Hier, Youssef Chahed et Noureddine Taboubi ont signé l'accord relatif à l'augmentation des salaires dans le secteur public. On attend maintenant ce qu'il en sera pour les salariés de la fonction publique qui espèrent être épargnés des menaces et des tensions habituelles. Car si la crise sociale vient de connaître l'épilogue de son 1er acte, la crise politique, quant à elle, reste totale La signature, hier, par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), de l'accord relatif à l'augmentation des salaires dans le secteur public pour le compte des années 2017, 2018 et 2019, en attendant la majoration des salaires dans la fonction publique, est à considérer comme une éclaircie dans les relations tendues qui opposaient depuis quelques mois le gouvernement à la direction de l'Ugtt. Beaucoup d'observateurs ont déjà salué l'événement comme le triomphe de la voix de la raison qui a fini par prévaloir et s'attendent à ce que les relations Ugtt - gouvernement puissent changer de nature dans le sens que les syndicalistes sont sur la voie de changer de positon quant au maintien de Youssef Chahed à la tête du gouvernement ou sa démission au cas où il envisagerait de se porter candidat à l'élection présidentielle de 2019. Hier, Sami Tahri et Bouali M'barki, membres du bureau exécutif de l'Ugtt, se sont partagé la mission d'expliciter aux médias les raisons qui ont poussé la commission administrative nationale de l'Ugtt à adopter l'accord sur les augmentations salariales dans le secteur public. Bouali M'barki est revenu aux critiques exprimées par certains experts économiques qui n'ont pas hésité à déclarer que les revendications syndicales sont excessives, voire inacceptables, à un moment où les caisses de l'Etat sont vides et où beaucoup d'entreprises publiques sont sur la voie d'annoncer officiellement leur faillite définitive. «Aujourd'hui et à la suite de l'annonce de l'accord, ils ont fait part de leur satisfaction. Ils ont ignoré injustement l'attachement constant de l'Ugtt à défendre les droits des travailleurs à préserver leur pouvoir d'achat. Quant aux entreprises publiques, notre conviction est qu'elles peuvent être sauvées en réformant les méthodes de gouvernance qui y sont appliquées, sans oublier que plusieurs parmi elles sont florissantes et il est inadmissible de les céder au secteur privé». Quant à Sami Tahri, porte-parole de l'Ugtt, il revient au discours adopté par la Centrale syndicale depuis quelques semaines considérant qu'il faut faire la part des choses entre ce qu'il appelle «le processus politique» (démission du chef du gouvernement) et «le processus social» (les augmentations salariales dans le secteur et la fonction publics). En d'autres termes, Sami Tahri insinue que l'accord signé, hier, ne signifie pas que l'Ugtt ne se considère plus partie prenante dans la crise opposant Youssef Chahed à ceux qui font de sa démission de la présidence du gouvernement, le plus tôt possible, leur priorité absolue. «Il est vrai que l'Ugtt ne dispose pas de députés au palais du Bardo pouvant contribuer à la résolution de la crise dans un sens ou dans l'autre. Mais nous demeurons convaincus que c'est au Parlement que le sort de Youssef Chahed et des membres de son équipe doit être décidé. Il est plus que jamais urgent de trouver une solution à la crise en faisant fonctionner les mécanismes prévus par la Constitution», souligne Sami Tahri. On ne peut être plus clair dans son discours : les syndicalistes signent les accords avec le gouvernement en place et appellent à ce que ce même gouvernement soit démis comme le prévoit la Constitution à travers ses articles relatifs à la motion de censure, à la sollicitation de renouvellement ou de retrait de confiance soit par le chef du gouvernement, soit par le pésident de la République. Et les observateurs de se trouver dans la position de détecter ou de décoder les déclarations ou les petites phrases des responsables syndicaux (qui signent le jour même de signature de l'accord sur le secteur public le préavis de la grève dans la fonction publique prévue le 22 novembre prochain) pour comprendre ce que les prochains jours cachent aux Tunisiens. Reste un grand absent dans tout ce brouhaha : personne ne parle de la nécessité impérieuse de retourner au travail sérieux, à l'abnégation et à l'investissement pour la pérennité de l'entreprise. On oublie que c'est la culture du travail qu'on doit opposer à celle du laisser-aller pour que nos entreprises publiques puissent être sauvées. En attendant, on voudrait bien que la commission 5+5 ne soit pas obligée de faire traîner les négociations sur les augmentations salariales dans la fonction publique jusqu'au 20 ou 21 novembre prochain. Sauf s'il existe une partie qui parie toujours sur le départ forcé ou de son propre gré de Youssef Chahed