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Un désastre écologique
Sécheresse et pollution des principaux oueds...

La sécheresse accompagnée de la surexploitation des nappes, de la pollution des différents écosystèmes et des conflits socioéconomiques divers a fait apparaître l'incapacité à protéger les ressources et les infrastructures de l'eau surtout que nous disposons de ressources financières limitées.
La sécheresse est là depuis trois années avec des conséquences écologiques graves. Sa gestion s'est focalisée sur la mobilisation de plus d'eau : créer de nouveaux forages (88 nouveaux forages sont prévus par la Sonede cette année pour sécuriser l'alimentation en eau potable de cet été pour 40 millions de dinars), le dessalement d'eau de mer et d'autres solutions à rentabilité et efficacité faibles pour régler les problèmes liés à la sécheresse. Il ne s'agit nullement de mobiliser plus d'eau mais de protéger les écosystèmes, les ressources et les infrastructures existantes et d'exploiter de façon durable et rationnelle les ressources existantes déjà mobilisées. Que faut-il faire pour bouger ?
Protéger les ressources
La protection des ressources en eau des rejets divers surtout ceux qui s'écoulent vers les réservoirs de fourniture de l'eau brute pour les besoins de l'eau potable. La situation est alarmante au niveau des rejets des stations d'épuration en surcharge hydraulique et bactériologique. Ces stations rejettent dans les oueds alimentant la retenue du barrage Sidi Salem et autres barrages. Tel est le cas par exemple de la station d'épuration de Fernana qui rejette des eaux sales dans l'oued Ghezala juste en aval de la station de pompage de Fernana qui alimente le périmètre irrigué de Fernana. Les rejets vont aboutir dans la retenue de Bouherthma qui alimente aussi la retenue du barrage Sidi Salem.
Aussi les oueds secs sont devenus des dépotoirs des déchets solides. La Municipalité de Fernana elle-même rejette les déchets solides dans l'oued Ghezala sec en amont de la station de pompage de Fernana. Les institutions de l'Etat elles-mêmes sont incapables de respecter la réglementation en vigueur... où est la police de l'environnement ? Où est l'Agence nationale de protection de l'environnement ?
Au niveau de l'Office national de l'assainissement, 59 stations d'épuration rejettent des eaux non conformes (plus de 120 Mm3) à cause du dépassement de leur capacité et l'âge avancé de ces stations. Les stations d'épuration reçoivent des eaux non conformes aux normes de rejet dans la canalisation publique en provenance des industries. Où est le contrôle ?
Réhabiliter les réseaux d'eau potable et d'irrigation
Selon le P.-d.g. de la Sonede, 40% des 53.000 km de conduites de la Sonede doivent être réhabilitées et remplacées. La Sonede devrait réhabiliter en moyenne 1.000 km par an, mais ses moyens matériels ne lui permettent de réhabiliter que 150 km/an. Ses moyens proviennent bien entendu des recettes de la vente d'eau potable qui sont insuffisantes pour couvrir les frais d'exploitation et de distribution des réseaux. En plus, la Sonede a plus de 340 millions de dinars de créance chez ses différents clients dont 80 millions de dinars chez les institutions de l'Etat comme les hôpitaux, les casernes, les mosquées, etc. Alors, par quoi commencer ? Augmenter le tarif de l'eau ou récupérer les 340 millions de dinars ? Si l'Etat lui-même met en difficulté ses propres institutions nationales, à qui doit-on s'adresser pour redresser la situation de la Sonede ?
Dessalement : une mesure extrêmement énergivore et écologiquement insoutenable
En 2017, le pompage de 160 millions de m3 depuis le barrage de Sidi El Barrak a nécessité un conseil ministériel restreint pour accorder au ministère de l'Agriculture 20 millions de dinars afin de couvrir les dépenses d'énergie de ce pompage car la Secadenord qui vend l'eau à 55 millimes le m3 ne peut pas s'autoriser le transfert d'eau depuis Sidi El Barrak dont le pompage à lui seul lui coûte 125 millimes le m3. Cette année on a budgétisé 25 millions de dinars pour le transfert d'eau depuis Sidi El Barrak pour un volume similaire.
Si la Secadenord ne peut pas pomper les eaux du barrage Sidi El Barrak, comment la Sonede va-t-elle s'en sortir quand les seules dépenses d'énergie de la station de dessalement d'eau de mer de Djerba sont de 12 millions de dinars (16 millions de m3/an) alors que les recettes de vente de l'eau à Djerba avec le tarif actuel ne représentent que 10 millions de dinars ? Comment la Sonede va-t-elle gérer la station de dessalement d'eau de mer de Sousse, de Zarrat et de Sfax dont les dépenses énergétiques vont faire augmenter les dépenses d'énergie de la Sonede de 70% d'ici 2022 ? Qui va payer cet écart ? Qui va payer le coût du m3 d'eau dessalée de 3 dinars ? Cela veut dire que le déficit de la Sonede va se creuser et elle finira par ne plus pouvoir entretenir son infrastructure, ce qui risque d'avoir pour conséquence le délabrement total et la dégradation du service de l'eau. Cette situation ne nécessite-t-elle pas un conseil ministériel restreint pour anticiper cette crise et venir en aide à la Sonede comme à la Secadenord ? Qu'attend le gouvernement pour sauver la Sonede et par conséquent le service de l'eau potable ?
Pire encore, le ministère de l'Agriculture est heureux d'informer que pour satisfaire en partie les besoins de l'irrigation, il fournit parfois de l'eau potable ! De toute façon les agriculteurs vont s'en servir comme ils l'ont fait l'année dernière à Bekalta où 300 serres ont été irriguées à partir de l'eau potable à raison de 1,2 dinar le m3 acheté non pas à la Sonede mais depuis les robinets des particuliers.
Qu'allons-nous faire de toute la saumure des eaux souterraines que l'on va être obligé de dessaler ? A quel coût allons-nous protéger nos sols et les écosystèmes ?
Insuffisance de la capacité de transfert
Actuellement, les eaux du Nord et de l'extrême Nord totalisent une capacité de 807 Mm3/an, alors que les trois conduites entre Sejnane et le canal Medjerda (Cap Bon) ne peuvent transporter que 770.000 m3/jour, soit 280 Mm3/an avec un fonctionnement 24/24. Cela veut dire qu'il y a de l'eau à l'extrême Nord qui ne sera jamais transférée. Pour vérifier cela, il suffit de regarder le volume transféré depuis Sejnane, tel que publié tous les jours sur le site web de l'Onagri.
Le maximum transféré est de 720.000 m3/jour.
Qu'est-ce qui est plus urgent ? Augmenter la capacité de transfert ou construire d'autres barrages ou recourir au dessalement d'eau de mer ? Comment peut-on justifier cette gestion des ressources publiques ? Comment peut-on justifier ces pertes des ressources déjà mobilisées ? A qui profite cette situation ?
Dégradation de la salinité des eaux
On doit retenir que seulement 50% des ressources en eau ont une salinité inférieure à 1,5 grammes par litre et que 86% des eaux de bonne qualité sont situées dans le Nord, ce qui justifie aussi le besoin de transfert.
La salinité des eaux due en grande partie à la surexploitation des nappes phréatiques et profondes, dont le taux d'exploitation est de 120% a atteint des taux alarmants à Nabeul, Kairouan, Sidi Bouzid, Kasserine et Kébili. Ceci indique que le recours au dessalement est pratiquement inévitable.
Ce qui conduira à des frais d'exploitation plus importants. Le dessalement d'eau saumâtre est d'environ 1,5 dinars/m3.
Qu'attend le gouvernement pour arrêter l'hémorragie relative aux forages illicites, dont le nombre a dépassé 11.000, soit autant que les forages autorisés et répertoriés ? Qu'attend l'Etat pour arrêter ces individus car ceux qui font des forages de 100 à 200 m de profondeur ce ne sont pas les petits agriculteurs.
Conflits sur le transfert des eaux
L'insatisfaction des besoins en eau potable surtout de certaines régions du Nord (Bizerte, Béja, Jendouba) risque d'attiser la tension sociale et la colère des citoyens. La détérioration de la station de pompage depuis le barrage Barbara ces derniers jours a été à l'origine de l'impossibilité de transférer les eaux depuis le barrage Barbara vers Bouhethma et, par conséquent, l'impossibilité de satisfaire les besoins d'irrigation du périmètre irrigué de Fernana.
Ces conflits et ces mouvements sociaux vont s'accroître dans le futur et seront ingérables.
La décentralisation pour laquelle on n'a pas encore mis en place les mécanismes clairs de gestion de l'infrastructure et des ressources en eau aura des conséquences graves sur les ressources déjà fragiles et rares.
Pour quand le nouveau code de l'eau ?
Qu'attend le gouvernement pour finaliser le code de l'eau ? Qu'attend l'Ugtt en bloquant le texte à cause du partenariat public privé (PPP) ? Cela fait plus de deux années que le texte traîne d'un ministère à un autre et d'un partenaire à un autre sans voir le jour. Qu'est-ce qu'on attend ? A quoi sert le conseil de l'eau s'il ne peut pas réunir toutes les parties prenantes pour un consensus ? Quelle catastrophe on attend pour régler la situation ?
Des besoins d'investissements très lourds pour les 10 prochaines années
Selon le rapport du Global infrastructure outlook publié en juin 2018, sur la période de 2016 à 2040, la Tunisie aura besoin pour le secteur de l'eau de 0,3 milliard de dollars par an, ce qui correspond à environ 0,42% de son PIB rien que pour l'eau potable et l'assainissement. Les besoins à l'horizon 2040 par comparaison avec les tendances actuelles montrent un investissement cumulé d'environ 4 milliards de dollars de 2016 à 2030 !!!!! et cela bien entendu sans tenir compte des investissements nécessaires pour l'agriculture irriguée... Le déficit entre les investissements selon la tendance actuelle et ceux nécessaires est en moyenne de 100 millions de dollars par an, c'est-à-dire 265 millions de dinars par an.
D'où viendra cet argent supplémentaire sachant que d'autres secteurs sont aussi prioritaires que l'eau ? L'endettement à tous les niveaux se creuse, les déficits se creusent et tout le monde bloque tout le monde : ceux qui bloquent le code de l'eau, ceux qui bloquent les routes, ceux qui bloquent les travaux, ceux qui bloquent les études, et ceux qui profitent de ce flou pour puiser illicitement dans les ressources actuelles et s'enrichir. Il ne s'agit nullement de transmettre des messages tranquillisants, car la situation est extrêmement grave et chacun doit assumer ses responsabilités.


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