Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, effectue à partir d'aujourd'hui une visite de travail en Tunisie. Se poursuivant jusqu'à demain, cette visite sera marquée par la signature de quatre nouvelles conventions de financement dans différents domaines Le développement du partenariat avec l'Union européenne a toujours été l'un des axes stratégiques sur lesquels ont travaillé les gouvernements successifs, vu la longue histoire des relations tuniso-européennes, que ce soit au niveau économique ou politique. D'autant plus que ces relations se sont intensifiées après 2011 pour concerner divers domaines. Une intensification qui a été manifeste, selon Patrice Bergamini, ambassadeur européen en Tunisie, à travers le doublement de l'aide européenne pour atteindre plus de 300 millions d'euros par an, et ce, lors d'une conférence de presse organisée hier. M. Bergamini a indiqué que la visite effectuée par Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, les 25 et 26 octobre 2018 en Tunisie, s'inscrit dans le cadre de la consolidation de ce partenariat. Une visite au cours de laquelle M. Juncker sera reçu par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, et le chef du gouvernement, Youssef Chahed. Il aura également une réunion à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et prononcera un discours au Musée du Bardo. La visite du président de la Commission européenne porte une forte dimension symbolique. Il transmettra un message de soutien indéfectible à la jeune démocratie tunisienne qui «porte l'espoir et aussi les encouragements pour les autorités tunisiennes d'aller de l'avant », a-t-il lancé. Appui aux réformes M. Bergamini a souligné également que cette visite revêt une dimension économique. D'ailleurs, quatre conventions de financement seront signées pour un montant de 270 millions d'euros. Elles concernent quatre axes, à savoir la transition énergétique (50 M€), la compétitivité des entreprises (90 M€), la réforme fiscale et l'économie sociale et solidaire (70 M€) et l'appui à la réforme de la justice (60 M€). Ces conventions seront signées par Zied Laâdhari, ministre de l'Investissement, du Développement et de la Coopération internationale, et Johannes Hahn, commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage. Sur le plan politique, l'ambassadeur européen a affirmé que la Tunisie vit une situation particulière dans une région qui connaît des moments complexes. D'où le soutien européen qui est important, surtout avec ce qui se passe en Libye. Une question qui sera d'ailleurs discutée lors de la visite du président de la Commission européenne. M. Bergamini a aussi évoqué le rôle législatif joué par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), soulignant une loi organique qui sera discutée prochainement, portant sur l'indépendance de la Cour des comptes. Une question importante, selon lui, puisque son adoption permettra le déblocage d'une nouvelle assistance financière européenne de 300 millions d'euros, indiquant que cette loi sera un symbole de consolidation de la démocratie tunisienne. Priorités européennes L'ambassadeur européen a tenu à montrer sa confiance dans le processus de démocratisation en Tunisie, soulignant le rôle de l'Union européenne comme partenaire et accompagnateur de ce processus. Il a affirmé que la Délégation travaille sur trois priorités essentielles, à savoir la libération des énergies pour le secteur privé, le soutien aux plus démunis et la restructuration des entreprises publiques. Sur la question de l'accord récemment conclu entre le gouvernement tunisien et l'Union générale tunisienne du travail sur les augmentations salariales, il a précisé que cette question sera discutée lors des entretiens avec les responsables tunisiens afin de comprendre l'impact sur les réformes du secteur public. En ce qui concerne l'Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca), M. Bergamini a annoncé que le 3e round des négociations sera tenu en décembre prochain. Il a noté que cet accord est discuté parallèlement avec le partenariat pour la mobilité, étant deux questions sous-jacentes. Il a souligné que la partie tunisienne voudrait s'assurer des avantages de l'accord, indiquant que plusieurs études d'impact ont été réalisées sur l'accord d'association de 1995, reflétant ce souci de la part des autorités tunisiennes. Il a réitéré sa confiance en l'impact avantageux qu'aura, selon lui, l'Aleca sur le développement des relations tuniso-européennes.