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Politique : un certain samedi 28 juillet
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 08 - 2018


Par Azza Filali
Samedi 28 juillet, la scène politique tunisienne a connu des heures aussi intenses qu'édifiantes. En même temps, dirigeants, partis et société civile ont reçu un cours accéléré de realpolitik, ce qui a indigné certains, conforté d'autres et ébranlé tout le monde.
Première évidence qui est la chose au monde la mieux partagée : la politique est un exercice où seuls comptent les résultats (on a déjà entendu cette phrase quelque part...). Dès lors, pas de morale, pas de valeurs, aucun respect de la parole donnée, un opportunisme démesuré et une corruption à toutes les sauces. En cela, nous n'avons rien innové : partout ailleurs, la politique est un jeu où on se salit les mains.
Revenons à ce fameux samedi. Au matin, la boucle était bouclée. Les députés de Nida, convoqués la veille à Carthage et briefés par BCE, avaient décidé de ne pas accorder leur confiance au futur ministre de l'Intérieur et donc à la politique de Youssef Chahed. De l'autre côté de la ville, les troupes d'Ennahdha, fidèles au Cheikh, avaient déjà annoncé leur intention de soutenir Hichem Fourati. Or, le samedi, voici que les députés de Nida effectuent une volte-face de 180 degrés et décident d'accorder leur confiance à Y.C.
Ce revirement précipité serait sous-tendu par d'obscures tractations (coup de fil du locataire de Carthage, influence d'une députée aussi riche qu'ambitieuse...). Tout cela est en définitive de peu d'intérêt, juste bon à nourrir la diarrhée verbale des réseaux sociaux.
Par-delà les individus, la journée du 28 juillet a permis d'évaluer nos structures de gouvernance, en situation de crise. Premier constat : la répartition tripartite des pouvoirs a, d'une certaine manière, garanti le résultat obtenu. La limitation des pouvoirs du président de la République, l'empêchant de destituer le chef du gouvernement, au risque de faire vaciller son propre pouvoir, a freiné les ardeurs paternelles de BCE, le retenant de remercier son «Premier ministre», chose facile au temps de Bourguiba ou de Ben Ali.
Second constat : l'attitude sectaire du président a largement altéré sa cote de popularité, son image et son statut. Partout, ce n'était que déception ou colère à l'égard de BCE, plus soucieux de l'avenir politique de son rejeton que de la stabilité du pays. L'image du père de la nation, capable, en un tour de main, de mettre fin aux conflits, a été largement amochée. En fait, l'ampleur de la déception indique indirectement la place de choix qu'occupe le président dans la conscience des Tunisiens. Après cinquante ans d'un régime présidentiel, ayant souvent frôlé la dictature, il y a, au fond de chacun, l'image du père salvateur, se plaçant au-dessus de la mêlée. Indirectement, le comportement de BCE, chef de clan, soucieux avant tout, des intérêts de sa famille, a contribué à recadrer dans les têtes, la prétendue toute-puissance du chef de l'Etat. Sommes-nous pour autant guéris de cette aspiration au chef suprême ? Notre mentalité patriarcale et la démission politique effective des citoyens (tout comme celle, bien maquillée et strictement verbale, de la plupart des élites) affirment le contraire. Toutefois, il est bon que les événements aient rogné, auprès des Tunisiens, l'image d'un président tout-puissant. En ceci, la répartition tripartite des pouvoirs a été bénéfique, même si elle demeure, pour l'instant, déséquilibrée.
Le troisième constat réside dans la faiblesse des partis : Nida Tounès n'est pas un parti. L'absence d'un congrès qui aurait élu des structures légitimes fait que, pour l'instant, Nida s'apparente à une cour des miracles où des individualités, tenues par leurs alliances et leurs intérêts, soumises à leur bailleur de fonds, se heurtent, puis s'accordent, pour se heurter de nouveau. Un jour oui, demain non, après-demain presque oui... Aujourd'hui, Nida Tounès n'est pas un parti sur lequel on peut compter. Quant à Ennahdha, la rectitude de ses députés, leur respect des consignes de vote sont, pour une grande part, déterminés par l'autorité morale de Rached Ghanouchi. Que celui-ci quitte le navire et la guerre de clans, déjà présente en sourdine, éclatera entre les ténors, dispersant un front jusque-là uni. Quant aux prétendus partis d'opposition, entre Jabha absente parce que toujours contre quelqu'un ou quelque chose, et Afek qui boude le gouvernement, ces partis ne représentent quasiment rien en termes d'assise populaire, et leur politique des chaises vides constitue une erreur tactique grossière. Que ces messieurs-dames relisent donc Machiavel...
En vérité, la faiblesse des partis, jointe à l'union artificielle entre Nida et Ennahdha, tout cela constitue l'une des causes du faible pouvoir de l'ARP, privée de l'équilibre qu'auraient conféré un grand parti au pouvoir et un second de même envergure dans l'opposition. Mais cette faiblesse tient aussi à d'autres facteurs : notre assemblée est téléguidée par les intérêts de certains barons. Il suffit de voir le temps mis pour voter le projet de loi concernant la déclaration des avoirs, ou encore les atermoiements incessants pour faire passer la loi promulguant la Cour constitutionnelle.
L'ARP s'arrange pour laisser traîner les lois qui dérangent !
Troisième élément concourant à la faiblesse de l'ARP : le niveau de ses députés. Malgré tout le respect qu'on leur doit, force est de constater, en écoutant leurs interventions, qu'on est bien en deçà du minimum requis en termes de niveau intellectuel, politique et qu'on se situe à mille lieues du sens des responsabilités dont devraient se prévaloir nos députés. Certes, il est parmi eux des individualités de valeur, mais ces pépites sont noyées dans la «marée basse» qui clapote sous la coupole du Bardo. Dernier élément et non des moindres : la docilité et «la quasi-absence» du président de l'Assemblée dont le comportement s'apparente plus à celui d'un ministre de Bourguiba qu'à un dirigeant capable de contrer les autres pouvoirs.
Tout cela fait que l'ARP, faible et dispersée, est loin de jouer le rôle qui est le sien. Ceci déséquilibre le système de gouvernance qui est, alors, dominé par les deux têtes de l'exécutif. Il n'en demeure pas moins que des éclaircies se profilent : qu'un député ait publiquement demandé à Hafedh Caïd Essebsi de dévoiler sa situation fiscale et de justifier l'origine de ses revenus, voilà qui indique une maturation lente mais certaine au sein de l'ARP.
En réalité, les trois têtes du pouvoir sont, et de façon égale, traînées vers le bas par la corruption, état d'esprit et pratique datant de décennies. Contre cette gangrène, seules des sanctions inflexibles et soutenues dans le temps seraient agissantes. C'est qu'il ne suffit pas de voter des projets de loi, pour les oublier ensuite au fond d'un placard. Encore faut-il qu'une instance judiciaire forte et autonome puisse les appliquer, mais ceci est une autre histoire.
Dernière réflexion au sujet de ce fameux samedi : la politisation perverse de l'Ugtt. Toute centrale syndicale est, par nature, destinée à contrer le pouvoir. Mais que cela aille jusqu'à des ultimatums, émanant du secrétaire général ou de ses lieutenants, et appelant à destituer le gouvernement et son chef», là, l'Ugtt fait intrusion dans un domaine qui n'est pas le sien. Depuis quand une centrale syndicale ordonne-t-elle de destituer un chef de gouvernement ? C'est là le signe d'un ego de groupe surdimensionné, mais surtout d'un manque flagrant de clairvoyance politique. Toutefois, curieusement, l'Ugtt a observé, ce samedi 27 juillet, un silence prudent, attendant de voir comment tournerait le vent. Puis, les déclarations ont repris de plus belle, risibles car dépourvues de légitimité constitutionnelle, dangereuses dans la mesure où elles instillent à leurs syndiqués un sentiment de toute-puissance à l'égard d'un gouvernement qu'ils seraient en mesure de faire tomber. Encore une institution qui outrepasse ses prérogatives et fragilise l'action gouvernementale. Une politique mal comprise est une politique mal menée, et l'épisode du samedi 27 juillet nous a donné la mesure du (long) chemin qu'il nous reste à parcourir.
3 - Les événements du samedi 27 juillet ont-ils définitivement enterré chez les Tunisiens l'image du père de la nation ? Celui qui, en dernier recours, règle tous les conflits, celui qui veille lorsque les citoyens dorment et pour lequel la patrie passe avant toute considération de famille ou d'argent. Dans la droite ligne de Ben Ali, BCE aura contribué à enterrer cette image mise en place par Bourguiba durant les premières années de son pouvoir. La mainmise de la famille Caïd Essebsi sur un président vieillissant, les pressions de ses proches pour hisser HCE aux postes de commande du parti et pourquoi pas du pays. Le crédit accordé à BCE par les citoyens est désormais sérieusement entamé.
3 - La faiblesse des partis : Nida, ce parti girouette, mélange hétéroclite d'individualités opportunistes. Un parti sur lequel aucun politicien sensé ne pourra désormais compter, dans les grandes échéances électorales. Des députés qu'on achète par des menaces de dévoiler certains dossiers ou par des promesses de poste ministériel. Ennahdha fait bloc parce que RG est là. S'il se retire, les discordes jusque-là contenues éclateront au grand jour et il sera alors extrêmement difficile d'obtenir une troupe docile qui fait ce qu'on lui dit de faire.
4 - La faiblesse des partis explique l'absence de pouvoir du parlement.
5 - Les démarches illégales de l'Ugtt. A peine les accords salariaux signés avec le gouvernement voici que la centrale syndicale se remet à piétiner sur des platebandes interdites. De quel droit, en vertu de quelle prérogative M. Taboubi, par la voix d'un de ses lieutenants, décrète-t-il que ce gouvernement doit être démis, son chef en premier lieu ? Rien dans la Constitution n'autorise la centrale syndicale à empiéter sur la nomination ou la démission des dirigeants de l'exécutif. Il serait pourtant élémentaire que les syndicats commencent par respecter la Constitution ?


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