Selon des sources proches de l'enquête, l'hypothèse de l'empreinte de Daech n'est pas du tout écartée. Elle est même d'ores et déjà soutenue par beaucoup d'enquêteurs, particulièrement ceux de la BAT (Brigade antiterroriste) de la Garde nationale qui passe, par son expérience et son professionnalisme, pour être la bête noire des terroristes. Huit blessés dont une bonne partie est jugée grave. Tel est le bilan «provisoire» de l'attentat survenu hier, en début d'après-midi, à l'avenue Habib-Bourguiba, et plus précisément devant le Théâtre municipal où une passante s'est fait exploser en actionnant une bombe qu'elle portait dans ses bagages, au moment même où un policier, en tenue civile, tentait de l'arrêter. Attentat à la ceinture explosive ? Ou attentat télécommandé ? Nul ne le sait, surtout que jusqu'à hier en fin d'après-midi, rien n'a filtré de l'enquête policière diligentée illico presto et confiée aux experts des services de la police technique relevant de la direction générale de la sûreté publique du ministère de l'Intérieur. Certes, le quadrillage du lieu de l'attentat, aussitôt lancé tout autour, n'a rien révélé de réellement positif pouvant conduire à une piste à ne pas négliger. Certes aussi, les impressions des témoins oculaires sont prises pour improductives par les enquêteurs, étant floues et vagues. Certes encore, des renforts policiers ont été acheminés et un suivi de tous les instants a été ordonné par le ministre de l'Intérieur en personne. Bref, tout a été fait, en l'espace de seulement quelques minutes après le drame, pour essayer de comprendre ce qui s'est passé. Hélas, en est encore, au moment de la rédaction de cet article, dans l'expectative, en ignorant complètement de quel bois chauffait l'auteur de l'attentat. Ce qui est encore plus énigmatique, c'est que les enquêteurs ne sont pas parvenus à dénicher le moindre indice sur la mobile qui l'a poussée à commettre cet acte lâche. De surcroît, il n'est pas définitivement établi si la triste héroïne a utilisé une ceinture explosive, ou une bombe artisanale, ou une autre matière à explosion. Mystère aussi sur ses réelles intentions : voulait-elle perpétrer son attentat au cœur même du Palmarium, pour faire plus de dégâts, comme le laissent entendre certaines informations ? Pourquoi s'est-elle «contentée» de la façade du Théâtre municipal ? Aurait-elle un ou des complices pour la couvrir ? L'empreinte de Daech ? Au-delà de ces supputations et en attendant les premières révélations qui tardent — et c'est normal — de surgir de la grande citadelle du ministère de l'Intérieur où le branle-bas était hier enfin d'après-midi à son comble, en prévision de la conférence de presse d'usage, il est bon de signaler qu'une certaine unanimité s'est dégagée, dans les milieux policiers, autour du caractère terroriste de l'attentat. Plus encore, et selon des sources proches de l'enquête, l'hypothèse de l'empreinte de Daech n'est pas du tout écartée. Elle est même d'ores et déjà soutenue par beaucoup d'enquêteurs, particulièrement ceux de la BAT (Brigade antiterroriste) de la Garde nationale passée, par son expérience et son professionnalisme, pour être la bête noire des terroristes. Pour eux, il n'y a pas photo : l'attentat d'hier est l'œuvre de l'EI à la «lumière» de son modus operandi. Et c'est vrai, dans la mesure où cette organisation cynique, contrairement à ce que pensent certains, a conservé, faut-il le dire courageusement, des points d'appui en Tunisie, par cellules dormantes interposées. Des cellules, malheureusement, loin d'être encore démantelées, en dépit des revers qu'elles avaient essuyés tout au long de ces trois dernières années.