• Un taux de couverture de 53% par le traitement anti-rétroviral en Tunisie Le Groupe Thématique des Nations Unies sur le sida en Tunisie a organisé, hier, au siège de l'Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE), une conférence de presse pour le lancement national du Rapport sur l'épidémie mondiale de sida 2010, en la présence du Docteur Mohamed Belhocine, président du Groupe Thématique des Nations unies sur le sida et coordinateur résident du Système des Nations unies en Tunisie, et du Docteur Myriam Ben Mamou, chargée de programme. Lors de son allocution, le Docteur Mohammed Belhocine a déclaré : «Nous sommes réunis aujourd'hui pour le lancement national de l'édition 2010 du Rapport sur l'épidémie mondiale de sida publié par le Secrétariat de l'ONUSIDA, dans le cadre de la commémoration de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre 2010), élaboré à partir des données les plus récentes provenant de 182 pays, dont la Tunisie. Cet ouvrage de référence mondial propose une analyse exhaustive de l'épidémie de sida et de la riposte.». Selon Dr. Belhocine, ce rapport apporte une bonne nouvelle. Globalement, le monde a atteint l'objectif du millénaire pour le développement 6.A qui consistait à «Freiner et commencer à inverser la courbe de l'épidémie». Une baisse de 20% des décès et des nouvelles infections Le rapport révèle que le nombre des nouvelles infections à VIH a reculé de près de 20% en dix ans, les décès liés au sida ont diminué de près de 20% sur les 5 dernières années (qui est de 1,8 million en 2009 contre 2,1 en 2004) et les personnes vivant avec le virus voient leur nombre se stabiliser. «Nous pouvons être fiers de ces acquis qui prouvent encore une fois que la prévention du VIH marche, que le traitement du sida marche», ajoute le Dr. Belhocine. Certes les acquis sont donc réels, mais la situation reste bel et bien fragile. En effet, les acquis sont menacés par trois facteurs : les inégalités, le non-respect des droits humains, et la baisse des investissements financiers dans la riposte. Du chemin reste donc à parcourir pour concrétiser l'objectif zéro, c'est-à-dire «zéro discrimination, zéro infection par le VIH et zéro décès liés au sida» comme l'a bien souligné le Dr. Belhocine. En outre, les données du Rapport ONUSIDA sur l'épidémie mondiale de sida 2010 indiquent qu'à la fin 2009, on estimait à 33,3 millions [31,4 millions–35,3 millions] le nombre de personnes vivant avec le VIH, chiffre légèrement supérieur à celui de 32,8 millions [30,9 millions–34,7 millions] de 2008 et à 10 millions le nombre de personnes ayant besoin d'un traitement anti-rétroviral mais n'ayant pas accès. En revanche, dans la mesure où un nombre croissant de pays utilisent des traitements efficaces pour prévenir la transmission du VIH aux nourrissons, le nombre total d'enfants nés séropositifs a diminué. En 2009, on estimait à 370 000 [230 000–510 000] le nombre d'enfants nouvellement infectés par le VIH, ce qui correspond à une baisse de 24% en l'espace de cinq ans. Toutefois, au niveau de la région « Afrique du Nord et Moyen-Orient » dont la Tunisie fait partie, et selon le Dr. Myriam Ben Mamou, les statistiques du Rapport 2010 restent inquiétantes et la situation dans notre région se caractérise en 2009 par cinq traits principaux : tout d'abord, une hausse de la prévalence du virus de 180 000 à 460 000 cas (presque trois fois plus de cas alors que la population n'a pas augmenté autant). Une hausse des nouvelles infections au VIH de 36 000 à 75 000 cas, soit presque deux fois plus de nouveaux cas. Une hausse des décès liés au sida (de 8 300 à 23 000 soit presque trois fois plus de décès). Des épidémies nationales souvent alimentées par l'usage de matériel non stérile d'injection de drogues dans de nombreux pays (surtout Iran et Libye, mais aussi d'autres pays dont la Tunisie). Et enfin, le plus faible taux régional de couverture par le traitement anti-rétroviral (11% contre 36% mondialement et 53% en Tunisie). Enfin, le Dr. Belhocine a affirmé que les progrès futurs dépendront en grande partie des efforts conjoints entre tous les intervenants de la riposte au sida, institutions publiques, société civile, organisations onusiennes et autres partenaires internationaux , et notamment des investissements pérennes dans la riposte.