Par Jalel Mestiri En football, il y a toujours ce réflexe pavlovien : « Rechute dans 5, 4, 3, 2, 1... ». Faut-il perdre pour mieux rebondir ? Encore une fois, le sort de l'Espérance dépend d'un détail, d'une balle, d'une erreur individuelle. Le gâchis, cet ennemi du sport qui ne semble pas finir. Au fait, l'expérience pour une équipe de football, ce n'est pas ce qui lui arrive. Mais ce qu'elle fait avec ce qui lui arrive. Si un tel scénario demeure hypothétique pour l'EST, il rappelle que la marge de manœuvre de certains joueurs reste fragile, qu'ils sont incapables d'assumer leur rôle dans les moments difficiles. Et que les mécanismes de redressement sont encore incomplets. La passivité a la même racine que la fatalité. Surtout quand l'initiative se retranche. De tout temps, avec Ben Yahia spécialement qui est un penseur du jeu et une sorte de mentor pour ses joueurs, qui leur enseigne à la fois une manière de jouer mais aussi une certaine sensibilité de jeu , la spécificité d'une équipe comme l'Espérance consiste non seulement à prêcher une certaine manière de jouer mais aussi une certaine manière de penser le football. Le principal souci étant de se réinventer sans cesse, de ne pas s'endormir. S'il faut comparer certains joueurs actuels à d'autres types de créateurs d'autrefois, nous pensons qu'il n'est pas suffisamment possible de trouver aujourd'hui le profil escompté. Dans l'absolu, l'EST est à la fois une méthode de penser et une manière de se comporter. Il faut interpréter cette idée de processus comme une nécessité pour durer et pour intérioriser les règles complexes du football. Mais, en même temps, de bien comprendre les règles non écrites des matches que l'équipe parvient difficilement à gérer. Raison pour laquelle il va falloir, lors du match retour, sortir les muscles. Et les abdos. Les vrais. Les déficits du match aller ne laissent point indifférent : du manque de profondeur dans le jeu, à la fragilité très manifeste de certains joueurs. Il n'en demeure pas que l'équipe possède ce qu'on ne saurait jamais oublier : elle se construit aussi à travers ses limites. La plus grande force de l'EST reste une adaptation générale aux circonstances, L'équipe est demeurée fidèle à ce qu'elle a été ces dernières années. Elle connaît ses propres limites, s'accommode du contexte et parvient, quasiment toujours, à faire une différence. Les résultats obtenus sont présents au niveau de la forme et les victoires, par essence, parviennent à conférer une grande confiance au groupe. L'EST sera toujours prête à lutter pour la consécration suprême. Sans doute, son plus grand accomplissement quand on pense à l'état dans lequel elle s'était trouvée après l'élimination en Coupe arabe. L'important est de savoir qui on est, ce qu'on veut faire et si on peut le faire ensemble. Voilà qui va apporter un peu de douceur à un flux de constats moroses, lourds et quelque part inquiétants. Oui, l'Espérance fait toujours rêver ! Dans ses différentes interpellations, elle est toujours bien perçue. Par amour aussi bien pour les performances que pour l'attrait des formules de jeu. Même si tous les commentaires et toutes les analyses ne feront jamais le tour ni des multiples réalités ni des charmes toujours renouvelés de l'obligation de faire le jeu.