L'enfant terrible de la chanson française, Florent Pagny, retrouve son cuir et ses compères avec un treizième album studio,Tout et son contraire, qui marque ses vingt ans de carrière. Après avoir chanté Brel et l'Amérique latine, Florent Pagny revient à la variété avec son premier opus original et en français depuis Abracadabra, il y a quatre ans. Il a changé le moteur (il passe du label Mercury à AZ), soigné la carrosserie avec une pochette et un premier clip illustrés par Fabien Verschaere, et s'en est remis aux "anciens" (Calogero, Obispo, Daran, Lavoine) en laissant une (petite) place à la relève (Grégoire, John Mamann). L'ensemble est inégal, comme un patchwork de musiques et d'intentions, où les regrets et le doute (C'est le soir que je pense ma vie) côtoient l'espoir et le sentiment amoureux (Tout et son contraire) dans des textes parfois moins léchés que d'habitude (8e merveille) et certains arrangements un peu datés (Après l'amour). Mais à l'aube de la cinquantaine, Pagny donne toujours de la voix pour prôner la liberté de pensée et d'action, avec le plus rock La Paix ou la ballade. Chacun est un cas. Il s'offre, en outre, avec humour et recul, des moments de récréation qui font tout, l'intérêt de l'album. Le chanteur confesse ses défauts à ses détracteurs (Si tu n'aimes pas Florent Pagny) sur fond de mandoline, guimbarde et flûte traversière, dans des sonorités à la limite de la frontière mexicaine, pour nous la faire franchir tout à fait sur l'air de western de J'ai arrêté de rêver. Puis voilà qu'il nous traîne à la guinguette dans une valse à trois temps en duo avec Pascal Obispo (Je laisse le temps faire), comme un éclat de rire qui clame les aléas du chemin parcouru, et défend, face aux jeunes chanteurs, leur place de "vieux singes qui font la grimace". Malgré l'orgue de barbarie et les flonflons de l'accordéon, il semble que l'heure de la retraite n'ait pas encore sonné pour Florent Pagny.