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Beaucoup reste à faire
kairouan — Enseignement primaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 02 - 2019

Les enseignants du primaire prévoient, à leur tour, de débrayer pour faire entendre leurs revendications.
Après la crise sans précédent de l'enseignement secondaire, voilà que la Fédération générale de l'enseignement de base (Fgeb) prévoit des sit-in, des rassemblements et une journée de colère, le 6 mars prochain. Les principales revendications concernent l'application de tous les accords conclus avec le ministère, surtout en ce qui concerne la révision des mécanismes d'évaluation et les programmes, l'amélioration des conditions de travail, la révision de l'arsenal juridique relatif à la protection des enseignants et aux maladies professionnelles, ainsi que l'amélioration du pouvoir d'achat des instituteurs.
Il va sans dire que toutes les familles ont accueilli avec beaucoup de désapprobation les récentes déclarations de la Fgeb.
Salah Fatnassi, père de 3 enfants, nous confie son désarroi : «Franchement, on en a ras-le-bol des menaces des dirigeants syndicalistes qui ne font plus dans la dentelle avec leur discours tranchant et qui n'accordent aucune importance à tous nos sacrifices pour pouvoir subvenir aux besoins de nos familles et aux études de nos enfants. Non seulement, les enseignants ont tendance à se calfeutrer de plus en plus dans le corporatisme, mais de plus l'Etat fait preuve de laxisme face aux exigences des syndicalistes, dont certains sont arrogants et égoïstes. Ces menaces de grève qui se renouvellent tous les ans et ces négociations ininterrompues sont criminelles pour le citoyen lambda qui n'appartient à aucun parti politique. En fait, les vrais perdants ce sont les laissés-pour-compte et les couches défavorisées qui n'ont pas les moyens d'inscrire leurs enfants dans des institutions privées».
Notons dans ce contexte qu'il existe dans tout le gouvernorat de Kairouan 313 écoles (73.000 écoliers), dont 57% ont des problèmes d'approvisionnement en eau potable. D'autres souffrent du délabrement de leur infrastructure et n'ont ni blocs sanitaires, ni eau potable, ni cantine, ni clôture, ce qui oblige des centaines d'élèves à faire leurs besoins en pleine nature avec tout ce que cela comporte comme risques. Cela sans oublier le transport rural qui fait défaut dans plusieurs localités.
D'ailleurs, d'après la section régionale de la Ltdh de Kairouan, 4.500 élèves font chaque jour plus de 5 km à pied pour atteindre leurs écoles. Certains ont recours à l'auto-stop en empruntant des tracteurs, des camionnettes non sécurisées ou des charrettes. D'où l'augmentation du taux d'abandon scolaire et d'analphabétisme.
D'après les dernières statistiques, le gouvernorat de Kairouan détient le taux le plus élevé d'analphabétisme à l'échelle nationale, à savoir 35%. Et les délégations les plus touchées sont Bouhajla (46,3%) et El Ala (43,3%). En outre, l'absence prolongée des instituteurs, les rapports conflictuels au sein des institutions éducatives, le niveau intellectuel de parents au chômage, l'enseignement de l'école, la dispersion des logements, les troubles psychologiques et comportementaux à l'âge de l'adolescence, sont des facteurs qui poussent progressivement les élèves à décrocher et à abandonner leurs études.
D'ailleurs, le taux de décrochage scolaire à Kairouan est de 17% dans les écoles, 16% dans les collèges et 12% dans les lycées.
Directeur, instituteur et gardien à la fois
Notons dans ce contexte que le gouvernement a décidé, cette année, de revaloriser les salaires des enseignants suppléants et d'améliorer leurs conditions matérielles et sociales.
Malgré cela, le recrutement tardif des instituteurs entraîne chaque année des reports de cours, nuisibles au cursus scolaire. En outre, les suppléants doivent parfois attendre longtemps pour recevoir leurs salaires. Par ailleurs, les conditions médiocres de travail des instituteurs qui subissent de plein fouet les difficultés de la vie dans des zones éloignées et qui manquant de loisirs, d'activités culturelles, de moyens de transport et de beaucoup de produits de consommation, obligent les enseignants à vouloir être mutés et se rapprocher de leurs familles. Mais ils doivent attendre longtemps.
L'école Aouled Ben Hammouda dans la localité rurale Ghabet (Kairouan-Nord) est située à 4 kms des habitations et de la seule station de transport rural, ce qui fait fuir les enseignants par peur des risques du long trajet à pied.
D'ailleurs, Najet, une institutrice enceinte, a été attaquée par des chiens, ce qui a provoqué une fausse couche qui l'a obligée à demander sa mutation.
Ainsi, le nombre d'enseignants dans cette école est passé de 9 l'année dernière à 4, cette année, qui assurent les cours à 150 élèves, en raison de 2 heures pour chaque niveau.
Autre exemple, à l'école Brahmya (délégation d'El Ala) qui compte 90 élèves et 3 salles de classe, il n'y a ni blocs sanitaires ni clôture. Et comme il n'y a pas de logements à proximité de cette institution éducative, les rares suppléants qu'on nomme chaque année sont obligés de passer leurs nuits dans des salles de classe froides et humides. D'ailleurs, l'année dernière, la direction régionale de l'éducation a chargé, au début de l'année scolaire, faute de personnel, l'instituteur d'exercer provisoirement 3 fonctions, celles de directeur, de gardien et d'instituteur, et ce, en attendant la nomination de nouveaux suppléants.
Et dans les zones montagneuses de Ouslatia, plusieurs écoles manquent des nécessités les plus élémentaires. Surtout à Aouled Ayar, à Zaghdoud, à Tawssa, à Oued El Gasab et à Ras El Itha.
Et pour les approvisionner en eau, les responsables ont recours à des citernes dont certaines sont rouillées. C'est pourquoi on enregistre chaque année des cas d'hépatite. Ainsi, au mois de janvier 2019, 7 cas ont été signalés à l'école Athmanya, et ce, à cause de problèmes d'approvisionnement en eau potable et l'absence de blocs sanitaires et de clôture. Ainsi, les parents ont lancé un appel de détresse à tous les responsables afin que des mesures soient prises au niveau de l'hygiène, de l'eau et de l'assainissement de tout l'environnement afin d'arrêter la propagation de l'hépatite.
A côté de cela, les instituteurs et le directeur de l'école El Houareb (délégation de Chebika) ont été choqués, le 15 janvier 2019, en constatant que la porte d'une salle de classe a été défoncée la veille par des délinquants qui n'ont pas hésité à y organiser une beuverie nocturne. Puis, en partant à l'aube, ils ont laissé le local dans un piteux état.
Beaucoup plus loin, à l'école Bir Chourafa (Imadat Chraïtya de la délégation de Bouhajla), il y a 7 salles de classe dont 4 risquent de s'écrouler et où l'on déplore l'absence de toilettes et de clôture. D'où le désarroi des 350 élèves et de leurs enseignants dont la vie est constamment menacée par les gros serpents, les chiens errants et les sangliers et cela devant leurs salles de classe. C'est pourquoi beaucoup d'enfants ont abandonné les études, encouragés par leurs parents nécessiteux et qui n'ont pas les moyens de les faire inscrire dans d'autres écoles mieux loties.
Le calvaire des enseignants
Le phénomène de l'absentéisme des enseignants du primaire figure parmi les principaux maux qui rongent notre système éducatif. Plusieurs facteurs contribuent à la prolifération des congés plus ou moins longs dont le stress lié aux classes surchargées et à la violence des élèves, aux dépressions dues aux mauvaises conditions de travail et aux maladies chroniques.
Saloua enseigne depuis 8 ans dans une école primaire à Sbikha et fait chaque jour 30 km pour rejoindre son lieu de travail et ne rentre que le soir vers 18h00 : «Comme j'ai trois enfant âgés de 5 à 9 ans, je dois gérer à distance leurs emplois du temps, rappeler à mon mari l'horaire de sortie de la garderie, appeler ma mère pour qu'elle leur prépare quelque chose à manger et… mais quand je rentre le soir, je suis tellement fatiguée que je n'ai pas le courage de réviser les leçons de mon fils aîné. De ce fait, je me sens mutilée et privée des repères qui m'auraient aidée à bien m'occuper de mes enfants !»


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