A un mois pile de son entrée en lice à la CAN contre le Maroc, le sélectionneur national Sami Trabelsi fait le point. Vous partez lundi prochain en Espagne où vous allez jouer contre deux sélections régionales. Est-ce le meilleur moyen de préparer la coupe d'Afrique? Contre ce genre de sparring-partners, nous avons l'assurance d'un rival sérieux qui apporte un enjeu enrichissant, du rythme et de la détermination. S'agissant des sélections africaines, on n'est jamais sûr de rien, comme en témoigne le faux-bond posé par le Cameroun à l'Algérie (le 15 novembre dernier, à Alger) lorsqu'une grève afférente aux primes revenant aux Lions indomptables a fait tomber à l'eau ce test. (Le capitaine Samuel Eto'o écopera d'une sanction de quinze rencontres, NDLR). Nous nourrissons ici de drôles de préjugés : on se croit toujours supérieurs aux équipes du Golfe. Si on rencontre un adversaire européen, on ressort la vieille rengaine de l'utilité d'un tel match alors que l'on prépare une compétition africaine. Dès lors, on n'en sort plus! Quel bénéfice peuvent tirer vos joueurs en termes de compétitivité? Les internationaux venant de l'ESS, du CSS, du ST, du CAB... manquent à coup sûr de compétition. De plus, certains expatriés en Europe n'ont livré depuis le début de la saison qu'un ou deux matches avec leurs clubs. En Espagne, ils vont pouvoir accumuler du temps de jeu. Est-ce à dire que sept journées de championnat de Ligue 1 risquent d'être insuffisantes sous ce rapport? Ce serait peut-être le cas. Mais, vous savez, le football n'a jamais été une science exacte. Parfois, vous menez une préparation idéale et, à l'arrivée, vous échouez dans vos objectifs. Le plus important, ce sont la vie du groupe, le degré d'adaptation au climat, à l'ambiance de la CAN à Libreville. Vous savez, la coupe d'Afrique, c'est comme le bac où un génie peut échouer le jour «J». Rappelez-vous de notre parcours au CHAN de février dernier au Soudan quand nous avions remporté le gros lot sans pourtant mener une préparation particulière, déclenchement de la Révolution oblige! La mini-tournée espagnole va également vous aider à fixer la liste des 23 pour la campagne continentale... Oui, cette liste doit être remise à la confédération africaine avant le 11 janvier prochain. A deux ou trois éléments près, le onze rentrant le 23 janvier contre le Maroc est fixé dans mon esprit. Toutefois, vous comprenez parfaitement que je ne peux pas livrer mes cartes afin de ne donner aucun atout à nos adversaires. Sans parler de ce qui peut arriver d'ici là comme blessures... Quoi qu'il en soit, le onze définitif sera connu au terme du deuxième stage, à Dubaï, du 3 au 14 janvier. C'est donc le plan A qui a été retenu? Oui, la mise au vert des Emirats est confirmée. Là-bas, nous rencontrons le 9 janvier le Soudan, et le 13 la Côte d'Ivoire. Deux équipes qualifiées en phase finale qui nous donneront la latitude d'entrer déjà dans le vif du sujet. «A deux ou trois éléments près» L'évolution des cas Jemaâ et Mathlouthi vous satisfait-elle? Je dirais qu'elle me soulage. Issam Jemaâ, qui a marqué mercredi, a participé aux trois derniers matches avec son club. C'est le genre d'attaquant très généreux dans l'effort et capable d'apporter beaucoup au groupe. On peut quelquefois passer outre au critère du temps de jeu accumulé dans le cas des joueurs disciplinés, sérieux et qui ne font que confirmer. Ceux-là ont la priorité. Dans le cas d'Aymen Mathlouthi, un élément très important dans la vie du groupe, il faut lui donner maintenant du temps de jeu. Mais il reste tout aussi important d'avoir une variété de choix, d'élargir la base et de disposer de beaucoup de solutions à tous les postes. Notamment dans les moments critiques lorsque le besoin se fait sentir. En tout cas, nous déplacerons à Dubai un groupe élargi d'une trentaine de joueurs à partir duquel sortira la fameuse liste pour le Gabon. «La rumeur me laisse de marbre» Que faites-vous pour superviser vos adversaires à la CAN? Nous avons déjà suivi le Maroc lors du tournoi LG dans deux rencontres. Les Lions de l'Atlas cherchent actuellement à programmer un nouveau test que nous irons sans doute voir. En ce qui concerne le Niger et le Gabon, une cellule de supervision visionne des enregistrements de leurs rencontres. Nous aurons également la latitude de suivre leur confrontation de la première journée en phase finale. Comment réagissez-vous aux rumeurs sur le changement de sélectionneur circulant ces jours-ci? Croyez-moi, elles me laissent de marbre et ne me gênent nullement. Lorsque les résultats sont là, ils parlent le mieux pour l'entraîneur. La confiance de mes joueurs et les relations exemplaires que nous entretenons sont plus fortes que la rumeur. Enfin, que faudrait-il attendre après la nomination de Tarek Dhiab à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports? Tous les sportifs se félicitent pour cette nomination qui récompense un homme de terrain et au grand vécu. Il faut néanmoins admettre que ce n'est pas du jour au lendemain que Tarek va changer la réalité du sport tunisien d'autant que le pays a actuellement d'autres priorités. Mais il ne faut pas perdre de vue que le sport demeure très important pour l'image du pays. On peut s'attendre dans l'immédiat à ce que le ministre appuie davantage les fédérations et les activités sportives. En tout cas, la tâche va être colossale.