Les parents ne se font plus d'illusion. Ils savent que dès qu'un problème est résolu, un autre se profile à l'horizon. C'est ce que veut nous démontrer la Fédération générale de l'enseignement de base. Celle-ci affûte ses armes en préparation d'une grève générale le 6 mars prochain. Toujours est-il que les revendications des uns et des autres n'ont pas de limites. Dès qu'on résout les problèmes d'un secteur et que l'on parvient à un accord avec une partie, on s'aperçoit qu'une autre brèche s'ouvre et que d'autres demandes s'amoncellent. C'est dans un climat tendu que la Fédération générale de l'enseignement secondaire (Fges) organise sa « journée nationale de colère ». Les enseignants sont chauffés à blanc par des discours empruntant aux lexiques une terminologie guerrière et poussant à des attitudes belliqueuses. On dirait que les troupes de la Fges partent en guerre contre un ennemi juré. Qu'à cela ne tienne. Les pages du syndicat, sur les réseaux sociaux, n'ont cessé de mobiliser les enseignants grâce à un matraquage systématique et des slogans dont la teneur hostile au ministère ne laisse aucun doute sur la détermination des organisateurs à maintenir la pression. Journée de colère : une de plus ! Même son de cloche du côté de la Centrale syndicale qui n'en revient pas sur ce qui s'est passé lors de la journée de colère des parents et de la société civile. Les accusations de l'Ugtt sont, tout simplement, réductrices d'un mouvement qui s'est caractérisé par la sincérité des parents à défendre l'intérêt de leur progéniture. Les tentatives de diabolisation d'un tel élan nous rappellent, carrément, les mêmes accusations des régimes politiques d'avant 2010 lorsqu'il s'agissait de réactions populaires. C'est-à-dire que ces gens qui ont manifesté récemment n'ont aucun poids et qu'ils ne sont rien. Ces parents sortis vendredi dernier seraient, d'après l'Ugtt, infiltrés par des « ennemis » de la Centrale syndicale et qu'il y aurait manipulation de ce mouvement. Ainsi, d'un revers de main, on méprise de telles actions de protestation parce que ce sont des parents. Et, justement, on connaît très bien la position des syndicats concernant la représentation des parents au sein des instances éducatives. La proposition du ministère de l'Education d'impliquer les parents dans les Conseils de l'éducation dans les établissements scolaires a rencontré une grande hostilité de la part des syndicats. Pourquoi ? C'est facile à comprendre. Par ailleurs, les observateurs de la scène politico-politicienne n'ont pas manqué de noter le choix de la date de ce vaste mouvement de contestation (6 février). Une date symbolique pour un mouvement politique touché par l'assassinat d'un de ses membres. Donc, cette action ne peut en aucun cas être anodine puisqu'elle s'inscrit (que ses initiateurs le veuillent ou non) beaucoup plus dans une optique politicienne que dans le cadre de « combats pour la dignité de l'enseignant et de l'école ». Cette « journée nationale de colère », ne l'oublions pas, se déroule alors qu'il y a, en même temps, un sit-in dans le siège du ministère depuis le 22 janvier 2019. Fges et Fgeb se relayent De son côté, la Fédération générale de l'enseignement de base (Fgeb) s'apprête à prendre la relève de sa consœur la Fges. En effet, comme tout le monde s'attend, avec plus ou moins de conviction à la résolution (du moins partielle, de la grave crise au niveau des collèges et des lycées), la Fgeb prévoit d'autres mouvements pour maintenir le cap protestataire sur le ministère de l'Education, comme les rassemblements et les sit-in. Ainsi, l'image d'une stratégie de sape concertée à l'encontre du système éducatif se fait jour. Cela est d'autant plus vrai que l'on fait un parallèle avec ce qui se passe dans l'enseignement supérieur où 120.000 étudiants subissent le boycott administratif de ce qu'on appelle l'Union des enseignants universitaires chercheurs de Tunisie (Ueuct). Celle-ci a, déjà, des suites dans les idées puisqu'elle projette de priver ces étudiants des examens du second semestre. En d'autres termes, comme ses homologues du secondaire et, peut-être, du primaire, on agite la menace d'une année blanche. C'est devenu à la mode ! Toujours est-il que les revendications des uns et des autres n'ont pas de limites. Dès qu'on résout les problèmes d'un secteur et que l'on parvient à un accord avec une partie, on s'aperçoit qu'une autre brèche s'ouvre et que d'autres demandes s'amoncellent. Concernant la Fgeb, l'argument avancé pour justifier cette action de protestation n'est autre que l'application de l'accord du 8 mai 2018. Ce syndicat applique, de la sorte, la décision de sa Commission administrative sectorielle qui s'est réunie samedi dernier. Selon les déclarations faites à la suite de la réunion, les responsables ont affirmé qu'une grève générale dans l'enseignement primaire sera décrétée le 6 mars prochain dans tout le pays (jour pour jour après la « journée nationale de colère » de leurs amis du secondaire). Toujours d'après les déclarations des membres de ce syndicat, les principales revendications ont trait à l'application totale des accords conclus avec l'autorité de tutelle dont, notamment, l'amélioration du pouvoir d'achat des enseignants, la révision de l'arsenal juridique (particulièrement en ce qui concerne la protection des enseignants et l'établissement d'une liste des maladies professionnelles). De plus, il est question de la réforme du système éducatif par le biais de l'amélioration des conditions de travail sans oublier la révision des systèmes et mécanismes d'évaluation et des programmes. Un autre point qui est à l'ordre du jour des revendications se rapporte à l'ouverture des horizons devant la promotion professionnelle des enseignants.