La grève générale décidée par l'Ugtt le 24 novembre 2018 pour l'ensemble du secteur et de la fonction publics, qui est prévue pour le 17 janvier 2019, continue de faire l'objet d'un vaste conciliabule, le but étant de rapprocher les points de vue et d'éviter le recours effectif à cette forme majeure de protestation Les deux parties en négociations ont leurs arguments et les positions ne cessent d'évoluer. D'une part, la centrale syndicale historique souhaite rétablir le pouvoir d'achat des fonctionnaires par trop érodé, de l'autre, le gouvernement, aux prises avec sa crise financière et ses équilibres globaux, tente de donner satisfaction aux salariés de l'Etat sans outrepasser les normes internationales en vigueur qui plafonnent à 14% de l'ensemble du budget de l'Etat, la masse salariale de la fonction publique. L'un des critères qui conditionnent la crédibilité d'un pays en matière de gestion des finances publiques, qui fait partie des recommandations du Fonds monétaire international à l'adresse de la Tunisie. Le gouvernement avait consenti, dans une première évaluation, une enveloppe de 40 millions de dinars (40 milliards de millimes) mais l'Ugtt a estimé l'effort comme insuffisant par rapport à l'ampleur de la baisse ayant frappé le pouvoir d'achat et à l'importance du rôle que l'on attend de l'administration publique en ces moments clés de relance de l'économie et du développement. La proposition la plus récente ferait état d'une enveloppe de 70 millions de dinars (milliards de millimes), mais les discussions se poursuivent notamment sur la date d'effet d'une telle augmentation salariale. Sami Tahri, membre du bureau exécutif de l'Ugtt, a officiellement fait part hier de cette progression dans les négociations, mais il a rappelé que cette nouvelle proposition gouvernementale restait inferieure aux attentes de la Centrale syndicale, rappelant que les syndicalistes revendiquaient une augmentation des salaires de la fonction publique à hauteur de celle accordée aux salariés des entreprises du secteur public. Le secrétaire général adjoint de l'Union a cependant affirmé que les négociations restent ouvertes à l'éventualité d'un accord avant la date de la grève générale. Et le dirigeant syndical de souligner le niveau de dégradation qu'a subi le pouvoir d'achat, l'évaluant à 40%. Une nouvelle réunion avait groupé, jeudi, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et le secrétaire général de l'Ugtt, Noureddine Taboubi, comme prélude à la tenue de la Commission mixte 5+5. La discussion a tourné autour de l'objectif de rapprocher les options des deux parties tant à propos de l'ampleur de l'augmentation que quant à la date de l'effectivité de sa mise en application. A propos de cette dernière, le gouvernement a une nouvelle fois amélioré sa proposition passant du 1er janvier 2019 au 1er octobre 2018. Sami Tahri a, par ailleurs, confié que « des partis politiques diffusent des rumeurs selon lesquelles on est parvenu à un accord », alors que d'autres prétendent, a-t-il affirmé, jouer un rôle d'intermédiaire alors qu'ils entravent les négociations (une allusion visant Ennahdha et son président, Rached Ghannouchi). Et Tahri de lancer : « Nos négociations sont limpides, transparentes et menées directement avec le gouvernement ». Précisant que « la seule réunion ayant groupé l'ensemble des organisations et des partis politiques soutenant le gouvernement l'a été à l'invitation du chef de l'Etat. A part cela, il n'y a eu aucune intermédiation, car le dialogue social a ses règles et ses lois ». Vendredi dernier, le président de République, Béji Caïd Essebsi, a, une nouvelle fois, reçu le secrétaire général de l'Ugtt. La réunion a permis de passer en revue la situation sociale du pays et l'avancée des négociations à propos des salaires de la fonction publique. Le leader syndical a ressorti le rôle éminent que joue le président de la République dans la recherche de solutions à la crise actuelle. L'entretien a également mis en avant l'impératif de mettre en œuvre tous les efforts communs de nature à apaiser le climat social et de faire baisser les tensions qui secouent divers secteurs. Quant à Samir Majoul, président de l'Utica, il a fait part de son bonheur quant à la tenue de cet entretien accordé par le chef de l'Etat au leader syndical. « Chaque fois qu'on se voit, on réfléchit à comment faire sortir la Tunisie de cette situation de crise. Il n'y a pas eu une seule rencontre où l'on n'a pas gagné quelque chose. D'ailleurs, lors de la dernière rencontre avec le chef de l'Etat, beaucoup de choses ont été clarifiées». Un témoignage qui corrobore le souci du président de la République de contribuer par tous les moyens à désamorcer les crises ou à rapprocher les points de vue.