Le sélectionneur national doit passer au plus vite d'une période d'essai et de tâtonnement à la stabilisation de l'équipe et du système de jeu. Alain Giresse peut s'estimer heureux, voire se frotter les mains, d'avoir pris le destin de la sélection tunisienne au moment opportun, pour ne pas dire idéal, pour un sélectionneur qui cherche à vivre d'autres aventures dans sa carrière, à relever d'autres challenges et à gagner d'autres paris. Sur les conditions de travail avec les «Aigles de Carthage», il n'a pas de quoi se lamenter et il n'a manqué à la Fédération tunisienne de football que de dérouler le tapis rouge sous ses pieds. Côté effectif, on peut dire sans risque d'exagérer qu'il évolue sur du velours avec une génération de joueurs de talent qui peut faire le beau temps et le bonheur de cette équipe de Tunisie sevrée depuis des années de consécration suprême et de montées sur le podium. Il n'y a pas meilleure échéance que la CAN 2019 en Egypte pour en finir avec cette frustration et ces années de vaches maigres en dépit d'une qualification à la Coupe du monde qui nous a laissés une nouvelle fois sur notre faim avec une sortie dès le premier tour. Gare à l'autosatisfaction La défaite lors du match amical avec l'Algérie à Blida doit servir de sonnette d'alarme. Il n'y a pas pire ennemi que l'autosatisfaction, même partielle, qui risque de nous faire dormir sur nos lauriers avant que le réveil ne soit brutal. Il y a eu à l'actif de la sélection une possession du ballon proche de la moyenne, du rythme, même s'il n'a pas été constant, des temps forts même par intermittence. Mais il y a eu également à son passif un manque d'efficacité dans la zone de vérité, un nombre insuffisant d'opportunités et d'occasions de but même si un attaquant comme Firas Chawat en a gâché au moins deux et donc pas assez de poids et de détermination dans l'animation offensive pour peser fortement sur l'arrière-garde adverse, créer la faille et ne pas attendre de la trouver et obliger le gardien de but à aller chercher plus d'une fois le ballon dans ses filets. Alain Giresse doit mettre fin à sa période d'essai de joueurs et de stratégies qui commence à devenir longue. Il doit trancher dans son esprit et lors des matches de préparation sur l'ossature et la colonne dorsale du onze national, les numéros un et les numéros deux à chaque poste, les titulaires et les suppléants afin qu'il ait le temps avant l'été, qui n'est pas loin, d'asseoir son système de jeu adapté aux qualités des joueurs à sa disposition qui leur permettra d'être complémentaires dans leurs compartiments respectifs. Lesquels n'en seront que plus compacts et assez homogènes pour former un bloc solide et solidaire. C'est le premier gage de réussite d'un ensemble hétérogène dans sa composition avec des joueurs venant de clubs différents et évoluant dans des championnats également différents, qui n'ont pas la même vocation et les mêmes caractéristiques. Alain Giresse a donc moins de trois mois devant lui pour travailler davantage les automatismes, stabiliser la formation et se concentrer sur un seul système de jeu. La période d'essai n'a que trop duré.