Ils sont nombreux à enseigner dans des zones difficiles d'accès et perçoivent un salaire qui leur permet à peine de joindre les deux bouts. Ils sont partout : dans les villes et les campagnes, hommes et femmes à se rendre chaque jour à leurs écoles pour inculquer aux générations montantes le savoir et le comportement civique. Telle est la réalité parfois cruelle de l'instituteur, contraint, dans plusieurs cas, de se rendre dans les zones les plus reculées pour s'acquitter de sa noble mission éducative, en particulier dans les zones campagnardes où la vie est dure et où les commodités de base viennent à manquer cruellement. Nombreux sont ceux qui sont poussés inéluctablement à recourir au transport rural, tôt le matin pour être à l'heure dans des écoles où des bambins vivant dans la précarité les attendent le ventre creux, mais l'air jovial et débonnaire. Il suffit de se rendre dans les écoles rurales des gouvernorats de l'intérieur pour être édifié sur le fait que plusieurs choses manquent et que l'école d'hier et celle d'aujourd'hui se ressemblent misérablement tant peu de chose a changé. Dans la plupart des localités où ils enseignent, l'infrastructure de base, qui n'a pas fait l'objet de rénovation depuis des années, s'est considérablement dégradée, mettant ainsi en danger la vie des écoliers et des instituteurs. Se rendre dans les écoles du Nord-Ouest nécessite parfois un effort surhumain pour y arriver sans encomlire, même si l'expression peut paraître exagérée. Plusieurs instituteurs sont contraints de ramener avec eux leurs très modestes collations. Certains d'entre eux ne sont pas titularisés et ne reçoivent leur émoluments qu'après une longue période d'attente en fonction de la disponibilité des budgets. Belgacem est directeur d'école à Aïn Nechma dans la région de Sakiet. Il se réveille tôt le matin pour faire une quinzaine de km avec sa vieille voiture brinquebalante, mais qui demeure pratique pour lui permettre de se rendre à son école. Il s'efforce de fournir à ses collègues les outils de travail nécessaires et les soutient moralement pour leur faciliter la tâche. Il est passé maître dans la gestion des affaires de l'école en prenant soin d'y faire fleurir des rosiers et des plantes ornementales. Les élèves comme les parents lui vouent une grande estime car il est au four et au moulin afin d'assurer avec le peu de moyens dont il dispose de bonnes conditions de travail aux instituteurs, et ce, en dépit de la situation géographique de l'école, implantée au cœur de la forêt de Ouergha où plane la menace du terrorisme. Certaines écoles du gouvernorat de Jendouba, notamment dans les délégations de Ghardimaou, Fernana, Aïn Draham et même Tabarka, n'ont rien à envier aux écoles du Kef, tant l'aspect hideux et les défaillances y sont les mêmes, d'autant plus que, cette année, les cantines scolaires dans la plupart des écoles n'ont pas fonctionné au début de cette année scolaire, suite au refus des directeurs de s'endetter auprès des fournisseurs. L'année dernière, l'un des directeurs de la région du Kef a failli être emprisonné, en effet, pour défaut de paiement de créances car le ministère de l'education n'a pas versé le montant requis poussant les directeurs à refuser de prendre le risque de s'approvisionner à crédit . Certains instituteurs suppléants ont même refusé, cette année d'enseigner , car le ministère de l'education ne leur a pas accordé leurs salaires en temps opportun, ni réglé leur situation professionnelle, conformément à l'accord du 8 mai 2018 paraphé avec le syndicat qui prévoit la régularisation progressive de la situation des enseignants suppléants. Le secrétaire général du syndicat de l'enseignement primaire avait, il n' y a guère longtemps, dénoncé la dégradation du pouvoir d'achat des instituteurs appelant, par ailleurs, à l'amélioration des conditions de travail et à la révision du système d'évaluation et des programmes scolaires et à l'amélioration de la formation des instituteurs et des institutrices afin de garantir le rendement et la pérennité du système éducatif en Tunisie.