Quelque 500 détenus privilégiés ont suivi avec beaucoup d'intérêt la première nationale du film tunisien «Regarde-moi» du réalisateur Nejib Belkadhi, projeté, dimanche, à l'occasion de la cérémonie d'ouverture de la 4e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) dans les prisons. Les visages sérieux, les yeux absorbés par le grand écran installé à l'enceinte de la prison de Mornaguia, quelque 500 détenus privilégiés ont suivi avec beaucoup d'intérêt la première nationale du film tunisien «Regarde-moi» du réalisateur Nejib Belkadhi, projeté, dimanche, à l'occasion de la cérémonie d'ouverture de la 4e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) dans les prisons. «L'implication de l'administration pénitentiaire dans les JCC s'inscrit dans le cadre d'une politique de réhabilitation œuvrant à l'accès au droit culturel pour les détenus», a déclaré le directeur de la prison Hichem Réhimi, à cette occasion. Au total, plus de 5500 détenus ont assisté d'une manière indirecte (à travers des téléviseurs) à la projection du film. Un débat avec l'équipe du film a suivi la projection. Cette expérience des JCC dans les prisons dans le monde arabe et africain est «exceptionnelle», a, de son côté, commenté le directeur de la 29e édition des JCC Nejib Ayed. Il a appelé les autorités concernées à renforcer les activités culturelles en particulier la projection de films au sein des établissements pénitentiaires. «Le cinéma comme source de rêve ou de motivation pour trouver son chemin», tel est le témoignage livré par l'acteur Nidhal Saâdi, présent à l'occasion de la projection. L'acteur a invité son public « à ne pas se décourager». «Si vous avez un rêve, un objectif à atteindre, l'art peut vous aider. Ne baissez pas les bras il faut juste y croire». Durant une heure et demie, la force cathartique du cinéma s'est manifestée à travers les émotions exprimées spontanément par les spectateurs. Du rire, du malaise ou des applaudissements, le public s'est identifié facilement au personnage principal, Lotfi, porté avec beaucoup de justesse par Nidhal Saâdi. En effet, ayant fui ses responsabilités de père quand son enfant a été diagnostiqué autiste, Lotfi (Nidhal Saâdi) retourne à Tunis après 7 ans d'absence, et commence sa quête de reconnaissance et d'acceptation par son enfant Youssef (Idryss Kharroubi). En présence de l'équipe du film «Regarde-moi», à savoir le réalisateur Nejib Belkadhi et l'acteur Nidhal Saâdi, un débat animé par des membres de l'Organisation mondiale contre la torture (Omct) et Psychologues du monde Tunisie a été organisé. Le débat a été ainsi l'occasion pour les détenus d'être sensibilisés sur l'autisme, les différents modes d'apprentissage, la paternité ou encore la différence entre fiction et réalité. La discussion était aussi l'opportunité pour les prisonniers d'être confrontés à leurs propres conditions et d'exprimer ainsi leurs angoisses par rapport à l'éloignement de leurs familles et de leurs enfants. Organisée par la direction générale des prisons et de rééducation, le comité d'organisation des JCC et l'Omct, la 4e édition des JCC dans les prisons se poursuit jusqu'à vendredi 9 novembre. En plus de la projection dans la prison civile de Mornaguia, la prison Borj Erroumi (Bizerte) a accueilli hier lundi, la projection du documentaire égyptien «Amal» de Mohamed Siam, la prison de Mornag (Ben Arous) proposera le film algérien «Jusqu'à la fin des temps» de Yasmine Chouikh aujourd'hui 6 novembre. La prison civile de Messaidine (Sousse) accueillera le documentaire «Ghzela» de la réalisatrice tunisienne Hajer Nefzi le 7 novembre. Pour les jeunes détenus du Centre de rééducation des mineurs délinquants de Sidi El Hani, trois courts métrages tunisiens seront proposés le 8 novembre, à savoir «Gauche/droite» de Moutii Dridi, «Les pastèques du Cheikh» de Kaouther Ben Henia et «Brotherhood» de Meryam Joobeur. Les JCC dans les prisons pour l'édition 2018 prendront fin le 9 novembre avec la projection dans la prison civile de Mahdia du documentaire tunisien «la voie normale» d'Erige Sehiri.