Un adolescent sur trois aurait consommé de la drogue en milieu scolaire. Les circuits de vente de stupéfiants tels le Subutex, le poisson bleu et le chanvre indien se multiplient un peu partout dans les régions de l'intérieur alors que les directeurs de lycée se disent très inquiets face à la montée de la consommation des amphétamines et la multiplication des comportements agressifs dans les enceintes scolaires. Le ministère de la Santé a tiré récemment la sonnette d'alarme, lançant des alertes pour inciter les familles à mieux contrôler leurs enfants et empêcher l'extension du phénomène de l'addiction aux drogues. La consommation de la drogue est devenue, ces derniers temps, un phénomène social très perceptible en Tunisie tant il s'est étendu à toutes les catégories sociales, notamment celle des adolescents qui semblent réellement de plus en plus portés sur la consommation de stupéfiants de toutes sortes au risque de sombrer dans l'addiction. Les statistiques nationales sont effrayantes à ce sujet aussi bien en milieu scolaire fermé qu'en milieu social ouvert. Elles reflètent la situation problématique d'un milieu scolaire de plus en plus ouvert à tous les dérapages, avec une hausse de la consommation de la drogue sous toutes ses formes (ecstasy, cannabis, colle, médicament, subutex, cocaïne), ce qui rend compte de l'aggravation de la toxicomanie en Tunisie et la multiplication des maladies psychologiques ainsi que de l'apparition de la criminalité liée à l'usage de stupéfiants. L'association tunisienne de toxicomanie rend compte, dans l'une de ses récentes enquêtes menées en collaboration avec l'institut de la santé nationale et le groupe Pompidou relevant du conseil européen, qu'au moins 33% des élèves âgés entre 15 et 17 ans ont touché à la drogue. L'enquête menée sur un échantillon de 7.400 élèves issus des lycées publics ou privés montre que l'approvisionnement en drogue se fait à proximité des établissements scolaires. Le directeur de l'un des lycées du Kef a même fait savoir qu'il a eu affaire à des comportements bizarres de certains élèves dont quelques-uns ont été renvoyés de l'internat après avoir été appréhendés à l'intérieur du lycée en état d'ébriété, mais sans savoir la nature exacte de la substance consommée par ces élèves. Certains anciens élèves du lycée pilote du Kef nous ont même confié que la consommation de drogue était une pratique courante dans leur établissement. L'un d'entre eux aujourd'hui établi en Allemagne nous a raconté que plusieurs de ses camarades et lui-même ont consommé de la drogue à plusieurs reprises expliquant que leur fournissseurs était l'un de leurs connaissances, le plus souvent ayant leur âge ou presque. Aucun de leur groupe n'a été appréhendé par les services de sécurité d'autant plus que lors des premières années de la révolution le commerce de la drogue se pratiquait presque au vu de tout le monde. Aujourd'hui, le contrôle autour des établissements scolaires est devenu plus fréquent ce qui a contribué à dissuader plus d'un petit dealer. Saisie de quantités impressionnantes de drogues qui transitent à travers les frontières Avec l'étendue des frontières, le contrôle de la contrebande et du commerce de la drogue est jugé assez difficile pour les services de sécurité, la douane et l'armée nationale qui se battent sur plusieurs fronts, dont celui essentiellement de la lutte contre le terrorisme sur la frontière tuniso-algérienne par où transitent d'importantes quantités de drogue de diverses qualités y compris la cocaïne, d'autant plus que plusieurs quintaux de cette drogue sont régulièrement saisis par l'armée algérienne aussi bien près de la frontière tunisienne que du côté du Sahara. Ce trafic juteux a poussé tous les services de sécurité et de la douane à sonner la mobilisation générale ce qui leur a permis d'appréhender plusieurs trafiquants de drogue dans plusieurs régions, souvent des personnes étrangères. L'approvisionnement des élèves en petite quantité de drogues, nous expliquent certains adolescents, s'effectue généralement dans les villes près de réseaux mafieux qui s'organisent de façon de plus en plus complexe et étendue, et ce, pour faire échec aux services de sécurité, en faisant transiter l'acheteur par plusieurs circuits avant d'arriver au livreur de la marchandise. Dans certains cas, ce sont des jeunes à bord de motocyclette qui se passent le relais et l'information sur le mouvement des patrouilles des services de sécurité afin de sécuriser les opérations de livraison et de vente. Au final, le phénomène de la drogue est devenu un sujet d'inquiétude pour les parents que ce soit du côté des garçons que des filles car beaucoup de jeunes filles nous ont révélé que certaines anciennes élèves originaires de la région du Kef ont consommé de la drogue et continuent à le faire même en cachette chez elles, souvent en groupe de deux ou trois filles, ce qui rend nécessaire et urgent de renforcer la lutte contre ce fléau.