Ils sont jeunes et moins jeunes, branchés, dynamiques, le sourire constamment aux lèvres et le répertoire musical riche. Ils, ce sont les animateurs d'hôtel dont la cote monte dès que la saison estivale s'installe. Vivement recherchés et recommandés par les hôteliers, ils jouent, il est vrai, un rôle important et, parfois même, capital dans le bon fonctionnement de l'établissement et le renforcement de son rayonnement auprès d'une clientèle qui ne peut s'en passer. C'est généralement à 10h00 du matin que leur boulot commence, avec le traditionnel réveil musculaire, une séance de relaxation quotidienne administrée aux résidents de l'hôtel, qui à la piscine, qui sur la plage, qui encore dans l'amphi. S'ensuivront les inscriptions pour les jeux de la mer, de la plage et de la piscine. Le pic de l'animation est atteint dans la soirée, à la discothèque où, outre le rythme tantôt endiablé, tantôt romantique, des plus grands succès de la musique qui allient airs anglo-saxons et arabes, des compétitions variées sont organisées sur scène, avec la participation des résidents de l'hôtel qui s'y adonnent à cœur joie. Le tout sous la houlette de «Monsieur animation» qui, toujours gai comme un pinson et le verbe facile (toutes langues confondues), fait tout pour plaire à l'assistance et gagner sa satisfaction. Mohamed Belarbi (34 ans), plus connu sous le sobriquet de «Gaby», est l'un de ces patrons qui a fait ses preuves en matière d'animation hôtelière. Ayant sanctionné son cursus universitaire par une licence dans cette spécialité, il affirme être un passionné fou de ce métier qu'il exerce depuis voilà huit ans et dont il est fier. «J'aime ce boulot, dit-il, que j'ai préféré à tant d'autres, en dépit d'offres les unes aussi alléchantes que les autres. Je l'aime parce que c'est mon terrain de prédilection où je me sens comme un poisson dans l'eau». Et c'est pourquoi il reconnaît être exigeant avec ses poulains qu'il soumet à des séances d'entraînement quotidiennes, ne badinant guère avec la discipline et la rigueur. «En quête constante de perfection, explique-t-il, j'accorde une extrême importance à ces séances qui constituent des répétitions incontournables, un passage obligé pour la réussite d'une œuvre artistique». Et ce n'est pas un hasard s'il impose les mêmes exigences lors du recrutement des candidats qui lui tiendront compagnie. «Mes candidats, précise-t-il, sont triés sur le volet, de telle sorte qu'ils doivent impérativement répondre aux conditions suivantes : bon niveau scolaire, look branché, facilité de communication, excellente condition physique, capacités d'adaptation et d'application et enfin sens de la discipline et du professionnalisme. Et là, Dieu merci, ce ne sont pas ces profils qui manquent. Que de lacunes ! Comme dans tous les métiers, celui d'animateur d'hôtel n'est pas non plus à l'abri du revers de la médaille. Pour notre interlocuteur qui a roulé sa bosse dans plusieurs unités touristiques du pays, «un animateur reste malheureusement à la merci de la chance. En ce sens que tout dépend du profil de l'hôtelier qui vous fera travailler. S'il est correct, vous ne serez pas déçu, s'il ne l'est pas, bonjour les ennuis». Des ennuis sous forme de lacunes qui vont, selon ses dires, du manque de solvabilité en matière de paie, à l'absence des outils de travail (tenues, gadgets, accessoires de spectacle...) en passant par les licenciements abusifs décidés pour un oui ou pour un non! De quoi faire perdre à Gaby son sourire et sa gaieté coutumiers. «C'est là un vrai marasme dont souffre notre secteur», déplore-t-il, avant de lancer un appel au ministère du Tourisme et de l'Artisanat afin d'intervenir d'urgence «pour assainir ce métier et le doter d'un cadre juridique transparent garantissant les droits et devoirs des animateurs, ceux-là mêmes qui vivent de cette profession, le problème ne se posant pas pour ceux qui la pratiquent seulement en été et qui sont généralement des lycéens et étudiants». Animation-émigration Dans ce métier qui prospère en été et s'appauvrit le reste des trimestres, deux animateurs sur trois n'en font pas une source de revenu stable et fixe. Bien au contraire, si les uns n'hésitent pas à se rabattre sur les marchés dorés des pays du Golfe qui continuent de recruter à tour de bras, d'autres ont fait de ce job temporaire un tremplin pour émigrer. Et là, on n'a besoin ni d'une licence universitaire, ni d'une expérience consommée en la matière, ni de concours de recrutement, ni encore de piston. Tout ce qu'il faut, c'est juste un... coup de foudre, au hasard d'une rencontre avec une touriste étrangère. Un sourire, des propos mielleux et le tour est joué. Dès lors, adieu la Tunisie, vivement l'Eldorado occidental que lui assure sa nouvelle découverte tombée sous son charme. «Deux de mes anciens poulains ont eu cette chance qu'ils ont pu saisir au vol», confirme Gaby, qui précise qu'«ils gagnent bien aujourd'hui leur vie, l'un en Suède et l'autre aux States».