La dernière défaite concédée par notre onze national face à son homologue du Botswana n'a pas manqué de mettre à nu les insuffisances dont souffre notre football depuis quelque temps et qui l'on relégué à l'arrière-plan du panorama footballistique continental. Un constat que les inconditionnels ont du mal à «digérer». Une chute vertigineuse en sorte qui doit être prise bien au sérieux. Les tenants et les aboutissants de cette situation peu reluisante que connaît notre football ont été au centre de l'entretien que nous avons eu avec M.Slaheddine Zahaf, une figure de proue du paysage sportif tunisien et du football, en particulier, pour avoir eu à diriger durant de longues années un des clubs les plus huppés en Tunisie, le Club Sportif Sfaxien, et ce, avec beaucoup de savoir-faire et de réussite. Qui assume précisément la responsabilité dans la situation peu reluisante de notre onze national? Cette situation n'est que le reflet d'une mauvaise organisation de notre football. Trop de problèmes structurels se sont accumulés ces dernières années pour aboutir à cet état de fait. A l'origine, c'est le système du professionnalisme qu'on a mis en place sans lui procurer les moyens ni les structures adéquates pour sa réussite. Les clubs se sont trouvés devant des obligations financières qu'ils ont eu du mal à prendre en charge. C'est précisément ce manque de financement qui a déclenché cette fuite en avant qu'on a du mal à supporter. Mais, le budget de certains clubs témoigne de leur bonne santé… C'est le cas précisément des quatre «grands» en Tunisie, en l'occurrence l'EST, le CA, l'ESS et le CSS. Et puis, il faut regarder la réalité en face. Ces quatre «grands» sont financés par des personnes physiques, sans toutefois bénéficier de ressources stables et bien consistantes. Les autres, quant à eux, sont pour ainsi dire livrés à eux-mêmes en dehors bien entendu du soutien financier de l'Etat. Y a-t-il un rapport entre le côté financier et celui technique pour expliquer cette situation latente dans laquelle se débat notre football? Les clubs considérés parmi les «grands» n'ont pas eu suffisamment de réflexes pour organiser ou mettre sur pied une formation plausible à leurs jeunes. La preuve, c'est qu'ils ont eu recours chaque année à des recrutements parfois abusifs pour colmater les insuffisances de leurs effectifs. Est-ce là la bonne solution ? Quelle est le meilleure solution selon vous ? La solution, c'est de prévoir un programme à moyen terme, basé sur deux aspects. Le premier, c'est de procurer aux clubs les moyens nécessaires et suffisants pour assurer une formation de base à leurs jeunes. Expliquez-vous … Il faut commencer par la mise en place de plateaux de formation pour les jeunes joueurs sur l'ensemble du territoire, avec pour chaque district un directeur technique formateur pour chaque groupe de trois ou quatre clubs. Ceux-ci seront répartis comme suit : un directeur technique pour les clubs de Gabès, Zarzis, Djerba et Médenine, un autre pour les clubs de Sfax, un troisième pour les clubs du Sahel, un quatrième pour les régions du Nord-Ouest et un cinquième pour Tunis et sa banlieue. A ceux-là, sera ajouté un haut directeur technique coordinateur, de manière à unifier la formation de base et la superviser de plus près. C'est en travaillant en profondeur et sur des bases bien solides qu'on espère former une nouvelle génération de footballeurs bien armés pour défendre les couleurs qu'ils portent. Et puis, la mise en place de ce nouveau programme de formation à moyen terme ne nécessite que quelques millions de dinars. Et ce n'est pas trop, eu égard à ses répercussions directes sur l'évolution positive que doit connaître notre football. Quel est le second aspect dont vous avez fait allusion pour donner un nouvel élan à notre football ? C'est de restructurer nos facultés et autres instituts de sport par la création d'un tronc commun de deux ans, et l'organisation de six filières spécialisées dans la formation d'entraîneurs, de préparateurs physiques, d'entraîneurs de gardiens, de directeurs sportifs, d'arbitres et aussi de dirigeants. Cette formation spécifique sera a priori suivie d'une formation complémentaire de 3 à 5 ans d'études pour les hauts cadres, en vue de leur procurer les moyens d'exercer leurs fonctions avec la réussite requise.