Les revenus comptabilisés par l'Ontt sont estimés à seulement 4 milliards de dinars en 2018. Or, en comptabilisant les revenus de la clientèle algérienne, libyenne et tunisienne résidente à l'étranger, ce montant passe à 7,2 milliards de dinars. C'est dire la grande différence entre les deux chiffres La Tunisie a repris les activités touristiques à un rythme normal. Nombreux touristes de nationalités diverses préfèrent, en effet, visiter le site tunisien et profiter du paysage naturel, des monuments historiques et culturels qui sont mémorisés dans leurs caméras. Le site ne se limite plus, comme c'était le cas des années durant, au balnéaire — notamment pendant la haute saison — mais il offre d'autres produits aussi attirants les uns que les autres. Les circuits touristiques comportent des visites dans les anciennes médinas, les sites archéologiques et les parcours environnementaux. Il existe, bien entendu, les activités sportives comme le Golfe, le rallye et le cross qui séduisent plus d'un touriste. Cependant, malgré cette relance du secteur touristique, les recettes en devises ne reflètent pas les ambitions des professionnels et encore moins celles des pouvoirs publics. La dépréciation continue du dinar par rapport aux devises étrangères et notamment l'euro et le dollar a eu un impact négatif sur ces recettes dont la Tunisie a tant besoin. En effet, les revenus provenant du secteur du tourisme comptabilisés en devises par l'Office national du tourisme tunisien (Ontt) tiennent compte uniquement des dépenses des touristes européens et ne répondent pas aux standards de l'Organisation mondiale du tourisme (Omt) en matière de calcul des recettes. Des chiffres à revoir Ces données sont, en tout cas, avancées par un professionnel du secteur, en l'occurrence Khaled Fakhfakh, président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie qui est bien placé pour juger l'importance des revenus en devises. Selon lui, les revenus comptabilisés sont estimés à seulement 4 milliards de dinars en 2018. Or, en comptabilisant les revenus de la clientèle algérienne, libyenne et tunisienne résidente à l'étranger, ce montant passe à 7,2 milliards de dinars. C'est dire la grande différence entre les deux chiffres. A noter que le tourisme maghrébin connaît, depuis les dernières années, une dynamique appréciable suite à l'affluence de plusieurs touristes algériens et libyens qui séjournent dans des hôtels ou des villages de vacances en mettant le prix fort. Et M. Fakhfakh de souligner que les revenus non comptabilisés en devises sont estimés à 4,1 milliards de dinars. Ce montant peut être investi dans plusieurs projets d'intérêt national ou au profit du secteur pour améliorer ses prestations. Les chiffres publiés par l'Ontt excluent les recettes payées en dinar, les dépenses des Tunisiens résidents à l'étranger (actuellement comptabilisés en revenus du travail), les revenus du tourisme médical, ceux du transport aérien et maritime et ceux de l'artisanat. Il n'est pas normal qu'une telle méthode de comptabilisation perdure car cela fausse les statistiques relatives au secteur touristique qui contribue dans une large mesure au taux de croissance économique. D'où la nécessité de revoir la méthode utilisée pour avoir des chiffres plus proches de la réalité. Le poids réel du tourisme Ces éléments comptables sont considérés comme des standards utilisés par tous les pays du monde et recommandés, depuis l'an 2000, par l'OMS en tant que «compte satellite du tourisme ». Tous les pays du monde doivent se conformer à ces standards pour publier des chiffres crédibles en adoptant une méthode de calcul des recettes touristiques en devises claire et transparente. En fait, l'objectif «comptes satellites du tourisme» est de mesurer le poids réel du tourisme dans l'économie tunisienne. Une étude a été, d'ailleurs, élaborée en 2014 — non encore publiée par l'Ontt — montrant clairement que la part du tourisme dans le PIB est de 13 voire 17% si l'on tient compte des revenus des Tunisiens résidents à l'étranger. Dans ce même ordre d'idées, Mouna Ben Halima, secrétaire général adjointe de la FTH, indique que les chiffres publiés sur le secteur touristique occultent une grande partie, soit 50%, des recettes calculées par la FTH. Et dire que depuis des années, la comptabilisation des recettes touristiques ne reflètent pas vraiment la réalité. D'où la nécessité de se conformer aux standards établis par l'OMT et de régler la question des opérations de change réalisées par les étrangers dans les circuits parallèles. L'objectif final étant de refléter la véritable place du secteur touristique dans l'économie nationale. Mais cela n'empêche pas la FTH d'exprimer sa satisfaction quant à la croissance enregistrée en 2018 dans le secteur, et ce, par rapport à l'année précédente. Cette croissance est de 18% en termes d'entrées touristiques et de 23% en termes de nuitées passées dans les hôtels tunisiens. On note aussi une hausse importante de 45% des recettes touristiques en devises, ce qui correspond à une valeur de 4 milliards de dinars ou 1 ,3 milliard d'euros. Revoir la méthode de comptabilisation des recettes touristiques s'avère, aujourd'hui, un impératif. Il faudra tenir compte des standards établis par l'OMT dans ce domaine.