Aujourd'hui, la femme n'hésite plus à passer à l'acte comme en témoigne l'opération kamikaze qui a eu lieu récemment au centre de la capitale. C'est la première opération menée par une femme dans notre pays, met en garde le représentant du ministère de l'Intérieur, lors d'une conférence organisée par l'Ites. Le 14 octobre 2014, l'opinion publique découvre que c'est une jeune fille qui se charge de l'information et de la communication au sein de l'organisation terroriste Ansar El-Chariaa en remplacement du terroriste Afif Lamouri. Et c'est en octobre de la même année que six femmes jihadistes retranchées dans une cache à Oued Ellil ont riposté avec des armes à feu contre les forces de l'ordre et ont trouvé la mort. Et comme pour annoncer l'implication de la gent féminine dans les actions terroristes, le 29 octobre 2018, une kamikaze, âgée de 30 ans, s'est fait exploser en plein centre de Tunis, à proximité des forces de l'ordre postées à quelques mètres devant le Théâtre municipal de Tunis, souligne l'expert Sami Kallel lors d'une conférence organisée hier par l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) et consacrée à l'implication de la femme dans la nébuleuse terroriste ainsi que son rôle dans la radicalisation et l'embrigadement. Première opération terroriste menée par une femme Le représentant du ministère de l'Intérieur, Omar Hajji, a mis en garde contre l'augmentation du nombre de femmes tunisiennes radicalisées et leur participation à des actes terroristes, notamment dans les zones de conflits (Irak, Syrie, Libye). Le pourcentage de ces femmes est estimé à 10% en comparaison de celui des hommes, a-t-il informé. Après le démantèlement de plusieurs groupes terroristes, c'est la femme qui commence à prendre le relais sur le plan de l'embrigadement et du recrutement. Aujourd'hui, elle n'hésite plus à passer à l'acte comme en témoigne l'opération kamikaze qui a eu lieu récemment au centre de la capitale. C'est la première opération menée par une femme dans notre pays. Il explique que ces groupes terroristes veulent profiter de certaines traditions issues de l'identité arabo-musulmane du peuple tunisien pour compter encore plus sur la gent féminine dans l'organisation et la préparation des actes terroristes. En effet, les opérations de contrôle des femmes par les unités sécuritaires sont souvent très rares. Ceci n'empêche pas les unités sécuritaires d'être vigilantes. Une femme âgée de 63 ans a été par ailleurs arrêtée en 2016 par les forces de la lutte antiterroriste. Elle fournissait des provisions alimentaires aux terroristes dans la région du Kef, selon Omar Hajji Mais l'autre rôle qui est beaucoup plus important et qui incombe à ces femmes, c'est d'engendrer les futures générations de terroristes, d'autant plus que ceci ne coûte rien sur le plan financier après la fatwa lancée à ce sujet par le dignitaire religieux Saoudien Mohammed Al-Arifi concernant le mariage religieux. A ce propos, Omar Hajji explique que 100 enfants et 40 femmes portant la nationalité tunisienne se trouvent aujourd'hui soit dans les prisons ou dans les camps en Syrie et en Libye, ce qui pose un vrai problème au niveau du rapatriement de ces personnes et la stratégie à suivre à l'égard des terroristes de retour des zones de conflit en général. Reconstituer le puzzle de l'endoctrinement «Les femmes et le terrorisme», c'est le nom du livre signé par Amel Grami et la journaliste Monia Arfaoui et qui tente de décrypter cette relation entre le terrorisme et les femmes selon une double approche académique et médiatique. Invitée lors de cette conférence, Amel Grami a parlé d'une manière succincte de ce livre. Elle informe surtout que les gens se demandent le plus souvent quelles sont les raisons qui poussent la femme à emprunter ce chemin. « Non, il n'y a pas de prototype pour la femme terroriste, non plus pour l'homme », répond-elle. Derrière chaque femme qui prend part aux actions terroristes, une histoire et des raisons qui lui sont propres, ajoute l'oratrice. Parmi les causes, elle évoque la réclusion en raison de l'angoisse et la peur vécues dans le milieu familial. C'est l'ordinateur qui prend la place de la famille, qui devient l'ami et tout cela est de nature à faciliter la radicalisation, l'embrigadement et le recrutement des jeunes via les réseaux sociaux. Les filles ne cherchent plus alors qu'à se venger et ne ressentent que de la haine. Il faudrait former les jeunes et varier les méthodologies et approches de lutte, à savoir la sociologie du terrain, la psychologie religieuse, outre les approches de genre au niveau de plusieurs théories qui peuvent être pratiquées dans les centres de recherche, déclare Amel Grami. Et d'ajouter qu'on a aussi besoin de créer des laboratoires de recherche dans nos universités, d'une vision multidisciplinaire et de développer la coopération entre plusieurs universités qui s'investissent dans les recherches sur l'extrémisme violent, comme cela se fait hors de nos frontières en vue de trouver les solutions à l'endoctrinement. Les groupes terroristes profitent de la marginalisation de la femme pour les pousser à la radicalisation, souligne encore Sami Kallel qui évoque les principales motivations de l'endoctrinement dont le besoin de fuir une certaine réalité et d'aller vivre sur la terre d'Al-Khilafa, promise par Daech, où elles seront malheureusement soumises aux épreuves de la désillusion, apprendront la haine des non-musulmans et accepteront la polygamie et la violence faite aux femmes. En dépit de ce tableau noir dressé par les experts, Neji Jalloul, président de l'Ites, explique que la situation sur le plan de la lutte contre le terrorisme s'est améliorée depuis 2011, et ce, grâce à la femme qui a su faire face aux multiples tentatives de son exclusion de l'espace public. Il a toutefois reconnu le rôle important que joue la femme depuis 2015 sur le plan de l'endoctrinement. Parmi les causes qui ont conduit à cet état de fait, selon l'enquête conduite par l'Ites dans les prisons, il évoque l'injustice sociale.