Présenté au cinéma le Rio, «Assoiffés tunisiens» a bouleversé l'assistance par la réalité poignante qu'il transmet. Un documentaire humain et citoyen d'un cinéaste ancré dans le cinéma réalité. D'une série de 15 web-docs qui met à nu les inégalités entre les régions et la question cruciale de la distribution des richesses hydriques, est né un film documentaire de 90 minutes. «Assoiffés tunisiens» est un périple, à travers la route de l'eau… hommes et femmes du nord au sud de la Tunisie racontent un quotidien marqué par le manque, asséché par la privation et une réalité au-delà de l'imaginable. Des villages du sud non reliés au réseau de distribution de l'eau potable… Des oasis asséchées devenues infertiles… ses quartiers détruits et désertés par ses habitants à cause du manque d'eau… Au Nord, des sources d'eau abondantes dilapidées…des villages bordant des barrages souffrent de soif… Des situations aussi paradoxales qui résumeraient l'inégalité des chances et les différences entre les régions… «Assoiffés tunisiens» est l'histoire de milliers de Tunisiens qui luttent chaque jour pour quelques gouttes d'eau… Avec ce film, Ridha Telili jette une grosse pierre dans la mare, puisse-t-elle faire bouger les eaux stagnantes ! C'est au nom de Ayan Ken qu'il répond depuis la réalisation de son premier film éponyme; depuis, la caméra de Ridha Telili est une caméra citoyenne, son travail est à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, la tradition cinématographique et la technologie de pointe. Il a forgé son propre style dans le cinéma-vérité. Et dresse le portrait de plus d'une quinzaine de personnes du nord au sud du pays. Des portraits qui racontent, dénoncent, et même rient d'une situation kafkaïenne au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Ce projet produit par «Nomad 08», et soutenu par la fondation Rosa Luxemburg Stiftung, a été tourné dans plus d'une quinzaine de gouvernorats, faisant de cette question vitale un enjeu non seulement humanitaire mais aussi cinématographique. Ridha Telili s'arrête sur les visages, en dessine les contours, focalise sur les détails et écrit, en images, un manifeste qui trace les pourtours d'une vie desséchée, vers des régions, où l'abondance hydrique peut devenir menaçante. Sur la route de l'eau, ce périple nous fait découvrir l'eau comme source de vie, comme force de la nature, qui conditionne vie économique et sociale et décide du présent et de l'avenir de l'homme. Et à partir de ce voyage, on explore la condition humaine, on s'interroge sur l'égalité des chances, sur l'équité, sur l'organisation et la distribution des richesses, sur l'injustice et le droit à la vie et à la dignité.