Une table ronde sur le thème "La femme arabe et le développement durable, vers une vision unifiée" a été organisée, hier à Gammarth, dans le cadre des travaux du 3e Congrès de l'Organisation de la femme arabe (OFA) qui se tient du 28 au 30 octobre. M. Abdelbaki Hermassi, président de l'équipe scientifique du Congrès, a souligné que l'analyse des situations de la femme arabe, dans l'objectif d'ouvrir devant elle de nouvelles perspectives, requiert des chercheurs et de l'OFA un surcroît d'effort afin d'élever la femme au rang de partenaire agissant dans l'œuvre du développement durable. M. Chedli Ayari, universitaire et économiste tunisien, a indiqué que l'ouverture de la femme sur la question du développement durable représente un changement majeur dans l'action militante de la femme qui était axée jusque-là sur la revendication de l'égalité. Il a ajouté que le concept de partenariat entre la femme et l'homme est un concept relativement nouveau, indiquant que ce partenariat repose sur la complémentarité, l'interaction et la coopération ainsi que sur l'autonomisation de la femme et la consolidation de ses aptitudes. Il a fait remarquer que la femme arabe est appelée à dépasser le cadre de l'égalité pour investir l'action de modernisation du mouvement mondial de la femme qui repose désormais sur le concept de partenariat. M. Ayari a relevé que les études comparées concernant le genre social font ressortir, selon les indicateurs du Forum économique de Davos, la fracture qui existe en la matière dans le monde, précisant que les pays arabes sont classés dans les 30 dernières positions de la liste, ce qui signifie que les pays de la région ne sont pas encore outillées pour engager le processus du développement durable. Une nouvelle dynamique de l'OFA Il a indiqué que les efforts déployés par l'OFA, depuis l'accession de Mme Leïla Ben Ali, épouse du Président de la République, à la présidence de cette jeune organisation, ont conféré un nouvel élan et une nouvelle dynamique à cette organisation arabe qui prouve de plus en plus son rôle sur la scène politique, économique et sociale. Il a relevé que les recommandations, propositions et plans adoptés par l'OFA englobent tous les domaines et touchent de près ou de loin les situations de la femme. Il a souligné la nécessité de renforcer la place de la femme dans les postes de décision et de responsabilité en vue de promouvoir sa contribution à la réalisation du développement durable. Il a appelé à l'élaboration d'une approche unifiée à l'échelle du monde arabe en vue de favoriser l'autonomisation juridique de la femme et de lui permettre d'assumer pleinement sa mission en tant que partenaire agissant dans le processus de développement global et durable. M. Kheder Zakaria, sociologue syrien, a mis l'accent sur les politiques que les pays arabes doivent mettre en œuvre pour élargir la contribution à l'impulsion des activités économiques. Il a insisté sur la nécessité de diversifier les domaines réservés à la femme, notamment dans le secteur industriel, scientifique et technique, outre l'encouragement des femmes à créer leurs propres projets. Il a recommandé la mise en place de mécanismes appropriés pour aider la femme à s'intégrer dans le marche du travail, en multipliant le nombre des crèches et des jardins d'enfants, en instituant le principe de l'octroi du congé parental. Mme Amal Abdallah Kabissi (Emirats Arabes Unis) a souligné, de son côté, la nécessité de conjuguer les efforts entre les institutions de l'Etat et les différentes composantes de la société civile et du secteur privé en vue de préserver les droits de la femme, à travers la mise en place de stratégies nationales destinées à conforter sa présence dans les différents domaines d'activité. Elle a souligné la nécessité de renforcer davantage la place de la femme dans la vie politique et dans les postes de décision et de responsabilité ainsi que l'impératif de consolider la coopération interarabe en matière de promotion de la femme, en vue de concevoir une stratégie cohérente capable d'impulser le processus du développement durable et de promouvoir les conditions de la femme arabe, sur la base des spécificités et des besoins réels et à travers l'échange des expériences et des expertises. Présence sur le marché du travail Pour sa part, M. Zakaria Hajris (Bahreîn) a mis l'accent sur l'impératif de reconsidérer la vision prospective concernant la femme arabe, à la lumière des mutations et des changements de l'économie mondiale au cours de la prochaine étape. Il a précisé que l'autonomisation économique de la femme arabe suppose la mise en place des mécanismes et des conditions nécessaires pour permettre à la femme d'accéder plus facilement au marché du travail et de multiplier ses chances d'accès aux filières technologiques, scientifiques, économiques et financières, en plus de la mise en place de mécanismes de formation continue et de la promotion des stratégies de partenariat arabe dans ce domaine. M. Pierre-Noël Denieull (France) a précisé que l'augmentation du nombre des femmes d'affaires dans le monde arabe s'explique essentiellement par des considérations économiques plutôt que sociales, indiquant que, de 1990 à 2003, la moyenne des femmes d'affaires a augmenté de 13% dans les pays arabes contre 3% dans le monde. Il a ajouté que la femme arabe a toujours été présente sur le marché du travail, dans les métiers de l'artisanat et dans les activités agricoles et qu'elle était également active dans les milieux des affaires depuis de longues années, malgré sa présence dans des sociétés plutôt conservatrices. Il a ajouté que la Tunisie compte actuellement quelque 18.000 femmes d'affaires, ajoutant que l'augmentation du taux de scolarisation et l'accès de plus en plus important des filles à l'université ont permis de consolider les compétences de la femme dans tous les domaines. Il a fait observer que le fait que les foyers arabes disposent, de nos jours, de deux salaires a favorisé l'émergence d'une classe moyenne importante au sein de ces sociétés. Evoquant le double rôle que la femme est appelée à jouer de nos jours, l'orateur a souligné la nécessité d'améliorer la formation de la femme dans les domaines de la gestion, du marketing, de la communication et des nouvelles technologies. Il a également insisté sur l'impératif d'intensifier la création des établissements de soutien et de services destinés à la femme en vue de lui permettre de s'intégrer plus facilement dans le circuit de la production et de mieux participer à la vie politique. Il a aussi appelé la femme à investir les réseaux sociaux qui constituent, de nos jours, un moyen d'échange d'expériences et d'expertises et à intensifier ses activités économiques pour englober l'espace international.