûne.