A cette occasion, les responsables ont dressé un tableau exhaustif de la circulation épidémiologique du virus A (H1N1) en Tunisie, de l'absence de risques encourus lorsqu'on se vaccine et des effets indésirables du vaccin que véhiculent des rumeurs non fondées malgré la multiplication des campagnes de sensibilisation visant à informer le citoyen, notamment les personnes à risques dont les femmes enceintes et les enfants afin qu'ils se prémunissent contre ce virus dangereux et parfois mortel. Malgré la qualité attestée du vaccin, celui-ci suscite une polémique autour des effets secondaires qu'il est susceptible d'engendrer, de délais de fabrication jugés hâtifs et de la composition même du vaccin. Le Dr Hamrouni a indiqué que la femme enceinte dont le système immunitaire est affaibli figure parmi les catégories à risques. De ce fait, la femme enceinte, même sans facteurs de risques, est plus exposée à contracter ce virus, raison pour laquelle il est impératif de se faire vacciner «La grippe A (H1N1) atteint les poumons et entraîne chez la femme enceinte des accouchements prématurés», explique-t-il. 50% des victimes de la grippe A (H1N1) ont moins de 20 ans, selon les statistiques. La spécificité de cette grippe consiste dans le fait qu'elle touche une tranche d'âge jeune contrairement à la grippe saisonnière. On a enregistré 18 cas de décès dans notre pays dont 15% sont des femmes enceintes. Le dernier en date concerne une femme enceinte âgée de 23 ans ne présentant aucun facteur de risques, ont indiqué les responsables. Dans notre pays, les dispositions nécessaires pour détecter les éventuels cas de contamination, les traiter et acquérir le vaccin contre la grippe A (H1N1) figurent parmi les plans d'urgence du programme de prévention élaboré par le ministère de la Santé publique. Ainsi 300 mille doses de vaccin adjuventé et 30.000 autres sans adjuvent destinées notamment aux femmes enceintes et aux enfants entre 6 et 2020 mois à facteurs de risques seront bientôt disponibles sachant que 2.200 doses sont déjà sur le marché. A ce jour, souligne le Dr Hamrouni, nous avons procédé à la vaccination de 150 mille personnes dont 10.000 femmes enceintes. En effet, les femmes enceintes sont classées prioritaires en matière de vaccination contre ce virus. Il est à savoir, par ailleurs, qu'en Angleterre et en Suisse les vaccins disponibles sont tous adjuventés. Crainte infondée Créé en 1984, le Centre national de pharmaco-vigilance a pour mission de détecter les éventuels effets indésirables des médicaments et des vaccins avant leur mise sur le marché. A cet effet, le Pr Lakhal, qui dirige le centre, a indiqué que tout médicament, y compris le vaccin, peut avoir des effets secondaires mais dans le cas du vaccin contre la grippe A (H1N1) tous les tests effectués ont révélé des effets secondaires minimes. Les effets indésirables du vaccin contre la grippe A (H1N1) sont similaires à ceux du vaccin de la grippe saisonnière. On note ainsi de petites douleurs et des maux de tête. Des millions de doses ont été inoculées à travers le monde, selon l'OMS, ce qui nous amène à dire que les rumeurs, concernant les effets indésirables graves survenant suite à la vaccination, ne sont pas fondées et que cette phobie vis-à-vis du vaccin n'est pas justifiée, partant du fait du caractère irréprochable de la composition du vaccin, malgré les temps records de son élaboration. Sa spécificité réside dans le fait qu'il est administré en une seule dose, sans rappel. On note, par ailleurs, que 98% des effets secondaires enregistrés, aussi minimes soient-ils, sont des effets indésirables «par coïncidence» et que 2% sont dus à des problèmes d'allergie à l'albumine et des syndromes pseudogrippaux. Concernant le syndrôme de Guillaim-Bouré et autres maladies susceptibles de toucher le système nerveux, le Pr Lakhal indique qu'il n'existe aucun motif d'inquiétude : «C'est une crainte infondée, nous n'avons enregistré aucun cas de causalité entre le vaccin et ce type d'atteinte». Ajoutant : «Il faut que les bénéfices soient supérieurs aux risques pour pouvoir commercialiser un produit. Compte tenu de la gravité de ce virus et de l'infime incidence des effets secondaires, on a opté pour une prémunition contre cette grippe, car c'est une maladie qui pourrait s'avérer fatale pour certains». La gravité de cette grippe, indique, pour sa part Dr Hamrouni, consiste en la détérioration rapide de l'état de santé du malade qui, malgré la réanimation, voire l'intubation et la prise en charge en milieu hospitalier, conduit parfois à un décès brusque de patients aux «poumons blancs», d'où l'impératif de se faire vacciner dès maintenant. Surtout qu'un climat hivernal favorise d'emblée la propagation de ce virus. «Il pourrait bien y avoir un 2e et un 3e passage de la pandémie, notamment entre janvier et février», ont insisté les responsables. Et de ce fait la vaccination est importante parce qu'elle constitue des «barrières immunitaires». Sachant que, désormais, pratiquement 100% des états grippaux sont dus au virus A (H1N1), qui a ainsi pris le dessus sur tous les autres types de virus de la grippe. En Tunisie, on a enregistré jusqu'ici 3.275 cas de grippe, dont une majorité chez des jeunes. 600 hospitalisations ont été enregistrées dont 20% en service de réanimation. Aucun cas chez les personnes âgées, hormis un seul malade de 60 ans n'a été relevé.