Ons Hattab parle au nom du président de la République pour éclairer l'opinion publique sur ce qu'elle appelle «la rupture définitive du consensus». Nida Tounès persiste ainsi dans sa fuite en avant, supplantant la présidence de la République. Quant à Ennahdha, elle poursuit ses négociations avec Youssef Chahed «sur les conditions du partenariat» Ceux qui ont prophétisé, lundi 8 octobre, que le consensus Ennahdha-Caïd Essebsi allait être rétabli à la lumière de la rencontre qui a groupé le chef de l'Etat avec le président du parti nahdhaoui peuvent déchanter et revoir leur copie (voir La Presse du mardi 8 octobre). Ons Hattab, députée nidaïste, porte-parole du parti des Berges du Lac, a pris, lundi soir, sur elle la responsabilité de rappeler et de confirmer : «La rupture du consensus avec Ennahdha est définitive et irréversible», en dépit des déclarations répétées des lieutenants de Rached Ghannouchi, dont en premier lieu Imed Khemiri, le porte-parole du parti, qui soulignait, ce lundi : «Le mouvement réaffirme son attachement au consensus comme choix stratégique englobant toutes les forces nationales». Ainsi, c'est Ons Hattab qui parle maintenant au nom de la présidence de la République pour communiquer sur le contenu d'une rencontre du président de la République avec le chef d'un parti politique, en l'occurrence Ennahdha, considérée comme l'un des partis les plus influents sur la scène politique nationale et le partenaire exclusif de Nida Tounès dans l'opération consensus engagée à l'issue des élections législatives et présidentielle d'octobre et novembre 2014. Les observateurs n'ont pas manqué de souligner qu'il s'agit d'une première dans la stratégie de communication adoptée par la présidence de la République. En effet, jusqu'à lundi 8 octobre, le département communication relevant de la Présidence prenait le soin d'informer l'opinion publique sur les rencontres du chef de l'Etat même si parfois certaines des entrevues du Président ne sont pas médiatisées. La nouveauté est que cette fois, c'est Nida Tounès qui porte à la connaissance du public, à travers un communiqué officiel de cinq points, que le chef de l'Etat a rencontré le président du mouvement Ennahdha (à la demande de ce dernier) et lui a réaffirmé que «la rupture du consensus est maintenue conformément à la décision annoncée par le chef de l'Etat dans son interview du 24 septembre 2018» accordée à la chaîne El Hiwar Ettounsi. La fuite en avant se poursuit Que peut-on retenir de ce fameux communiqué qu'on pourrait qualifier d'exemple en matière de connexion présidence de la Républiques-Nida Tounès ? On a beau insister et c'est le président Béji Caïd Essebsi qui ne manque pas une occasion pour le rappeler, que pour le chef de l'Etat, Nida Tounès est un parti politique comme les autres et qu'il ne bénéficie d'aucun privilège ou d'un traitement particulier auprès du palais de Carthage. Il se trouve que malheureusement, le communiqué signé par Ons Hattab confirme le contraire dans le sens que l'opinion publique s'est trouvée dans l'obligation de s'informer sur les activités du président de la République et sur ses positions officielles dans ce que distille au public Nida Tounès, sous la signature de son porte-parole officiel». «Et la nouveauté consiste désormais, précisent certains analystes, à dénicher les positions du chef de l'Etat ou ses programmes d'avenir dans les communiqués de Nida Tounès qui ne font plus la différence entre les décisions du président de la République et celles du parti comme si le président avait décidé de prendre les choses en main». En tout état de cause, l'on se demande comment Ennahdha va se comporter à l'égard de ce qu'on peut appeler «la lettre de non-recevoir» ou pour dire les choses crûment «la gifle que leur a infligée» Nida Tounès au nom du chef de l'Etat en réponse à ses tentatives de «préserver des relations positives avec le chef de l'Etat». Beaucoup d'observateurs ont cru, peut-être trop tôt, qu'en renouant le dialogue avec le palais de Carthage (sur décision du Conseil de la choura), cheikh Rached Ghannouchi devait aborder, hier, son entretien avec Youssef Chahed, en position de force en négociant avec lui «les conditions du partenariat».