Jihed Jaballah au-dessus du lot ! On le flairait, on s'y attendait et on «l'encaissait» déjà «sereinement»: la Tunisie ne pouvait que limiter les dégâts face à la Norvège lors de son match d'ouverture, d'avant-hier soir, dans le cadre du championnat du monde qui se déroule au Danemark. Oui, le rêve était franchement interdit, parce que tout simplement irréalisable. En effet, face aux vice-champions du monde, face à une grande école aux traditions handballistiques vieilles comme le monde et à la réputation de rigueur universellement établie, seul un adversaire de renom a le courage et le droit de montrer le bout du nez et de s'engager dans un bras de fer. En tout cas, pas notre sept national qui végète dans la… 19e place du dernier classement mondial. Un sept privé, par-dessous le marché, de son meilleur arrière droit et… quand «un seul être vous manque, tout est dépeuplé», dit-on. Bien évidemment, on aurait bien aimé subir une défaite moins lourde, une raclée moins méchante, car c'aurait été moins pesant sur le moral et plus motivant pour le reste du parcours. Hélas, nul ne peut, en matière de haute compétition, et à plus forte raison en handball, désobéir à l'implacable loi du réalisme. Le naufrage Et pourtant, tout a bien commencé pour les nôtres qui étalaient, pendant quinze bonnes minutes, des dispositions prometteuses. On sentait justement que l'équipe était prête dans tous ses compartiments, qu'elle voulait oser et que les Norvégiens n'étaient pas conviés à la promenade de santé qu'ils escomptaient. Au point qu'ils n'arrivaient ni à mater la fougue de l'ailier Boughanmi ni à annihiler les veilletés de nos deux pivots Jaballah et Chouiref, alors que les deux perles noires Jallouz et Sanaï bombardaient, comme des sourds, les bois adverses. De retour aux vestiaires, on ne pouvait mieux espérer : juste trois buts de retard à notre passif (18-15). N'empêche qu'au tréfond de notre âme, et connaissant les traditions du handball scandinave très fort au finish, on avait encore peur pour nos représentants. Cette crainte guère déplacée ou exagérée sera malheureusement traduite par les faits à partir de la 45', lorsque la machine norvégienne se mettait foudroyante à jeter le feu. Et bonjour les dégâts qui s'achèveront par un véritable naufrage avec dix points d'écart au final (34-24), grâce à ce fulgurant rouleau compresseur conduit par le trio de choc Joëndal-Sagösen-Myrnhöl, auteurs, à eux trois, de quasiment 80% des buts des leurs. Dédramatiser Maintenant, comment juger cette déroute? S'il y a toujours chez nous ceux (une minorité heureusement) qui s'empresseront de mettre à profit cette «aubaine» pour, comme à l'accoutumée, crier à la honte, obnubilés qu'ils sont par des calculs personnels étroits dictés par le jeu bas des règlements de comptes, il n'en demeure pas moins vrai que cette défaite n'a absolument rien d'alarmant. Elle entre plutôt dans la logique des choses, voire dans le planning du sélectionneur qui est conscient comme d'ailleurs tous les observateurs avertis de l'impossibilité de battre la Norvège et le Danemark, misait essentiellement sur les trois autres rencontres restantes pour espérer s'emparer de la 3e place qualificative au 2e tour. Faisons-lui donc confiance, et on ne perdrait rien à se cramponner à ce fil d'espoir. Signalons enfin que les buts tunisiens de ce match ont été l'œuvre de Jihad Jaballah (5), Oussama Boughanemi (4), Marouene Chouiref (2), Ramzi Majdoub (2), Oussama Hosni (2), Mosbah Sanaï (2), Wael Jallouz (2), Anouar Ben Abdallah (1), Rafik Bacha (1), Kamel Alouini (1), Mohamed Soussi (1) et… le gardien Marouene Megayez (1). En direct du Danemark - Journée de repos aujourd'hui dimanche. Elle sera consacrée à des séances de décrassage et de visionnage de vidéos, outre une légère séance d'entraînement. Le tout en prévision de la rencontre de demain face à l'Arabie saoudite qui a, elle aussi, perdu son match d'ouverture devant l'Autriche (29-22). - Après la fin de notre confrontation contre la Norvège, le président de la fédération Mourad Mestiri a tenu à aller voir les joueurs et leurs staffs pour leur remonter le moral et les inciter à oublier. - Nous apprenons que la télévision nationale tunisienne aurait arraché in-extremis les droits de retransmission des rencontres du sept national. Une bonne nouvelle, quand on sait que, face à la volte-face de beIN Sports, seules trois chaînes française, allemande et portugaise passent quelques matches du Mondial. Et au compte-gouttes, SVP, et pas un seul pour la Tunisie !