C'est une invasion redoutable. En quelques années, la cochenille du cactus s'est propagée à travers de vastes régions de la Tunisie, ravageant les figuiers de barbarie et menaçant un pan entier du patrimoine agricole. À Nabeul, les autorités tirent la sonnette d'alarme face à la recrudescence de foyers d'infestation, désormais hors de contrôle. Le directeur régional de l'Agriculture à Nabeul, Slim Zouari, a indiqué que des foyers de cochenilles du cactus ont été constatés au cours des derniers mois. S'exprimant le 4 juillet 2025 sur Mosaïque FM, Slim Zouari a expliqué que les autorités avaient tenté de mettre en place un dispositif visant à lutter contre l'apparition de cet insecte à Nabeul et à stopper sa propagation. « Après avoir formé sa carapace cireuse, elle se colle à la raquette de cactus et devient difficile à enlever… La situation est compliquée depuis longtemps. Nous avions mis en garde contre la présence de la cochenille du cactus à Nabeul. Nous avons consulté des experts marocains à ce sujet… Mais nous n'avons pas été écoutés. Et nous voilà maintenant contraints de faire face aux conséquences », a-t-il déclaré. Slim Zouari a précisé que les mâles volaient et étaient attirés par la lumière. Leur espérance de vie est de sept heures, mais ils peuvent parcourir trois à quatre kilomètres. Ainsi, la cochenille est capable de se déplacer depuis les cactus situés en bord de route ou dans les zones agricoles, jusqu'aux villes et agglomérations. Le directeur régional de l'Agriculture à Nabeul a indiqué que la gouverneure Hana Chouchani, ainsi que les représentants des municipalités et de certaines administrations régionales, se sont mis d'accord pour lancer une stratégie d'éradication des foyers de contamination, consistant à arracher les cactus infestés. Slim Zouari a également évoqué l'impact de cette situation sur la récolte de figues de barbarie. Selon lui, celle-ci devrait fortement diminuer.
À Nabeul, l'inquiétude gagne aussi les zones urbaines. Ce ne sont plus seulement les agriculteurs qui tirent la sonnette d'alarme, plusieurs habitants affirment que les cochenilles envahissent désormais les quartiers résidentiels. « Elles s'infiltrent partout, même dans nos maisons », s'indigne une habitante du centre-ville, vidéo à l'appui. Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient : on y voit des salons, des cuisines ou des balcons littéralement envahis par ces minuscules insectes blancs, semblables à de la ouate, mais ravageurs. Ce phénomène, inédit à cette échelle, accentue la panique des riverains, désemparés face à cette invasion qui dépasse désormais le cadre strictement agricole.