Ils seront aujourd'hui près de 700.000 agents de la fonction publique à observer une grève générale, avec présence sur les lieux de travail, en application de la décision de la commission adminsitrative nationale de l'Ugtt de débrayer suite à l'échec des négociations avec le gouvernement sur les augmentations salariales qui devaient être décidées au profit des salariés de l'Etat. Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, a déjà annoncé, mardi 20 novembre, la rupture des négociations avant qu'elles ne démarrent. Il a, en effet, précisé à l'issue d'une rencontre, mardi dernier, avec le chef du gouvernement Youssef Chahed que «le gouvernement n'avait rien à proposer à l'Ugtt, à l'instar de ce qui a été décidé en faveur des salariés du secteur public (les entreprises et établissements publics comme la Sonede, la Steg, etc). Et le secrétaire général de la Centrale syndicale ouvrière d'affirmer : «La grève générale des agents de la fonction publique est maintenue pour la journée du jeudi 22 novembre. Une commission administrative nationale se tiendra, samedi prochain, pour décider des autres mouvements de militantisme auxquels l'Ugtt aura recours pour défendre les droits des fonctionnaires et pousser le gouvernement à leur concéder les augmentations salariales auxquelles ils ont droit à l'instar de leurs collègues exerçant aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé». Maintenant que l'irréparable s'est produit et que l'on n'a pas réussi à convaincre les syndicalistes d'annuler ou au moins de reporter la grève en contrepartie de promesses ou d'assurances sérieuses de la part du gouvernement, la question qui s'impose est la suivante : comment le gouvernement va-t-il se comporter, une fois que la grève sera observée (en espérant qu'elle se déroulera sans heurts ni dérapages) et comment l'Ugtt va-t-elle se conduire à l'avenir avec les syndicalistes qui annoncent déjà qu'ils auront recours à d'autres formes de militance pour avoir gain de cause comme les grèves sectorielles, les grèves générales au niveau des régions et enfin la grève générale au niveau national ? Du côté du gouvernement, c'est à Iyed Dahmani, porte-parole de la Kasbah, qu'est confiée la mission d'expliciter à l'opinion publique «les causes qui empêchent la présidence du gouvernement de répondre aux revendications des syndicalistes et de réaliser leurs demandes, vu la conjoncture difficile dans laquelle se trouvent les caisses de l'Etat». Et Dahmani de laisser la porte ouverte à la poursuite du dialogue gouvernement-Ugtt en affirmant, hier, sur les ondes de Radio Mosaïque que «les rencontres entre Youssef Chahed et Noureddine Taboubi n'ont jamais été rompues. En témoigne la rencontre de mardi dernier, et même si l'on n'est pas parvenu à une solution, rien ne nous empêche de poursuivre le dialogue, que nous considérons comme le cadre idéal pour sortir de la crise». Et c'est bien le choix du dialogue et de la négociation qui a dominé, hier, les interventions de plusieurs députés au palais du Bardo lors d'une séance plénière consacrée à la grève générale d'aujourd'hui. «Il faut que le gouvernement revienne à la table du dialogue et privilégie le consensus avec la centrale syndicale comme le seul moyen pour mettre fin à cette crise». Et même ceux parmi les députés qui ont estimé que «la grève est légitime et que le gouvernement n'a pas à appliquer les diktats du FMI», ils ont appelé à assurer «la sécurité nécessaire au rassemblement qui aura lieu aujourd'hui devant le siège de l'ARP». Assurer la sécurité des syndicalistes qui protesteront aujourd'hui devant le Parlement et veiller à ce que les intrus et les professionnels de la provocation ne s'immiscent pas parmi les fonctionnaires grévistes pour semer la violence et le désordre constituent, en effet, un défi que tous les acteurs du paysage politique syndical et civil sont dans l'obligation de relever ensemble dans l'objectif de faire échouer les plans diaboliques de certaines «Katibas» facebookiennes qui chauffent depuis quelques jours les tambours pour que la situation dégénère et que le pays tombe dans le chaos et l'inconnu. Hier, plusieurs composantes du paysage politique et civil ont privilégié le dialogue, l'apaisement et la concertation en appelant «à un dialogue national pour sortir le pays de la crise actuelle», appel lancé par l'Ordre national des avocats.