Vingt ans après, l'équipe de France décroche un second mondial amplement mérité. Face à l'excès de confiance des Croates et leurs erreurs défensives, les Bleus ont fait preuve de métier, de solidité et les joueurs étaient plus sobres et plus réalistes Une finale sensationnelle et émotionnelle, sans doute, mais sur le plan football et pour un rendez-vous comme la finale, c'était un peu faible et pas très spectaculaire. Six buts dont un but contre son camp et un autre but gag de LLoris, sans oublier la fragilité défensive des Croates, c'est trop pour une finale de la coupe du monde. Une équipe de France imbattable ? Pas vraiment, mais une équipe de France plus réaliste qui avait plus de métier et des joueurs qui savent comment négocier une finale, et surtout une équipe de France qui avait même la chance à ses côtés. Et enfin un entraîneur, Didier Deschamps, connaisseur qui, contrairement à Zlatko, a mieux étudié son adversaire et préparé mentalement et tactiquement sa finale. Les Français ne l'ont pas volée, surtout en seconde mi-temps où ils ont usé les Croates avec leur bloc soudé et réussi à marquer et à tuer le match dans un moment fatal. Le film du match que toute la planète a suivi : Mandzukic, malencontreusement marque de la tête contre son camp sur une balle rentrante de Griezman (18'), puis Perisic, sur frappe sèche du pied gauche, égalise à la 28'. A la 38', le même Perisic, sur corner, touche la balle de la main et penalty décidé par la VAR que Griezman transforme, 2-1 pour la France à la mi-temps. En seconde mi-temps, Pogba, devant un Modric statique, trompe Subasic par un tir surprenant sur sa droite, et 6' plus tard, Mbappé, seul au point des dix-huit mètres frappe ras de terre et Subasitic ne peut que constater les dégâts. 4-1. A la 69', LLoris négocie mal une balle devant Mandzukic qui marque un but gag (4-2). Le score ne change pas après, et c'est un fait important. Pendant plus de 20', la Croatie, fatiguée et démoralisée, face à une équipe de France plus solide dans la tête, n'a pu rien faire. Modric, pas très brillant, avait les jambes lourdes, alors que Rakitic a confirmé son petit et décevant mondial. Il méritait de sortir à la mi-temps, tellement il n'a rien fait. On sentait que la Croatie ne pouvait plus revenir : la fatigue, oui, mais surtout la différence de puissance et de personnalité. Les Français, qui ont remplacé Canté et Matuidi, par N'zonzy et Tolisso (quel effectif !), ont fermé les issues devant les créateurs de la Croatie, et du coup Peresic, Strinic, Versaljko et les autres, qui ne pouvaient plus faire des courses et des pénétrations, étaient obligés de centrer pêle-mêle et d'attendre une erreur de la défense française. Ça n'a pas été la cas. Le jeu baissait, et les Français ont su tuer le temps et mettre la pression sur leur adversaire qui craquait. Les Croates ont joué avec séduction pendant les premières 15' et c'est là où ils ont cru qu'ils allaient dominer la France. Cette séduction, ce pressing haut étaient un risque pour des joueurs usés qui avaient joué trois prolongations de suite. Face à cette technique et cet excès de confiance, l'équipe de France a su profiter de deux balles arrêtées pour mener 2-1. Elle a bloqué une deuxième tentative de retour des Croates. Peresic (47') et Mandzukic (50') étaient proches d'égaliser mais les Bleus ont bien protégé LLoris. Il y avait beaucoup plus de métier et de savoir collectif et individuel du côté français. Les Croates étaient plus techniques, oui, ont possédé la balle en première mi-temps, mais dans une finale de coupe du monde, celui qui gère mieux, qui dose ses efforts et se fait plus réaliste (et moins séduisant probablement) et moins naïf finit par avoir gain de cause. Griezman, sans être un Ronaldo ou un Messi, a réussi à être très dangereux et déterminant sur les balles arrêtées, alors que Mbappé a confirmé tout son talent pour mettre le feu dans la défense croate. Pogba était comme d'habitude le joueur de l'ombre qui ressurgit au moment où vous l'oubliez. La paire Varane-Umtiti a été encore une fois solide, complémentaire, à l'image d'un bloc bleu que les Croates avec toute leur technique n'ont pas su déverrouiller. Le plus réaliste l'a emporté, le plus intelligent sûrement. La Croatie a mal géré cette finale à tous les plans. Déception pour ceux qui attendaient que cette équipe de spectacle et courageuse allait décrocher le sacre à Moscou. Une grande coupe du monde des équipiers de Modric, élu meilleur joueur du mondial, mais que des regrets. C'était jouable. Un modèle Vingt ans après, Deschamps, vainqueur du mondial comme joueur, l'emporte comme entraîneur. L'équipe de France n'était pas la plus séduisante, mais la plus réaliste, la mieux organisée et ses joueurs unis et intelligents dans les moments-clés. C'est la victoire de tout un modèle français commencé en 1994 et qui continue de produire de très bons joueurs et surtout une mentalité de haut niveau. Pour en arriver là, des années de travail dès les sélections des jeunes et une confiance en Deschamps qui a, enfin, trouvé la bonne formule. Deux ans après l'échec de l'Euro, les Bleus se rachètent et de quelle manière en Russie ! L'Allemagne, l'Espagne et le Brésil ont quitté tôt, et l'équipe de France est venue de loin doucement pour l'emporter. C'est fini pour cette coupe du monde en Russie et rendez-vous dans quatre ans au Qatar avec un nouvel ordre mondial émergent après cette coupe du monde.