International de handball dans les années 70, capitaine de cette même section du CA, membre du bureau directeur du CA durant sept ans (à l'époque de Ferid Abbes puis Cherif Bellamine), dont une année en tant que responsable du centre de formation du CA, Kamel Idir connait le football tunisien sur le bout des doigts pour avoir par la suite présidé et veillé sur les destinées du Club Africain durant quatre ans, avec pour résultat un titre à la clé, glané en 2008 et une coupe d'Afrique du Nord des clubs champions. Pour Kamel Idir, faire l'impasse ou plutôt «sacrifier» la CAN 2012 sur l'autel de la restructuration du groupe est une idée à écarter: «Vu les déboires que connaît actuellement l'équipe nationale, la mobilisation générale est plus que nécessaire pour ne plus connaître pareilles désillusions. Sachons toutefois positiver et corriger certaines tares sans nous alarmer et tout remettre en question. Bâtir sur l'existant, peaufiner, remodeler et rajeunir peuvent s'avérer payants, sans pour autant révolutionner et revoir d'amont en aval le fonctionnement de notre sélection. Il faut être pragmatique, tout en préparant l'avenir. Actuellement, la Tunisie est encore en course pour la phase finale de la CAN 2012. Négliger l'édition qui aura lieu au Gabon et en Guinée équatoriale, pour mieux rebondir par la suite, est une approche que je ne cautionne pas et que je ne partage pas. Il faut jouer ses chances jusqu'au bout. Il ne faut pas abdiquer alors que les carottes sont encore loin d'être cuites. Nous avons encore notre destin entre nos mains. Il faut gagner et se comporter en conquérant. Accrocher neuf points, voire sept, ne relève tout de même pas du miracle même si la mission est délicate». Ne pas négliger le présent Six mois pour se préparer convenablement, c'est largement suffisant. Par la suite, si nous échouons, nous n'aurons au moins aucun regret mais nous n'avons pas le droit de nous montrer défaitistes. Cela ne nous ressemble pas et la responsabilité de toutes les parties prenantes est ici engagée. Aucun faux-fuyant ne doit être de mise. Il faut entretenir cet espoir de passer en phase finale car tout peut basculer en négociant la dernière ligne droite. C'est l'esprit même du sport et du football, qui par essence trouve son fondement dans cette faculté à se surpasser et à ne pas douter. Il faut s'accrocher et prendre les rencontres restantes au cas par cas. Repenser le football tunisien, c'est bien, mais négliger le présent pour bien préparer l'avenir immédiat est non négociable! Les professionnels expatriés évoluant en Europe apportent cette valeur ajoutée indispensable quand on évolue dans le cadre du haut niveau continental africain, et parler de joueurs récalcitrants (dans ce cas d'espèce) voire d'éléments démotivés, non dotés de fibre patriotique, est un discours quelque peu réducteur. Je ne partage pas aussi certaines opinions affirmant que notre football est malade. Je crois que c'est plutôt cyclique. Nous avons atteint un optimum en 1978, 1996 et en 2004. Peut-être que l'on s'est reposé sur nos lauriers mais force est de constater qu'au niveau des clubs, la Tunisie a par la suite toujours bien figuré dans les joutes continentales africaines. Je crois qu'il faut être solidaires et protéger l'équipe nationale. Les médias ont un rôle-clé à jouer. Ne pas être seulement mu par l'événementiel , les coulisses et le désir de décortiquer le cheminement qui a concouru à l'échec, alors que parfois, il suffit d'un faux rebond, d'un tir sur le poteau ou d'une décision arbitrale, pour que le discours soit tout autre et que le revirement soit spectaculaire...Pour revenir à une approche purement sportive et d'ordre temporel, le CHAN (championnat d'Afrique des nations), réservé aux joueurs locaux, constitue une formidable opportunité pour révéler nos jeunes, leur permettre de se hisser parmi les meilleurs du continent et gagner leurs galons parmi l'élite (l'équipe A). A terme, réaliser un condensé entre joueurs locaux et expatriés nous vaudra un cru de tout premier ordre. Apprendre à voyager, à braver les périples continentaux et prendre de la hauteur, tout cela concourt à forger le caractère des joueurs et soigner leur tempérament. Pour toutes ces raisons, je pense que nous devons optimiser nos atouts sur les deux fronts CAN et CHAN. L'équipe A d'un côté et l'équipe olympique de l'autre, avec pour finalité de réaliser à terme un brassage qui nous mènera tout droit à la Coupe du monde 2014 ».