Par Jalel Mestiri Il y a un côté inconditionnellement romantique chez l'équipe espérantiste et son aventure avec la Ligue des champions. Un côté qui permet aux équipes de cette envergure de croire en l'impossible. Un conte de fées qu'on adore aimer. Une prestation qui montre au monde ce qui peut être accompli à travers la force mentale et la détermination. Onze joueurs, onze cerveaux sur le terrain. Un seul cœur. 24 heures après cette impressionnante qualification en finale, l'encrier est encore plein. Mais au fait, que peut-on raconter sur l'Espérance et qui n'a jamais été écrit ? Voilà une équipe qui est, à l'heure actuelle, la référence en football africain et la plus suivie, copiée, observée, admirée. Même ceux qui n'aiment pas son football sont obligés de se prononcer à son sujet. L'une des meilleures de l'histoire. Elle fait école. Le football est un formidable exhausteur de sensations. La passion déraisonnée et déraisonnable. L'attachement qui fait autant de bien que de mal. Souffrir des mauvais résultats, des sorties de route, des humiliations, mais aussi — et surtout —tomber dans l'ivresse des victoires, des trophées inattendus, des épopées mythiques et des célébrations affectueuses. Les conditions dans lesquelles s'est déroulée la deuxième manche de la dernière sortie de l'EST ont été un élément déclencheur. Une grande prestation, une détermination à toute épreuve qui n'a pas d'égal. Cela avait encore plus de force que l'on croyait. Quand la machine se met à carburer, on y croit dur comme fer. Renverser la situation et se qualifier... Les joueurs se sentent certainement plus forts, plus costauds. L'appétit de victoires est venu progressivement pour arriver à cette apothéose. Mais la plus grande force de l'équipe reste cette adaptation générale aux circonstances, même dominée, même privée du ballon, l'Espérance est capable de faire le dos rond et exploiter les défauts des adversaires. L'équipe est fidèle à ce qu'elle a toujours été. Elle connaît ses propres limites, s'accommode du contexte et parvient, quasiment toujours, à faire la différence. Les résultats obtenus sont présents au niveau de la forme et les victoires, par essence, parviennent à conférer une grande confiance au groupe. Avec un Jouini, revenu d'entre les morts, un Blaïli toujours là, l'EST est prête à lutter pour les titres. Sans doute son plus grand accomplissement quand on pense à l'état dans lequel elle était ces derniers temps. La spécificité de l'équipe consiste non seulement à prêcher une certaine manière de jouer, mais aussi une certaine manière de penser le football, une certaine sensibilité de jeu. Le principal souci des joueurs est de se réinventer sans cesse, de ne pas s'endormir. Il faut dire que l'équipe a toujours gardé la distance entre les ambitions revendiquées et le registre dans lequel elle est censée évoluer. Ce qu'elle laisse entrevoir signifie qu'au-delà de la prestation d'un match, elle est toujours capable de dégager une plus grande tonalité et que partout l'inspiration et la créativité guideront son parcours. Les joueurs tiennent de toute évidence à être les artisans d'un parcours qui laisse des souvenirs pour des années et qui donne l'envie réelle de respirer l'air du football. Avec un esprit entièrement tourné vers l'exploit et où la démonstration est poussée jusqu'à la perfection. Chaque match a certes sa vérité, mais le mérite d'une équipe comme l'Espérance est bel et bien cette aptitude à avancer sans se retourner. Demain, c'est toujours un autre match… L'Espérance donne ainsi l'impression de ne pas se priver de l'équilibre et de la justesse du jeu souhaités, de la solidité nécessaire, de la force mentale indispensable dans le combat, de l'impact physique désiré dans les grands rendez-vous. A chaque fois, l'on ne manque pas de relever l'œuvre des joueurs qui se lancent sur les traces de ceux qui tiennent le haut du pavé et qui se rapprochent quelque part de la brigade d'exception.