Les analyses effectuées sur les échantillons d'eau de mer qui ont été prélevés ont révélé l'absence de traces de bactéries. Les Sfaxiens n'ont même pas eu le temps de savourer l'ouverture, en juin 2015, de la plage Casino à la natation que, déjà, des signes de pollution au soufre font leur apparition et gâchent la fête, même si aucune interdiction n'a encore été décidée par les autorités compétentes. Les informations claires et parfois contradictoires au sujet des risques encourus par les baigneurs fréquentant cette plage, ajoutées à la campagne qualifiée d'intox par le collectif Environnement et développement qui regroupe une quarantaine d'associations de la société civile, sont de nature à installer plus ou moins le doute auprès des citoyens. En fait, qu'en est-il au juste ? Le professeur Ali Ayadi précise ce qui suit : «Dans le cadre du contrôle systématique des plages en Tunisie, les analyses effectuées sur des échantillons provenant de la plage Casino ont conclu à l'absence de germes mais ont décelé la présence de concrétions de soufre, en l'occurrence des particules de différentes tailles. Ces contritions, atteignant parfois plusieurs centimètres, proviennent du port juste à côté du site. A la lumière des résultats desdites analyses, la fréquentation de la plage Casino est fortement déconseillée». Même si notre interlocuteur affirme que les services compétents auprès de la direction régionale de la santé à Sfax n'ont pas eu connaissance de cas présentant des symptômes d'atteinte, il a mis l'accent sur la nécessité de prendre toutes les précautions dans la mesure où même si elle n'est pas très nocive, cette forme de pollution est susceptible de provoquer des lésions cutanées et même pulmonaires et ORL. Par contre, d'autres sources, tiennent des propos alarmants au sujet de la pollution de la plage Casino. Dr Anouar Abdelkéfi pointe d'un doigt accusateur l'Ugtt et la Siape qu'il tient pour responsables d'une «campagne malintentionnée et sciemment orchestrée en vue de porter atteinte à la crédibilité et de contrecarrer sa décision d'interdire toutes les activités phosphatières en zone urbaine». Soutenant la thèse de Hacem Kammoun, coordinateur général du collectif Environnement et développement à Sfax, Dr Abdelkéfi stigmatise ce qu'il considère comme une campagne dirigée non pas contre le collectif d'organisations mais contre la volonté unanime des habitants de Sfax. Il déplore à ce propos le «parti pris» de Radio Sfax à laquelle il reproche d'ouvrir ses antennes aux détracteurs de la baignade à la plage Casino, sans inviter un représentant de la partie adverse. Une pollution qui ne présente aucun risque pour la santé Notre interlocuteur souligne à son tour l'absence de traces de bactéries, comme démontré par les analyses effectuées sur les échantillons prélevés dans les eaux de ladite plage : «Cela signifie qu'il n'y a ni pollution organique ni présence de métaux lourds non plus, à part des traces de soufre. Ce degré de pollution ne représente absolument aucun risque, à l'exception de celui infiniment minime, soit un cas pour 10.000 personnes allergiques et sensibles qui pourraient avoir quelques réactions cutanées. Dans ce cas, il est recommandé d'arrêter la baignade. D'ailleurs, mes compagnons activistes de la société civile et moi-même continuons à nous baigner à cette même plage. S'il y a une partie quelconque à incriminer, c'est bien la source responsable de cette pollution, à laquelle il faut s'attaquer, au lieu de cette offensive absurde menée contre ses symptômes». Sur le terrain, les travaux de recharge et d'aménagement de la plage Casino se poursuivent normalement, afin de la doter du minimum de confort, avec la contribution active des partenaires traditionnels, parmi lesquels, seule la protection civile fait défaut pour des raisons juridiques. Aucune autorité n'est habilitée, en effet, à décider l'interdiction de la baignade à la plage Casino, pas même la municipalité, le site étant un domaine public portuaire (DPP) et non pas un domaine public maritime (DPM). Ce qui remet sur le tapis l'extrême lenteur des procédures engagées en vue d'obtenir le changement de statut de la plage, un obstacle à la réalisation du projet de réhabilitation, aménagement et protection de la plage Casino de l'érosion marine, déploré par le ministre de l'Energie. Il reste à espérer que les efforts soutenus par le collectif Environnement et développement continueront de porter leurs fruits et que le même rush des baigneurs, enregistré depuis 2015, se poursuivra comme d'habitude, sachant que le collectif vient de marquer un point avec l'annonce, ces derniers jours, par le ministre des Affaires locales et de l'Environnement, du déblocage des crédits alloués à l'aménagement de la plage Casino.