Plus de 30 mille enseignants et enseignantes, venus de toutes les régions, ont pris part au sit-in observé hier en plein centre-ville de Tunis, sur l'avenue Habib Bourguiba Vers le coup de 11h30, un nombre important d'enseignants se sont rassemblés sur l'avenue Habib Bourguiba. Il s'agit notamment d'une marche, lors de laquelle les protestataires ont réclamé leur droit à de meilleures conditions matérielles et à une réforme du système éducatif. En effet, un podium a été installé en plein centre-ville. Les protestataires ont scandé plusieurs slogans, criant haut et fort et brandissant des pancartes affichant leurs doléances et leurs revendications. «Une école populaire, un enseignement démocratique, une culture nationale»…. Dans la foule, nous avons rencontré un groupe d'enseignants, venus tout droit de Sfax. Ils reprochent au gouvernement de garder le silence face à leurs doléances. C'est le délégué du syndicat d'un lycée sis à Sfax, Ahmed Jamel Eddine qui a choisi de prendre la parole pour expliquer les motivations de ce mouvement de protestation observé durant toute la matinée. «Ce sit-in est une étape qui s'inscrit dans la lignée d'une séries de mouvements de protestation qui ont débuté depuis l'année dernière pour mettre la pression sur les autorités afin de faire entendre les propositions émises par le syndicat de l'enseignement secondaire, à l'instar de la mise à jour des primes et l'augmentation de leur valeur. Idem pour la prime de contrôle et de la correction des examens qui devraient être doublée…», note-t-il. Mis à part ces revendications d'ordre matériel, le délégué a mis l'accent sur l'urgence de réformer le système éducatif et de limiter l'âge de départ à la retraite à 57 ans (32 ans de service) au vu de la pénibilité du métier d'enseignant. Enseignante d'anglais dans un lycée à Sfax, Alya est venue protester elle aussi contre les conditions médiocres des enseignants, précisant que ce mouvement a pour objectif de provoquer une réaction du ministère et de l'inciter à prendre au sérieux leurs revendications en leur proposant des mesures convaincantes et concrètes. Selon cette protestataire venue joindre sa voix à celles de ses collègues, les problèmes des professeurs sont nombreux. «Il est difficile d'enseigner dans une classe dont l'infrastructure est déplorable et qui comprend entre 35 et 40 élèves difficiles à maîtriser, d'autant plus que ces derniers ne sont pas bien encadrés pour passer de l'école au collège ou au lycée » , explique-t-elle. Et de surenchérir que, mis à part ces conditions médiocres, les programmes et les manuels scolaires ne sont plus adaptés pour les élèves. Les programmes scolaires qui datent depuis au moins cinq ans doivent être révisés pour ne pas nuire à l'apprentissage des élèves en question. Non à la diabolisation de l'enseignant Un peu plus loin, nous avons rencontré un autre groupe d'enseignantes venues de l'Ariana participer à cette marche. Elles, qui ont affiché au début une attitude méfiante voire hostile vis-à-vis des représentants des médias, ont finalement accepté de s'exprimer clairement sur leurs doléances Les trois enseignantes de langue anglaise et arabe ont exprimé leur déception vis-à-vis des médias et leur façon de traiter l'information. D'ailleurs l'une des enseignantes a précisé que les médias et les politiciens tentent de diaboliser les enseignants en rabaissant leurs revendications uniquement à des motivations d'ordre matériel. Sarra, Ines et Latifa ont précisé par la suite que la suspension des examens, observée au cours de ces dernières semaines et qui a énormément mis en colère les parents d'élèves a été une réaction légitime face au refus total du ministère de l'Education de négocier avec le syndicat de l'enseignement secondaire. Notant que la suspension des examens, n'as pas touché uniquement les parents d'élèves, elle a touché également les quelques 90 mille enseignants dont les enfants sont inscrits dans des établissements publics. L'une de ces enseignantes a noté que la possibilité de boycotter tous les examens lors de cette année est faisable si jamais le ministère refuse de répondre positivement à leurs doléances. Le mouvement de protestation qui a rassemblé au moins 30 mille enseignants s'est poursuivi vers la fin de la journée avec un mini festival culturel animé par la troupe El Karama, de Sfax qui a chanté des airs engagés et déclamé des poèmes….