Récemment, le ministre des Affaires sociales, M. Mohamed Trabelsi, a révélé que «la régularisation de la situation n'est pas aussi facile, vu les difficultés rencontrées à l'échelle des régions intérieures dépourvues d'entreprises et de potentiel professionnel. Des commissions planchent actuellement sur ce dossier, afin de trouver une issue favorable». Ouvriers de chantier, à quand la solution ? On parle, aujourd'hui, de plus de 84 mille emplois précaires, dont le dossier est encore en stand-by depuis 2011. Et ce contrairement à leurs collègues, dans la même situation bien avant la révolution, mais qui avaient finalement trouvé leur compte. De même pour ceux relevant du mécanisme 16, ayant fait rupture avec toute forme de sous-traitance. A qui profite la crise ? Pourquoi n'en a-t-on pas fini avec les tergiversations, voire ce manège dilatoire ? Aucun des huit gouvernements successifs à la tête de l'exécutif n'a osé ouvrir ce grand chantier. Pourtant, il y a promesses de résolution, d'ici la fin de ce mois. Mais, on ne voit, à ce jour, rien venir, et il semble que cela va encore durer. Récemment, le ministre des Affaire sociales a révélé que la régularisation de la situation n'est pas aussi facile. Toutefois, estime-t-il, il y aura de la lumière au bout du tunnel. Sa dernière apparition sur un plateau télévisé n'a pas manqué d'apporter de la joie à ces milliers d'âmes: « Des commissions planchent actuellement sur ce dossier». D'ailleurs, lui aussi s'est dit pleinement engagé à passer à leur recrutement effectif. « Aucun ouvrier de chantier ne sera congédié », a-t-il franchement rassuré. Cela dit, certains seront, officiellement, confirmés dans leurs postes actuels (gardiennage, travaux d'intérêt public, etc), d'autres pourront être, probablement, réintégrés dans la fonction publique. Et partant, il importe de rappeler, chiffres avancés par le ministre lui même, que 70% œuvrent dans des chantiers régionaux (23% à Kasserine) et 30% dans des travaux à caractère agricole. Leur âge varie entre 20 et 49 ans dont la majorité, soit 59%, est analphabète ou déscolarisée, contre seulement 5% de diplômés. Voilà ce qu'ils demandent En manque de savoir-faire et de formation professionnelle, ces profils limités ne répondent pas aux besoins d'ordre économique. Ni n'ont beaucoup de chances d'intégration. Déjà, ils ne bénéficient pas tous de couverture sociale, ni de droit d'accès aux soins de santé. Dans une récente déclaration à notre consœur «Essahafa», M. Trabelsi avait surpris l'opinion : «2.000 ouvriers de chantier sont recherchés par la justice, 118 gardiens inscrits dans un centre de santé de base situé au Sud et 121 autres concentrés dans une même école primaire à Béja». Un état des lieux, certes, digne de réforme, sans pour autant toucher aux ayants droit. Cela va de soi ! Parce que chacun des gouvernements passés s'est contenté de laisser l'eau couler sous les ponts, il y a maintenant presque 8 ans. Rien de surprenant, tant que l'Etat, responsable numéro un, n'a pas tranché la question. La solution ne sera jamais d'ordre sécuritaire. Même les promesses maintes fois déclarées ne semblent plaire à personne. Ni à ces ouvriers temporaires, ni à l'Ugtt, leur bannière. Et pour cause. Le collectif des coordinations régionales des ouvriers de chantier reviendra à la charge. Dans un communiqué rendu public mardi dernier, il a décidé d'entrer, ce lundi 19 mars, dans une grève générale, suivie d'un sit-in à la Place de La Kasbah. Le tout sur fond de mouvements de protestation tous azimuts. Et les frondeurs annoncent la couleur : pas de répit ni de relâche jusqu'à la régularisation définitive de la situation. Ils appellent le gouvernement à assumer ses responsabilités pour résoudre ce dossier. L'Ugtt, poursuit le même communiqué, a fait de son mieux pour parer à toutes les difficultés. Leurs revendications : le non-retour à la sous-traitance, aucune exclusion pour les ouvriers de chantier ou de retard dans le versement de leurs salaires, y compris de ceux en âge de retraite. Ils refusent même la proposition de la formation. Le recours à la force pour réprimer leurs mouvements pacifiques, menacent-ils encore, ne pourra guère les dissuader de leurs objectifs. Escalade en vue, pour ainsi dire !