La Coordination nationale des ouvriers de chantier menace de lancer un sit-in dans toutes les régions du pays au cas où le gouvernement continuerait à ignorer ses revendications S'il y a un dossier qui pourrait exploser à n'importe quel moment, c'est bien celui des ouvriers de chantier, cette catégorie socio-professionnelle vulnérable, jusque-là confinée dans des emplois précaires, sans aucune couverture sanitaire. Leur nombre dépasse, en tout, 84 mille dont la majorité, en manque de formation, travaillent dans des chantiers régionaux tous azimuts à caractère agricole, gardiennage ou travaux d'intérêt public. A quand la solution ? Et jusqu'à quand cette fuite en avant ? Ainsi, se demande la Coordination nationale de ces travailleurs temporaires qui a, toujours, réagi, pacifiquement, aux manœuvres dilatoires du gouvernement. Aller jusqu'à descendre dans la rue, manifester devant l'ARP au Bardo ou même protester à La Kasbah, cela n'a rien changé. Ses appels, maintes fois lancés, sont tombés dans l'oreille d'un sourd ! La balle est, désormais, dans le camp du gouvernement. Ce dernier n'a, pourtant, cessé de promettre monts et merveilles. Que revendiquent ces ouvriers, il y a, maintenant, huit ans ? En si peu de mots, la régularisation définitive de leur situation : la confirmation officielle dans leurs postes respectifs, une bonne fois pour toutes et leur recrutement dans la fonction publique. Ils se sont, d'ailleurs, considérés comme étant partie de la solution et non du problème. Leur souci est d'accéder à un emploi décent, sans exclusion ni marginalisation. Du baume au cœur, mais... A chaque fois qu'ils montent au créneau, haussant le ton, le gouvernement agit, alors, en pompiers du dernier quart d'heure. Sans jamais avoir honoré ses engagements. Ce dernier, semble-t-il, n'a pas encore saisi la leçon du passé. Qu'attend-il pour éviter l'inévitable? Ventre affamé n'a point d'oreilles, dit l'adage. Surtout que le ministre des Affaires sociales, M. Mohamed Trabelsi, lui-même, a reconnu la légitimité de leurs demandes, les rassurant qu'il y aura de la lumière au bout du tunnel. Son apparition sur un plateau télévisé, il y a presque une année, a mis du baume au cœur : « Aucun ouvrier de chantier ne sera congédié», avait-il déclaré, s'engageant à leur recrutement effectif. Mais, il y a un hic: « La régularisation de la situation n'est pas aussi facile, vu les difficultés rencontrées à plusieurs niveaux», avait-il révélé, par la même occasion. Pourquoi ? Tout d'abord, à l'échelle des régions intérieures qui sont, généralement, dépourvues d'entreprises et de potentiel professionnel. Secundo, de par les profils très limités que présentent ces ouvriers, dont la majorité est carrément analphabète ou déscolarisée. Avec une toute petite minorité de diplômés. Seul le dialogue l'emporte ! N'empêche, leur intégration a, aujourd'hui, plus qu'une raison. Après huit ans, il n'y a aucun motif d'être banalement remercié ou laissés pour compte. Quitte à devenir une véritable bombe à retardement. Pas plus tard que le mois dernier, la Coordination nationale des ouvriers de chantier a resserré ses rangs, prête à élever la contestation à un palier supérieur. D'ailleurs, elle compte lancer un sit-in ouvert dans toutes les régions du pays. Dans son dernier communiqué, daté du 20 décembre 2018, il y a eu grande déception ressentie des promesses non tenues. Tout porte à croire qu'il n'y aura plus de recul face aux tergiversations du gouvernement et à sa dérobade à peine voilée. « Huit ans, déjà, nous arrivons à un point de non-retour. Il n'y a d'autre alternative que la régularisation juste et équitable de ce dossier.. »,y lit-on encore. Et de marteler que le recours à la répression ne sera pas la solution. Seul le dialogue l'emporte, lance-t-elle, en conclusion. Sinon, ce mois de janvier s'annonce des plus chauds.