Cette maîtrise émotionnelle qui fait partie de la qualité d'un joueur, les Clubistes doivent la retrouver. Dans le cas contraire, le mal serait encore plus profond, puisque le CA ne se rendrait même pas compte qu'il navigue vers des eaux troubles, très troubles ! Trois défaites consécutives alors que le championnat n'en est qu'à ses premiers balbutiements. Le CA continue de traîner sa misère et de précipiter sa descente aux enfers. Une descente pourtant logique, compte tenu de la gestion de ce club, un des plus grands clubs tunisiens. Pour certains observateurs, c'est même un véritable suicide sportif auquel nous assistons, sachant que non seulement le club est englué dans les dettes, mais de plus, les emplettes ficelées à coups de millions ne recèlent aucune bonne pioche, des éléments ordinaires tout au plus (les Compaoré, Zakaria Lâabidi, Mcharek et autre Derrick Sasrako). Bref, en l'état actuel, le CA risque de s'enfoncer encore plus avec maintenant la menace d'une véritable chute libre, une véritable honte pour les supporters clubistes, l'un des publics les plus fervents du pays! Sur ce, si les dirigeants qui se sont succédé depuis des années endossent aussi une large part de responsabilité dans ce fiasco, on aurait tort de croire que l'incendie ne couve qu'autour du staff technique et de l'exécutif en place. Le bureau directeur actuel a certes fait des choix hasardeux en termes de gestion technique et de stratégie (recruter à tour de bras au lieu d'assainir, éponger et aplanir). Mais si la situation est critique, c'est aussi en raison d'un management global défaillant pour ne pas dire obsolète. Avec quatre points au compteur, le CA reçoit ce week-end le CAB, un adversaire coriace et même intraitable parfois. Ce faisant, s'il faut forcément savoir avouer que, cette saison, le CA est une toute petite équipe, il faut aussi que les joueurs sachent honorer ce bastion clubiste en mouillant le maillot. Tout n'est pas seulement chiffré en football même si certains chiffres montrent l'étendue des dégâts. En clair, il y a aussi un blocage quelque part comme l'a relevé le technicien Chiheb Ellili. Ce blocage est forcément d'ordre mental et c'est dire combien le onze clubiste ne doit pas se laisser envahir par la frustration et reprendre du poil de la bête sans délai ! Faut pas rêver ! Depuis le fléchissement inexplicable face au Stade Tunisien, le mental a été largement entamé du côté des vestiaires. Le CA s'est écroulé et les Bardolais n'en demandaient pas mieux pour porter l'estocade et précipiter la mise à mort ! Un effondrement inquiétant que l'on pourrait imputer à une endurance précaire après la débauche d'énergie de la première mi-temps où le CA avait monopolisé le cuir. Cependant, face au CSS à Sfax, la donne fut tout autre. Le CA a laissé la manœuvre aux locaux sans pour autant se projeter en situation de relance. Même le repli clubiste a manqué de vitesse et de célérité. Puis, quand on joue la ligne (hors-jeu), il faut disposer de joueurs vivaces et alertes. Ce qui n'est pas le cas du CA. Une attaque timorée, un milieu de terrain dépassé, une défense fébrile, circulez, il n'y avait rien à voir! Et face à un tel fiasco, Chiheb Ellili ne pouvait pas nier les évidences, forcément ! Dans ces conditions-là, le staff technique devait carrément blinder son arrière-garde et même ériger deux rideaux défensifs ! Bref, un nul, finalement, apparaissait comme une très bonne opération, d'autant que l'attaque adverse est tout simplement percutante et performante depuis quelque temps déjà. Il ne fallait pas rêver! Car dans un contexte pareil, pas simple d'espérer quoi que ce soit ! D'ailleurs, au train où vont les choses au CA, l'on devrait s'attendre à ce que le club de Bab Jedid rentre définitivement dans les rangs, tout en révisant ses ambitions à la baisse dans la perspective d'un retour en C1 l'année prochaine. Aveu d'impuissance ! Tout va très vite en football. Le Club Africain en est le parfait exemple. La saison passée, lors de la phase retour du championnat et en Coupe de Tunisie, le CA alignait les matchs références au point de bondir au classement. Face au gotha, il répondait par une solidarité de tous les instants. Depuis, plus rien ou presque ! Les Clubistes enchaînent les déboires, et au-delà de cette nouvelle contre-performance, c'est tout l'édifice clubiste qui cristallise autour de lui l'exaspération des inconditionnels «rouge et blanc». Au banc des accusés aussi, les joueurs, incapables de faire face et d'arrêter l'hémorragie. Des joueurs qui ne font aujourd'hui plus rêver dans tous les sens du terme. Oui, ils débarquent pour se dorer la pilule ou passer une retraite dorée plutôt que pour progresser ou gagner des titres! Jusque-là, ils l'ont démontré à des degrés différents ! Ce faisant, cela n'explique pas tout. Le CA version 2018-2019 est complètement différent de ses devanciers. Des tauliers tels que Saber Khelifa sont partis et les recruteurs clubistes n'ont pas fait parler leurs connexions pour compenser le départ de leur capitaine-buteur. Ils ont juste déniché des joueurs «exotiques» en espérant tomber sur la bonne pioche ! Et maintenant, ça sonne comme un aveu d'impuissance, vu le potentiel limité des recrues. Sur ce, même le reste est édifiant avec des cadres qui ne progressent plus, à l'instar de Abdi, Khlil, Ben Yahia et autre Dhaouadi. Franchement, hormis Darragi, sur le terrain, ils n'apportent rien ! Maintenant, il faudra s'armer de courage pour tenir un résultat face au CAB. Cette maîtrise émotionnelle qui fait partie de la qualité d'un joueur, le CA doit la retrouver. Dans le cas contraire, le mal serait encore plus profond, puisque le CA ne se rendrait pas compte qu'il navigue vers des eaux troubles, très troubles !