En terminant meilleur buteur en 1986, Nabil Tasco a réalisé quelque chose d'unique. Il a été le prototype du joueur sobre et efficace, capable d'évoluer dans plusieurs postes. Sa longévité sportive témoigne de sa totale adhésion aux exigences du football moderne. Nabil Tasco a été un joueur exemplaire et a fait preuve d'une fidélité sans faille : dix-sept ans de compétition avec le CSHL, un record en dépassant Khaled Hosni et Anis Ben Chouikha. Il a été un des piliers du CSHL, et un des rares rescapés qui a remporté la Coupe de Tunisie en 1985 après avoir battu en finale le grand Club Africain. Nabil Tasco s'est investi dans le football dès son enfance à Hammam-Lif. Cette idylle a préoccupé ses parents sans leur inspirer de solutions. «J'étais passionné de football et dès l'âge de six ans, l'entraîneur Ahmedi Zoghlami m'a fait signer ma première licence avec le CSHL sans l'aval de mes parents qui étaient contre l'idée de jouer le football dans un club tel que le CSHL. Dans les catégories des jeunes, j'ai trouvé avec moi des écoliers qui sont devenus après de grands joueurs tels que Noureddine Bousnina, Khaled Belarbi, Gantri et Maher Azzabi. J'ai eu deux entraîneurs qui m'avaient bien encadré, à savoir feu Abderrazak Aloui et Abdelaziz Zouari. Avec ma taille et ma technique, je n'ai rencontré aucune difficulté à m'adapter et à m'imposer dans tous les postes de la défense. En 1982 et dès ma première saison avec les juniors, j'ai été sélectionné en équipe de Tunisie avec mon coéquipier Karim Kasri. Cette convocation a poussé l'entraîneur des seniors Amor Drib à m'intégrer avec l'équipe fanion du CSHL. J'étais fou de joie. Quelle fut ma fierté d'être dans le même vestiaire avec Témime, Habib Mejri, Tarek Gharbi, Shili et Lamine Ben Aziza», a souligné le glorieux Nabil Tasco. A 17 ans, le pivot longiligne hammamlifois a débuté sa carrière face à la JSK au stade d'Hammam-Lif comme arrière droit. Face aux Aghlabides, Nabil Tasco a confirmé son intelligence tactique et sa rigueur défensive. «En effet, depuis ma titularisation face à la JSK, je n'ai plus perdu ma place de titulaire. Je suis le seul joueur hammamlifois à avoir ce record en dépassant Khaled Hosni et Anis Ben Chouikha. J'étais arrière droit à mes débuts, mais pour mon second match face au ST, Amor Dhib m'a fait évoluer comme pivot. Depuis, j'ai consolidé ma place de titulaire à l'entrejeu de mon club. J'ai commencé à tenir mes promesses comme pivot et aussi comme buteur grâce à ma taille dans les balles arrêtées et les corners. L'arrivée de Dietcha a été mon salut parce que je suis devenu le joueur à tout faire au sein de cette équipe hammamlifoise aguerrie et ambitieuse à gagner des matches face aux grands. Ma responsabilité est devenue plus grande en surveillant de près de grands joueurs tels que Samir Bakaou et Mohieddine Habita et j'ai bien rempli mon contrat en me qualifiant en finale face au CA, grand favori. Ce fut une finale intense et assez tactique. Il a fallu les tirs au but pour départager les deux équipes. Nous avions été assez adroits aux tirs et nous, les jeunes avec Bousnina et Kasri, avons réussi à marquer les trois tirs. Ce fut le grand délire à Hammam-Lif qui était en liesse pendant des mois. A 19 ans, j'ai réussi à avoir une Coupe de Tunisie et assurer une qualification en demi-finale de la CAF après avoir raté notre match aller en concédant le nul (0-0). Le retour a été fatal puisque nous avions concédé une large défaite par 0-3. Ce fut une saison exceptionnelle et un bon souvenir». Meilleur buteur en tant que pivot Le CSHL et Nabil Tasco connaissent, enfin, le couronnement avec cette Coupe de Tunisie et Hammam-Lif vit sa plus belle soirée ramadanesque. Les banlieusards nourrissent d'autres ambitions telles que la Coupe d'Afrique où le CSHL a fait une aventure exceptionnelle jusqu'en demi-finale. Mais la satisfaction est venue aussi de Nabil Tasco qui a réussi à défier tous les attaquants de la Ligue 1, en gagnant le titre de meilleur buteur avec 13 buts, devançant Bayari, l'Etoilé Gabsi et Nabil Maâloul. «Ce fut une saison formidable. J'ai réussi à défier tous les attaquants en étant pivot. En effet, cette saison 86 a été exceptionnelle. J'ai battu tous les gardiens tels que Chouchène, Slah Fessi, le Cabiste Acmia et Zayani. Mais avec le regretté André Nagy, le CSHL a connu une chute catastrophique en descendant en Ligue 2, après avoir été battu face au SRS lors d'un match barrage. Heureusement pour nous, nous avons retrouvé la Ligue 1 la saison d'après», a-t-il ajouté avec son air calme et inspiré. Certes, la saison 88 a été une année à oublier pour le CSHL qui n'a pas pu s'empêcher d'être relégué. Il y a eu beaucoup de décisions illogiques de la part des dirigeants et aussi du départ de quelques éléments-clés. L'arrivée de Habib Mejri en 1990 à la barre a redonné le goût de rejouer aux joueurs hammamlifois. «En effet, avec Habib Mejri, j'ai retrouvé l'envie de faire des efforts pour le bien de l'équipe présidée par Naceur Boufarès. Avec Belhassen Aloui, Fitouri, Chambachi et Petrov, nous avons réussi à hisser le CSHL à la 4e place. Le mérite revient à Habib Mejri. Je saisis l'occasion de mettre en exergue les qualités exceptionnelles du regretté André Nagy qui a fait du bien au football tunisien. Ses conceptions tactiques sont actuellement élaborées par Barcelone, la Juventus, le Real et le Bayern. C'était un grand entraîneur. Je remercie aussi Amor Dhib et Habib Mejri qui m'ont trop aidé…», a ajouté Nabib Tasco. L'appel de Attouga A 32 ans, le pivot a décidé d'arrêter sa carrière avec le CSHL en 96-97 (après le match OK-CSHL) après la descente en Ligue 2, c'est ce que lui reconnaît le public banlieusard. Le joueur a été exemplaire, généreux et fidèle. Il a offert et partagé les satisfactions et les déceptions du club hammamlifois. Quant à ses qualités techniques et sa maturité tactique, elles ne peuvent souffrir d'aucune contestation. Sa carrière et ses chiffres étant déjà une preuve irréfutable. «Après avoir fait une carrière de 17 ans au CSHL, j'ai décidé de changer l'air. J'ai eu des propositions de la part de l'Espérance, du ST et du CA. Mais après un désaccord financier avec le ST, Attouga m'a téléphoné à l'aéroport pour venir signer au CA. Je n'ai pas refusé une telle offre venue de la part de Serafin et du président Saïd Naji, que je remercie beaucoup. Ce fut une année exceptionnelle avec le CA. J'ai été respecté et j'ai eu ma chance de jouer aux côtés de Tajouri, Amrouche, Hanini, Nasri, les frères Sellimi», a souligné Nabil Tasco. Après le CA, Nabil Tasco a fait une expérience avec Ohod et ESZ. Mais en 1998, il a décidé d'arrêter sa carrière footballistique et d'intégrer le monde des entraîneurs. «C'est mon ami Mohamed Bessaïes qui m'a encouragé à passer les examens d'entraîneur. J'ai eu mes deux degrés qui m'ont facilité mon travail dans les catégories des jeunes du CSHL. Dhaouadi, Harrane, Arbi Mejri, Marzouki, Saâda Nefzi, Zekri et Khéfifi sont mes joueurs. Ils sont passés par mes entraînements. Le CSHL a été toujours un réservoir, comme la JSK et l'OB. En 2017, j'ai entraîné les juniors d'Al Ahly Saoudien avant de prendre les destinées de l'équipe seniors composée de Chaâbani et Ben Chouikha, mais après sept journées, j'ai décidé de quitter le club. Le plus important est de penser au club. Il est urgent que les gens et les hommes d'affaires aident le CSHL de s'en sortir, sinon ce sera la relégation. Il faut des renforts pour faire face aux équipes lors de la phase retour qui s'annonce très délicate pour l'équipe hammamlifoise. Actuellement, je suis le DTN de l'Académie, avec 200 futurs joueurs. Nous sommes sur la bonne voie. Ils doivent apprendre la discipline avant la technique, je pense sérieusement à passer mon 3e degré qui me permettra d'entraîner au Golfe. Je suis ambitieux et mon heure viendra avec mes diplômes», a conclu Nabil Tasco. Aujourd'hui, Nabil Tasco cherche à tenter sa chance dans le Golfe, mais en attendant, il est bien entouré avec sa famille, sa femme et ses trois filles (Siwar, Fédia et Aya). Il ambitionne de rendre au football ce qu'il lui a donné…